Entretien avec Théo Pourchaire, 2ème en lice pour le titre de F2 : « Je vais tout faire pour gagner »

À l'occasion du week-end du Grand Prix d'Autriche, où court également la Formule 2, Motors Inside a rencontré Théo Pourchaire, deuxième du championnat derrière Frederik Vesti, pour évoquer sa lutte pour le titre et son avenir avec Alfa Romeo.

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Entretien avec Théo Pourchaire, 2ème en lice pour le titre de F2 : « Je vais tout faire pour gagner »

Quel est ton ressenti pour ce week-end ? Est-ce que le tracé du circuit est à ton avantage ou est-ce qu’il pourrait te compliquer la tâche ?

C’est un circuit que je connais bien, où j’ai roulé beaucoup de fois, où j’ai gagné en F4 en 2019, en F3 aussi pour ma première victoire en 2020, et où j’étais présent en F2 l’an dernier (il a terminé 2e pour la course sprint et 13e pour la course « feature », NDLR). Ca ne s’est pas hyper bien passé mais j’étais rapide et je pense que c’est un circuit apprécié par l’ensemble des pilotes pour faire des bonnes courses : ça double, il y a de grandes lignes droites, donc j’espère un bon week-end, je suis plutôt optimiste. Après, ça dépend aussi de la météo. Ils annoncent un peu de pluie, ça peut être sec entre les deux, donc ça rajoute toujours quelque chose. Mais je suis prêt.

Lors de la course sprint à Barcelone, quelle a été ta stratégie pour passer du neuvième rang à la deuxième place?

C’est vrai que c’était une course très particulière parce qu’on a commencé en pneus pluie, il pleuvait énormément. Je ne voyais rien au début dans le peloton et puis la piste s’est mise à sécher très rapidement. Nous, les pilotes, on ne le voyait pas forcément, puisque la couleur de la piste restait la même, mais les pneus dégradaient vite, ça surchauffait donc on a dû passer par la voie des stands pour changer de pneus. Je l’ai fait juste avant la sortie de la voiture de sécurité, au final je n’ai pas trop perdu de temps avec ça, tellement il y avait de gros écarts en piste. J’ai bien chauffé mes pneus, j’ai fait un bon restart, on a vu les deux dépassements que j’ai fait après le restart. Ca m’a permis de faire deuxième. J’ai essayé de tout donner pour aller doubler Frederik Vesti, mais bon, ça ne l’a pas fait, malheureusement.

Comment décrirais-tu ton style de pilotage et comment est-ce que cela influence ton approche des courses ?

Je pense que je suis plutôt quelqu’un d’assez calme et je prends mon temps, ce qui est un gros avantage parfois, ça peut être aussi un désavantage dans certaines situations. J’ai beaucoup travaillé sur ça cette année, sur la mise en rythme et essayer d’être plus agressif dans certaines situations, ça a plutôt bien marché. Par exemple le restart à Barcelone, où j’ai réussi à doubler deux pilotes en trois virages. C’est vrai qu’en Formule 2 on n’a qu’une seule séance d’essais libres de 45 minutes, ça fait à peu près dix tours maximum pour nous, avec les temps de chauffe, le trafic en piste, tout ça. Donc il faut être rapidement dans le rythme. C’est des choses où je galérais un peu l’an dernier, là je me suis bien amélioré. Donc oui, je suis quelqu’un d’assez calme et posé.

Est-ce de ce côté on pourrait dire que tu es plutôt opposé à ton coéquipier chez ART Grand Prix, Victor Martins ?

Oui, c’est vrai, on a quand même deux styles différents (rires). Lui, je pense, c’est un peu l’opposé, donc voilà pour l’équipe au final, c’est bien, c’est complémentaire, ils ont un peu les deux.

Est-ce que vous apprenez l’un de l’autre ? Par exemple, tu donnes un peu de ton calme à Victor, et inversement ?

Exactement. Forcément, parce qu’il faut apprendre de ses coéquipiers, il faut s’en servir. J’ai la chance qu’il soit rapide. C’est bien sûr plus compliqué pour moi parce qu’il faut que je sois encore plus rapide pour le battre. Mais forcément, ça m’aide parce qu’il m’apprend certaines choses, ce n’est que du positif.

La bataille est assez rude avec Vesti pour la première place. Comment gères-tu la pression et les attentes qui accompagnent cette rivalité et la course pour le championnat ?

Oui, ça va être une grande rivalité, c’est sûr. Jusqu’à la fin, je pense. Il est chez Prema qui est une très, très bonne équipe. Je pense que depuis cette année, ils font un énorme job. Lui, il est en deuxième année, il a pris beaucoup d’expérience. L’année dernière, c’était mon coéquipier, j’ai appris de lui. Il a beaucoup appris de moi aussi (rires), maintenant il est face à moi. Mais c’est quelqu’un que j’apprécie. Dans le paddock il est un des seuls pilotes avec qui je m’entends le mieux, c’est vraiment quelqu’un de gentil. Après, en piste, c’est autre chose, la tension va forcément monter parce qu’on va se battre en piste pour le titre, et moi je vais tout faire pour gagner.

Quand tu dis que tu as appris de lui, est-ce qu’il y a des leçons que tu as pu tirer de cette expérience-là pour essayer de le battre en course ?

Oui, bien sûr. Après chaque pilote à son style de pilotage et à sa façon de piloter, d’attaquer, de défendre en piste. Et c’est quelque chose que j’essaie d’étudier aussi avant chaque week-end, que j’apprends aussi de week-end en week-end, en me battant avec certains pilotes en piste. Donc Vesti, je sais à peu près comment il agit en piste. Je sais à peu près anticiper ce qu’il va faire. Il doit faire pareil avec moi, essayer de comprendre comment je marche. J’espère qu’il y aura une belle bataille jusqu’à la fin. Et j’espère surtout que ce sera moi qui gagnerai !

