Mexique : Quel pilote réussira un home-run ce dimanche ?
Dans la foulée des États-Unis, le monde de la Formule 1 fait étape au Mexique pour la dix-neuvième et antépénultième manche de la saison. Le dénouement pour le titre des pilotes est toujours indécis, Nico Rosberg comptant 26 unités d'avance sur Lewis Hamilton. Mais l'Allemand tient une première chance (infime) d'être sacré dès ce week-end...


« Un circuit intéressant ! Le tracé est très bien pensé, particulièrement pour les fans ; avec ces trois zones devant des stades. Il est très impressionnant d’y conduire et d’observer tous ces gens dans les tribunes ! »
Auteur d’une très belle prestation à Austin, Carlos Sainz Jr ne croit pas si bien dire quand il évoque les trois zones lentes du tracé de Mexico. Le Circuit des frères (« Hermanos » en Espagnol) Rodriguez accueille, avec des périodes de répit, la F1 depuis 1963. Tout l’inverse de son voisin géographique américain qui a multiplié les changements de tracé pour l’organisation du Grand Prix des États-Unis. Fait distinctif de toute autre piste, le circuit mexicain traverse un ancien stade de baseball, zone où est érigée le podium. 27 000 spectateurs environ pourront applaudir les trois premiers de la course ! Aussi, le Mexique sera encore le Grand Prix le plus haut perché de la saison, avec une altitude cumulant à plus de 2200 mètres !
Lieu inchangé, tracé modifié
Construit en 1962 au cœur de la capitale mexicaine dans le parc de Magdalena Mixhuca, le complexe baptisé Circuit des frères Rodriguez avait comme dernier virage une parabolique avec une inclinaison vers l’intérieur, permettant une prise de vitesse accrue avant la ligne droite des stands. Introduit donc en 1963 au calendrier de la F1, une première épreuve avait été organisée l’année précédente, hors du calendrier.
C’est à l’occasion de ce Grand Prix du Mexique que, lors des essais, le local Ricardo Rodriguez trouva la mort. Le jeune prodige mexicain officiait en F1 pour sa seconde année (première saison entière) pour le compte de la Scuderia Ferrari, Enzo Ferrari lui-même l’avait convié à prendre le volant de la monoplace au cheval cabré. À seulement 19 ans en 1961, le précoce pilote est lancé dans le grand bain. À titre de comparaison, bien avant Max Verstappen, l’illustre Bruce McLaren était alors le plus jeune pilote à prendre part à un Grand Prix, du haut de ses 24 printemps.
De deux ans son aîné, Pedro Rodriguez fût pilote de F1 comme son frère, de 1963 à 1971, remportant deux succès : en Afrique du Sud en 1967 et en Belgique en 1970. Il trouva également la mort en piste lors d’une course du championnat Inter-séries au Norisring.
Disparu du calendrier de 1971 à 1985, puis de 1993 à 2014, le Grand Prix du Mexique est revenu en 2015 sur un tracé fortement revu. Le secteur 2 a vu ses virages inscrits dans le stadium et l’ancien enchaînement des virages 7 à 13 est devenu une succession double gauche-droite non sans rappeler l’enchaînement Maggots, Becketts et Chapel de Silverstone, ici en inversé. Le secteur 3 est lui aussi modifié, le dernier virage incliné a laissé place aux virages 12 à 16 qui traversent le stade Foro Sol, celui de baseball.
Un enjeu crucial, plus que jamais. Assurer pour Rosberg. Tout donner pour Hamilton !
Après le doublé au Circuit des Amériques, Mercedes voit ses pilotes et non moins adversaires se rapprocher au classement général Pilotes. Le but d’Hamilton est simple : finir premier quoiqu’il arrive, en bref attaquer pour ne rien regretter.
De l’autre côté du garage la situation est à la fois plus souple mais aussi plus stressante pour Nico Rosberg. Même s’il détient une avance de 26 points sur son rival, il doit quand même s’assurer le nécessaire : terminer derrière le Britannique si il s’impose. En réalité, le pilote frappé du numéro 6 peut désormais se « contenter » de deux deuxièmes places et une troisième place, peu importe le score d’Hamilton.
De plus, et l’information est de taille : Rosberg peut devenir champion du monde dès cette fin de semaine. En effet, il lui faudrait glaner au moins 24 points sur Hamilton pour que le rêve devienne officiellement réalité. En clair, deux solutions sont possibles : l’Allemand s’impose et le Britannique termine dixième ou hors des points sous le drapeau à damiers. En effet, dans le « pire » scénario souhaitable : Rosberg totaliserait 356 points, contre 306 points pour Hamilton. Avec 50 points d’écart, le compte serait bon pour le premier cité, qui aurait alors 10 victoires, contre 7 pour le deuxième cité, à deux courses de la fin. En cas d’égalité finale, Rosbeg serait quoi qu’il arrive devant : le tour serait joué.
