Ce qu’il faut savoir avant les essais hivernaux à Bahreïn
La Formule 1 revient en piste pour les journées d'essais hivernaux à Bahreïn. Toutefois, pour la première fois depuis 2021, le circuit international de Bahreïn ne sera pas le théâtre de l'épreuve inaugurale de la saison.


Sakhir servira uniquement de lieu pour les trois jours d’essais, du mercredi 26 février au vendredi 28 février, avant de se diriger vers l’Australie pour la première course sur le circuit d’Albert Park, le 16 mars prochain.
L’objectif principal des journées d’essais est de collecter des données essentielles pour le début de la saison, car aucun autre essai n’est autorisé pendant la saison. Les équipes cherchent à assurer à Bahreïn que leurs monoplaces sont fiables et présentent des performances adéquates pour la compétition.
Mais ils ne veulent pas pour autant mettre toutes leurs cartes sur table dès maintenant. Car si une équipe est clairement la plus rapide, les concurrents tenteront de copier certains éléments. Cela pourrait se produire plus tard dans la saison, mais plus une équipe parvient à maintenir cet avantage, mieux c’est.
Quand on examine les temps de test les plus rapides depuis 2012 par rapport aux temps de pole position sur les mêmes circuits, on remarque que dans à peine cinq situations sur treize, l’équipe qui a enregistré le meilleur temps lors des essais a aussi décroché la pole position en qualification.
Dans certains cas, comme en 2012, 2014, 2020 et 2021, il n’y avait que des différences mineures entre les temps d’essai et les temps de pole. Au cours d’autres années, comme 2018 et 2022, les écarts étaient nettement plus importants. Il est frappant de constater que Mercedes a décroché la pole position entre 2016 et 2019, tandis que Ferrari a réalisé les temps les plus rapides lors des essais.
Cela pourrait indiquer un phénomène bien connu : le « sandbagging ». Par exemple, les équipes masquent leurs véritables performances en conduisant avec une puissance moteur diminuée.
Que disent les temps individuels des pilotes ?
Une tendance claire se dégage rétrospectivement : depuis 2012, seulement deux fois le pilote le plus rapide lors des journées d’essais a également remporté le titre à la fin de la saison.
Dans les deux situations, le pilote concerné était Max Verstappen pour les saisons 2021 et 2022. Seulement trois fois le pilote le plus rapide des essais hivernaux a ensuite décroché la pole position sur le même circuit, dont deux fois par Nico Rosberg (en 2013 et 2015).
Les choses à surveiller lors des tests
Red Bulls et Mercedes devraient tester leurs voitures mercredi. À ce propos, George Russell a déclaré : « En 5 tours, vous savez si vous êtes prêt pour une bonne saison ou pas.»
La façon dont Lewis Hamilton s’en sort chez Ferrari après avoir piloté 3 voitures différentes lors des tests privées à Fiorano est plutôt bonne et le pilote britannique est confiant. Il a beaucoup d’admiration pour Fernando Alonso et Sebastian Vettel qui ont très vite gagné après leur arrivée dans la Scuderia. Charles et Lewis n’auront pas de temps comparable, car ils vont rouler à différents moments de la journée.
Carlos Sainz a lui aussi changé d’écurie et il explique que l’adaptation à une nouvelle monoplace ne se fait pas en quelques jours : « Il faudra environ 6 mois pour s’adapter à une nouvelle voiture.»
Ce sera aussi le premier travail en public pour Liam Lawson qui a pour coéquipier le champion Max Verstappen. Sa très courte expérience signifie qu’il ne peut que s’améliorer si Red Bull lui donne le temps. Avec ces tests, nous verrons avec quel niveau il débute et les bénéfices qu’auront les essais.
La majorité des équipes se concentre sur 2026 et la nouvelle réglementation, ce qui signifie que beaucoup de voitures sont très similaires à l’année dernière, notamment pour Sauber, Alpine, Williams et Haas.
Les tests détermineront si les méthodes agressives ont été supprimées. McLaren et le dispositif anti-plongée qui empêche que la voiture ne s’incline excessivement vers le bas et l’avant lors du freinage, ce qui complique la perception pour les pilotes. Bahreïn avec ses virages lents permettra de voir si cela fonctionne. Idem pour Ferrari, qui devra ajuster les configurations de ses nouvelles suspensions avant.
Une équipe en difficulté lors des tests, comme Williams en 2019, lente, en surpoids avec un retard considérable et hors règlement, est possible. Mais aujourd’hui, les écarts étant très faibles, être en difficulté arrive rapidement, comme Alpine l’année dernière avec une monoplace trop lourde et une mésentente totale, ou Williams avec un manque de préparation.
Pour Racing Bulls, ce sera le moment de déterminer les perspectives de l’équipe et à quel point cette monoplace peut rivaliser avec le top 5. Si le déménagement du siège a profité à l’équipe pour s’inspirer de sa grande sœur, Red Bull.
Pour les rookies, ce sera un exercice assez limité, mais tous arrivent déjà préparés. Ce moment sera un passage pour évaluer qui semble être le plus à l’aise avec le passage à la F1, s’il y a des difficultés, il faudra les corriger rapidement.
Des résultats à prendre avec des pincettes
Nombre de facteurs peuvent influencer les essais. Le classement n’est alors absolument pas objectif.
Programmes de tests : chaque équipe a ses propres priorités. Par exemple, en 2024, Haas a mis l’accent sur les courses de longue distance pour optimiser l’usure des pneus, alors que d’autres formations ont orienté leurs efforts vers la réduction de la traînée ou l’amélioration de la fiabilité.
Quantité de carburant : seules les équipes elles-mêmes savent quelle quantité de carburant elles consomment, ce qui rend difficile l’évaluation des performances réelles.
Choix des pneus : Pirelli apporte tous les composés possibles pour les journées d’essais, les équipes pouvant choisir le nombre de trains qu’elles souhaitent. Il pourrait donc s’agir du mélange de gomme le plus tendre, le plus rigide et de tout ce qui se situe entre les deux. Cela implique aussi que les équipes ont la possibilité de faire des essais avec des pneus qui ne sont pas employés lors des week-end de compétition.
Bien que les pneus C1, C2 et C3, plus résistants, soient couramment employés lors du Grand Prix de Bahreïn, les écuries ont aussi la possibilité d’utiliser des pneus plus mous tels que le C4 et le C5 pendant les essais. Carlos Sainz a enregistré le meilleur chrono en 2024 avec le pneu C4. Sergio Perez a également été dans ce registre en 2023, tandis que Max Verstappen a utilisé la C5 encore plus tendre en 2022.
Moments de la journée : à Bahreïn, les températures de piste peuvent varier considérablement selon les moments de la journée. Le soir, il fait plus frais et il y a plus d’adhérence, ce qui conduit à des temps au tour plus rapides.
Au bout du compte, un simple tour rapide ne fait pas la différence. La clé est de pouvoir maintenir ce rythme, autrement dit, d’être constant. La Haas VF-23 était performante sur un seul tour, cependant, les pneus se dégradaient vite durant la course. Max Verstappen a démontré une régularité remarquable avec peu de déperdition de temps sur plusieurs tours lors des essais 2024, un signe souvent plus fiable d’une saison réussie.
Les temps de test fournissent un premier aperçu, mais ils ne doivent pas être exagérés et doivent être interprétés dans le contexte approprié. Plus important que de savoir qui peut réaliser un tour rapide avec le pneu le plus tendre au meilleur moment de la journée, c’est la performance d’une voiture sur le long terme et si elle reste compétitive tout au long de la saison.