Est-ce que tu considères que 2023 est jusqu’à présent ta meilleure saison en sport auto?

C’est une très bonne saison, c’est sûr. Je pense que toutes les saisons étaient super importantes depuis le début. Après, celle-là, j’ai bien débuté, je suis sur cinq podiums, une victoire. J’espère faire mieux, continuer sur cette lancée et ce sera la meilleure saison si le résultat à la fin est très bon.

Pour revenir un peu sur ton rôle en tant que pilote de réserve chez Alfa Romeo, quelles sont tes missions globales et quelle place est-ce que cela prend par rapport à ton travail en F2 ?

Ça prend beaucoup de temps, c’est beaucoup de travail. Mais c’est une énorme chance pour moi d’être pilote de réserve pour Alfa Romeo car c’est une équipe de F1, je peux apprendre beaucoup grâce à eux. Je suis tout le temps dans le simulateur. Si jamais ils ont besoin de moi sur un week-end où il y a de la Formule 2, je peux rouler dans la voiture. Je me suis préparé un maximum. Après, c’est pas simple si ça devait arriver. J’espère que les deux pilotes vont bien aller pour faire tous les Grand Prix (rires). Mais bon, je me suis préparé pour ça. C’est une grande chance, je les remercie parce que c’est aussi grâce à eux que je roule en F2, et j’espère aller en F1 chez eux.

Est-ce que le travail dans le simulateur F1 t’aide aussi pour la F2 ?

Oui, ça m’aide forcément parce que on essaie plein de choses. C’est une voiture qui va plus vite. La F1, c’est plus technique, plus dur à piloter et forcément, ça m’aide pour la F2. Donc moi, j’essaye de prendre un maximum d’informations et des choses qui peuvent m’aider en F2. Donc voilà, après ça reste différent, quand même. Et puis la F1, c’est un autre monde. Il y a beaucoup plus d’ingénieurs, beaucoup plus de personnes qui y travaillent. En F2 je n’ai que deux ingénieurs et ça reste plus familial ici. Alors que la F1, c’est vraiment comme une grande usine où il y a plein de personnes qui travaillent. Donc en tant que rookie, c’est plus compliqué de s’intégrer et de travailler, d’avoir les bonnes relations et de savoir connaître tout le monde, ce qui est important, ce que je suis en train de réussir à faire cette année. Je suis plus souvent en Suisse, à l’usine, j’essaie de connaître les gens, les mécanos, les ingénieurs. En retour, toutes les personnes me connaissent aussi de plus en plus, ce qui est important pour que je me sente intégré.

Justement, quel impact cela a de vivre près de l’usine sur ta façon d’interagir avec l’équipe, ton développement en tant que pilote et ta compréhension du monde de la F1 ?

Oui, c’est très important pour moi. Parce que déjà, comme je l’ai dit, la relation entre toutes les personnes qui travaillent chez Alfa Romeo et moi, ça va se faire plus facilement. Si un jour j’arrive à aller en F1 chez eux, ils vont déjà au moins me connaître un peu, ce qui est un énorme avantage parce qu’il y a plus de 500 personnes qui y travaillent. Le fait de connaître un peu les personnes, de travailler avec eux, c’est du temps gagné, c’est de la performance de gagné au final. J’espère un jour être pilote pour eux et c’est très sympa d’être là-bas en Suisse. J’ai travaillé cet hiver à l’usine, j’ai travaillé dans plusieurs départements, j’ai monté des pièces sur la voiture, aidé l’équipe dans toutes sortes de choses, ça m’a permis de découvrir des choses.

Tu dois encore faire deux séances d’essais libres pour Alfa Romeo. Est-ce que tu as déjà une idée de quand elles auront lieu ?

Je n’en ai aucune idée pour le moment. Je pense que ça arrivera après Monza, c’est le plus probable. Ce sera discuté ce week-end, je pense qu’on aura une discussion aussi avec Alfa Romeo pour mon avenir notamment, on est en train d’en discuter. Mais pour moi le plus important, c’est que je me concentre sur la F2, c’est mon job de faire le meilleur travail possible ici, en ayant le moins d’ennuis possibles, pas comme l’an dernier où j’ai eu beaucoup de problèmes mécaniques.

Au sujet de ces discussions, est-ce que tu entrevois une ouverture pour monter en F1 à court terme ?

Pour le moment, ça reste des discussions de base. Ils ont deux pilotes actuellement. Moi, je suis pilote de réserve, je sais qu’ils gardent un œil sur moi parce qu’ils m’aident énormément depuis quelques années maintenant, mais surtout cette année en F2. D’être le pilote de réserve officiel de l’équipe, ça me fait sentir plus proche de la F1, je fais partie de l’équipe. Donc non, c’est sûr, ce n’est pas loin. Mais il faut que je me concentre sur la F1 et je sais que rien n’est encore fait.

Motor Sport Magazine propose de faire participer les pilotes de réserve pour les courses sprint en F1. Qu’en penses-tu ?

Je l’ai vu aussi oui, c’est assez drôle. Moi, je serais partant, c’est sûr, je ne dirais pas non si on m’appelle pour rouler dans une F1, quoi qu’il arrive. Après je pense que c’est quand même un bon format pour les pilotes de F1, ça rajoute un peu de piment dans les courses. C’est vrai que c’est long, trois séances d’essais libres par week-end en F1. De voir une séance d’essais libres, une qualif et une course sprint qui ne changera pas la grille de départ de la course longue, je pense que c’est positif, ça rajoute juste du spectacle. On aime voir les pilotes se battre en piste, et sur un circuit comme le Red Bull Ring je pense que la course sprint sera d’autant plus intéressante.

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