Luca de Meo justifie l'arrêt de leur moteur F1 : "Je ne peux pas réfléchir comme un fan"
Le PDG de Renault, Luca de Meo, a expliqué les raisons qui ont conduit l'entreprise à se retirer de la Formule 1. Il a évoqué les performances décevantes de l'écurie française, mais aussi des préoccupations budgétaires qui pourraient mettre Alpine dans une situation périlleuse.


Le PDG de Renault, Luca de Meo, a récemment pris la parole pour commenter la décision de l'entreprise de se retirer de la Formule 1 après cinquante ans de participation. Le constructeur a annoncé que la saison 2025 marquerait la fin de son aventure en tant que motoriste, renonçant ainsi à développer le moteur prévu pour 2026.
Des performances décevantes
Luca de Meo n'a pas mâché ses mots en justifiant ce retrait, pointant du doigt les mauvaises performances d'Alpine, qui connaît l'une de ses pires saisons depuis quatre ans. Malgré ses efforts pour bâtir une équipe compétitive, les résultats n'ont pas été à la hauteur de ses attentes : « Maintenant, avec nos P16, P17, nous avons l'air de rigolos. Nous ne sommes nulle part. Quand on gagnera, tout le monde sera derrière nous. Je voulais faire une écurie à la française, le Ferrari à la française. »
Il a cependant tenu à rappeler que le moteur Renault ne faisait pas l'identité d'Alpine : « Les fans – sauf les vrais passionnés, je suis d'accord – et les sponsors viennent pour une équipe, pas pour un moteur. Les partenaires signent avec McLaren, pas avec un moteur Mercedes sous le capot. »
Selon lui, le public a évolué et se concentre davantage sur les pilotes et les équipes, plutôt que sur les moteurs.
Des enjeux financiers
Avec Alpine actuellement neuvième au championnat des constructeurs, De Meo a insisté sur la situation financière difficile de l'équipe, citant des pertes de primes et un manque de sponsors : « Alpine, compte tenu de notre classement, perd des bonus. Les sponsors sont rares. Nous avons un trou dans la raquette. Mes actionnaires savent compter. Alpine doit gagner de l'argent. »
Il a souligné que malgré son objectif de créer une « écurie à la française », les soutiens locaux se faisaient rares : « J'ai mis deux pilotes français dans les baquets. Ils se sont rentrés dedans. Faites le tour avec moi de l'A524, il n'y a pas un sponsor français. Pas un ! J'ai tapé à de nombreuses portes. En vain. Ah si ! Mobilize Financial Services, c'est à nous, et les moteurs E-Tech, c'est à nous aussi. »
De Meo a également souligné que les retombées marketing de l'équipe avaient disparu, affectant l'image de la marque : « Nous payons pour soutenir notre propre écurie... Voilà l'histoire. Alors je veux bien driver tous les projets avec le sentiment patriotique, comme je l'ai fait avec Fiat en Italie, avec Seat et Cupra en Espagne, mais je ne peux pas forcer les âmes. »
Une décision douloureuse
Luca de Meo a qualifié cette décision de « déchirante », exprimant sa compassion envers les équipes de Viry-Châtillon : « C'est un sujet très émotionnel. Je tiens à saluer l'engagement des équipes de Viry-Châtillon, qui, j'en suis certain, continueront à faire preuve de la même ténacité dans les futurs projets. »
Cependant, il a insisté sur la nécessité de repenser l'approche de Renault en F1, pour ne pas s'enfermer dans une spirale de médiocrité : « Là, nous sommes devenus invisibles. Deux années de plus comme ça et le projet se dégonflerait complètement. Nous sommes en déclin depuis trois saisons. Il fallait secouer tout cela, avec une logique financière en parallèle. »
Malgré le poids émotionnel de cette décision, Luca de Meo reste convaincu qu'il s'agit du meilleur choix pour garantir l'avenir de l'entreprise : « C'est un crève-cœur. Cette décision résulte de mois et de mois d'observations. (…) Malheureusement, dans mon job, je ne peux pas réfléchir comme un fan. Je suis un manager. Je gère une entreprise cotée en bourse. Et je dois repenser le projet F1, pour enfin gagner. Je cherche donc les raccourcis pour y parvenir. »