La probabilité est donc faible mais elle a le mérite d’exister, surtout au vu des problèmes de fiabilité des pièces de la W07 du triple champion du Monde d’autant plus que nous arrivons en toute fin de saison.
Une fois encore, l’évolution des deux concurrents pour la couronne sera certainement à mettre en lien avec les deux Red Bull. Ricciardo et Verstappen peuvent t-ils se muer en arbitre de luxe ? La dernière course à Austin fut frustrante pour les deux hommes. Pour l’écurie autrichienne, le break avec son adversaire italien est maintenant acté (+53 points) et Red Bull peut se targuer d’être la seule équipe à pouvoir faire trembler Mercedes dans sa quête de succès.
Daniel Ricciardo a tenu longtemps la deuxième place à Austin : la voiture de sécurité virtuelle ayant protégée Rosberg. Pire, Max Verstappen fut lâché par sa monoplace au passage de la mi-course, forcé à abandonner.
Condamnée à être la troisième force du plateau cette saison, la Scuderia Ferrari s’est de son côté (encore) donné en spectacle à Austin, n’en déplaise à Sergio Marchionne. Kimi Raïkkönen abandonna effectivement pour un problème de roue arrière mal fixée. Une boulette de plus qui vient noircir le tableau déjà bien gris. Pour Vettel le constat fut quand même un peu moins accablant, l’Allemand termine quatrième après avoir connu des soucis avec son aileron arrière en milieu d’épreuve. Le plus inquiétant restent ses performances en qualifications, dominé par Kimi le samedi. Ces faits confirment une tendance à la baisse pour Vettel depuis la tournée asiatique et son erreur en Malaisie. Il peut quand même se rassurer avec le meilleur tour conclu dans l’avant dernière boucle au Texas.
Un peu plus bas, Force India et Williams s’affronteront toujours pour la quatrième place du championnat des Constructeurs. À Austin, Williams a repris deux points à Force India grâce à Felipe Massa malgré sa crevaison suite au dépassement controversé de Fernando Alonso à trois tours de l’arrivée. Ici, la lutte a fait rage dès le premier freinage. Parti devant les Williams, Nico Hulkenberg se retrouva coincé entre Vettel et Bottas, le Finlandais venait déborder à l’intérieur alors Vettel fermait la porte à l’extérieur. Hulkenberg percuté de part et d’autre a dû abandonner, tandis que Bottas subissait une crevaison.
8 points séparent maintenant les deux équipes à l’entame du weekend sur les terres de Sergio Pérez.
Du côté de nos Français, peu de choses à dire sur Esteban Ocon qui a connu un dernier weekend difficile, dominé par Pascal Wehrlein en qualifications et en course. Le jeune loup de 20 ans devra hausser son niveau de jeu au Mexique.
Pour Romain Grosjean, son 100ème Grand Prix dans la disciple reine a été celui de la délivrance. En dépit d’une qualification décevante, l’ex-pilote Lotus a accroché dixième 10ème position à l’arrivée, mettant fin à la disette de points, lui qui n’avait pas terminé dans le top 10 depuis huit manches.
Pour (vraiment) tout savoir…
Au menu cette semaine, bis repetita du côté des gommes. Nous retrouvons les traditionnels pneumatiques super-tendres, tendres et medium. En ce qui concerne l’usure, les stratégies en course devraient tourner autour de deux ou trois arrêts comme ce fut déjà le cas la saison dernière.
Vous pouvez retrouver les choix individuels des pilotes ci-dessous
The #PZero orders for the #F1esta are in! Here are your https://t.co/aFvwXPLACP! #MexicoGP pic.twitter.com/2Rc9ud0Tc5
— Pirelli Motorsport (@pirellisport) 18 octobre 2016
S’agissant des zones de DRS, la première sera placée sur une partie de la longue ligne droite de départ-arrivée ; la deuxième est elle fixée entre les virages 3 et 4 et les deux zones lentes. La zone de détection quant à elle est unique et sera jugée à la sortie du virage 14. Nul doute que les pilotes devront assurer dans le stadium si ils veulent bénéficier de l’artifice!
Du côté du ciel, la pluie n’est pas à exclure ce weekend à Mexico. Si l’on attend des premières séances au sec, les nuages seront bien présents dans le ciel mexicain et des averses pourraient perturber les séances disputées en après-midi selon UBIMET, la société de prévisions météo en charge de la F1. Côté températures, pilotes et équipes devront composer avec des valeurs assez basses, comprises entre 15 et 20°C, ce qui devrait à coup sûr venir perturber l’utilisation normale des pneumatiques !
N’oubliez pas le programme TV !
Mexico étant sur le même fuseau horaire qu’Austin, attendez-vous à devoir libérer vos soirées, une fois de plus. La différence toutefois sera pour la course, programmée ici à 20h et non 21h, conséquence du changement d’heure que nous effectuerons ce week-end. Avec ce passage à l’heure d’hiver, n’oubliez pas de reculer vos montres d’une heure dans la nuit de samedi à dimanche !