Ferrari, plus que l’ombre d’elle-même

Les années se suivent et se ressemblent. Entre les erreurs de l’équipe, celles des pilotes et les problèmes de performance, Ferrari n’y arrive plus. Pire, les concurrents de la Scuderia dominent aisément la Formule 1. Résultat, aucun titre gagné depuis 2008 et des tifosis qui attendent toujours de voir la lumière au bout du tunnel.

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Ferrari, plus que l’ombre d’elle-même

Si en Formule 1, Ferrari est synonyme de victoire, l’écurie italienne a aussi connu des temps difficiles. Il faut remonter en 2007 pour revoir Ferrari décrocher un titre pilote. Kimi Räikkönen soulevait alors son seul et unique titre de champion du monde avec Ferrari.

Un an après, l’écurie italienne s’emparait seulement du titre constructeurs. Entre les sourires et le champagne à foison, la Scuderia était loin d’imaginer qu’elle entrait dans de longues années de disette. Depuis, elle a vu ses concurrents prendre le large avec la domination de Red Bull avant celle de Mercedes. Seize ans sont passés et les tifosis attendent toujours un nouveau titre et surtout, retrouver un bonheur exaltant.

Le Crashgate et les premières heures sombres

Elle semble loin l’époque où Ferrari dominait facilement la F1. À bord de sa fusée rouge, Michael Schumacher remportait cinq fois d’affilé le titre de champion du monde avec la Scuderia (2000-2004) et ainsi devint le pilote le plus titré de la discipline avec sept titres. Un temps où Yuki Tsunoda et Oscar Piastri portaient encore des couches. Fernando Alonso avec Renault avait réussi à renverser la domination rouge en remportant deux titres (2005-2006). Puis, Michael Schumacher prenait pour la première fois sa retraite. Si le titre gagné par « Iceman » en 2007 permettait de retrouver le sourire chez les tifosi après le départ du septuple champion du monde, le départ de Jean Todt en 2008, directeur général de Ferrari, clôturait une belle époque.

La victoire en Belgique donna les seuls sourires de la saison 2009

© Ferrari / La victoire en Belgique donna les seuls sourires de la saison 2009
Pourtant, l’écurie n’est pas loin de faire un doublé cette année-là. Mais la saison 2008 de F1 fait parler d’elle pour une histoire particulière. Tout commence par le Grand Prix de Singapour et le fameux Crashgate, qui avait permis à Fernando Alonso de remporter la course grâce à l’accident volontaire de son coéquipier chez Renault, Nelson Piquet, pour faire intervenir la voiture de sécurité. Si Renault ne le sait pas encore à ce moment-là, l’écurie française venait de jouer un rôle majeur dans le titre mondial de fin de saison. Cet épisode reste en travers de la gorge de Felipe Massa à un tel point qu’il souhaite saisir la justice pour faire annuler les résultats du GP de Singapour. Et c’est pas fini !

Le GP du Brésil provoque un gros coup de froid au sein de Ferrari. Avec ses 94 points, Lewis Hamilton est le grand favori pour être champion du monde pour la première fois de sa carrière. Derrière, Felipe Massa a seulement 87 points. À l’époque, une victoire ne rapportait que 10 points. Le pilote de la Scuderia doit donc gagner et espérer que Lewis Hamilton ne termine pas dans le top 5. Autrement dit, c’est presque mission impossible pour le Brésilien. Felipe Massa remporte son Grand Prix à domicile et Ferrari laisse exploser sa joie. Sauf que le course n’était pas finie. Dans le dernier virage, le Britannique, alors 6ème, dépasse Timo Glock et récupère la 5ème place, synonyme du titre de champion du monde. La climatisation est immense lorsqu’un ingénieur annonce la nouvelle au clan Massa. Il ne devient pas champion du monde pour un point.

Le virage raté de l’ère hybride

En 2009, la F1 passe à l’ère hybride, tout du moins à ses prémices. Ferrari figure parmi quatre équipes (McLaren-Mercedes, BMW Sauber et Renault) à disposer d’un KERS (SREC en français). Un système de récupération de l’énergie cinétique qui permet d’emmagasiner au maximum 60 kms par tour et de la déployer à pleine puissance pour environ 80 chevaux supplémentaires pendant près de 6 secondes. Et les premiers résultats ne sont pas encourageants. Ferrari vit des heures sombres. L’écurie réalise sa pire saison au niveau comptable (70 points) depuis 1993 en remportant une seule course en Belgique et en finissant seulement 4ème au championnat constructeur.

Malgré un remaniement de l’équipe au cours de la saison, les erreurs de l’équipe et les problèmes de fiabilité n’ont pas aidé la Scuderia à relever la tête. La crise s’est installée à Maranello et a duré longtemps. Entre 2011 et 2021, Ferrari subit la domination de Red Bull et de Mercedes. Seuls deux de ses pilotes seront vice-champions  : Fernando Alonso (2010, 2012, 2013) et Sebastian Vettel (2017, 2018).

La victoire de Charles Leclerc à Monza en 2019

© Ferrari / La victoire de Charles Leclerc à Monza en 2019
Lors de l’année 2014, la F1 introduit des V6 turbocompressés hybrides à double système de récupération d’énergie. Et c’est Mercedes qui en sort gagnante. Elle conçoit la meilleure voiture du plateau doté d’un moteur inégalable. Au total, c’est 111 Grand Prix remportés sur 160 entre 2014 et 2021. Huit titres de constructeurs remportés et six titres mondiaux pour Lewis Hamilton et un pour Nico Rosberg. Une domination implacable. De son côté, Ferrari rate encore ce virage. Les performances des voitures ne sont pas optimales et l’équipe ne résout pas ses problèmes stratégiques et internes. Autrement dit, la Scuderia n’avance pas et enchaîne constamment les erreurs. Pire, la FIA sanctionne Ferrari en 2019, jugeant son moteur illégal. Une affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre. En effet, l’écurie italienne avait alors remporté deux courses en Italie et en Belgique.

Mais cette montée en puissance avait inquiété la concurrence. D’une manière surprenante, les Ferrari rivalisaient enfin face aux Mercedes en course et avec une certaine facilité. Red Bull et Mercedes avaient fait pression pour que la FIA enquête sur la légalité de ce fameux moteur. À raison, puisque la FIA avait trouvé quelque chose d’irrégulier dans l’unité de puissance du moteur Ferrari et qu’elle avait conclu un accord de confidentialité. « Si vous me demandez, j’aimerais vous donner tous les détails de la situation, mais ils [Ferrari] étaient contre. Ils ont été sanctionnés, mais nous ne pouvons pas vous donner les détails de la sanction », avait alors déclaré Jean Todt, président de la FIA à l’époque. Cette sanction a des répercussions l’année suivante. Ferrari termine 6ème au classement constructeur pour seulement 131 points derrière Renault, Racing Point et McLaren. C’est dire.

2022, l’art de se ridiculiser

En 2022, l’espoir renaît… ou presque. Avec les nouvelles réglementations, Ferrari ne veut pas louper ce nouveau virage. Après une année 2020 difficile en termes de performances, la Scuderia tente de le pari d’intégrer Carlos Sainz pour remplacer Sebastian Vettel, en 2021.

L’année suivante, avec le duo Charles Leclerc et Carlos Sainz, Ferrari espère trouver une nouvelle dynamique. Oui mais voilà, si la saison avait bien démarré avec un magnifique doublé à Bahreïn, les choses se sont rapidement assombries. L’écurie vit une saison en dents de scie. Les pilotes doivent faire avec une F1-75 capricieuse. Considérée comme la meilleure monoplace de la grille après les essais hivernaux, elle a rencontré plusieurs fois des problèmes moteurs. On se souvient de l’abandon de Charles Leclerc en Espagne alors qu’il se dirigeait tout droit vers une nouvelle victoire ou encore la voiture en flamme de Carlos Sainz en Autriche. Un total de 9 abandons en comptant les erreurs de pilotage face à 5 du côté de Red Bull et 3 pour Mercedes.

La saison avait pourtant bien commencé pour Charles Leclerc

© Ferrari / La saison avait pourtant bien commencé pour Charles Leclerc
Si ce n’était que la fiabilité le problème de Ferrari en 2022. Tout au long de cette saison, la Scuderia élabore des stratégies douteuses, étonnant même la concurrence. Pas besoin d’expliquer le fiasco du Grand Prix de Monaco. La liste est longue : mauvais choix de pneus, choix de pilote numéro un, les arrêts aux stands ratés et les erreurs de pilotage. Ces erreurs montrent que Ferrari n’apprend pas de ses erreurs passées et qu’on retrouve toujours les mêmes problèmes. Et c’est bien dommage. Ferrari finit la saison avec un total de 554 points et deuxième au constructeur, tandis que Charles Leclerc est vice-champion derrière l’invincible Max Verstappen. Oui, Ferrari peut avoir des regrets. La seule année où elle pouvait espérer remporter un titre convoité depuis 2008, l’équipe a réussi à se saborder toute seule. Un exploit incompréhensible.

2023, l’année de transition

S’il est peut-être tôt de parler de la saison 2023, on peut tout de même déjà établir un bilan le début de saison de Ferrari. Durant l’inter-saison, Ferrari décide de virer Mattia Binotto et choisit Fred Vasseur à la tête de l’écurie. La Scuderia veut instaurer un nouveau souffle et des changements en interne sont réalisés, mais la plupart de l’équipe reste en place. Contrairement à l’année précédente, le début de saison est catastrophique. Ferrari apparaît qu’une seule fois sur le podium après huit courses. Et l’écurie italienne n’est pas épargnée une nouvelle fois par la fiabilité et le manque de performance de la voiture. Alors qu’elle rivalisait avec Red Bull pour les titres en 2022, l’écurie italienne se positionne seulement quatrième au classement avec 100 points. Carlos Sainz est sixième avec 58 points derrière les deux Mercedes, Fernando Alonso et les deux Red Bull, tandis que Charles Leclerc est derrière son coéquipier avec 42 points.

© Ferrari / Carlos Sainz à Monaco

© Ferrari / Carlos Sainz à Monaco
Le constat est sans appel. Ferrari ne trouve pas la solution pour inverser la tendance. Tout semble croire que 2023 est une saison de transition. Mais jusqu’à quand ? Une équipe qui donne l’impression de se chercher et qui reste bloquer dans son passé glorieux sans jamais réellement évoluer. Il faut juste espérer que les changements en interne portent leurs fruits. Des rumeurs parlent même d’un recrutement chez des écuries concurrentes pour aider au développement de la prochaine voiture. Fred Vasseur a beaucoup de travail à faire et Ferrari doit réagir vite avant que ses pilotes ne craquent. Peut-être qu’elle devrait s’inspirer du travail effectuer aux 24 heures du Mans, victorieuse lors de l’édition centenaire. Au moins, les fans de la Scuderia ne peuvent pas finir déçus à l’issue de cette saison de F1. C’est peut-être le seul point positif, des tifosis qui seront toujours derrière leur équipe à attendre un nouveau sacre.

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