Webber et Ricciardo : Destins croisés ?

Dans l’édition du mois d’avril du Red Bulletin, Mark Webber, seul pilote australien titulaire en Formule Un, et Daniel Ricciardo, la relève, se livrent au jeu de l’interview croisée.

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Webber et Ricciardo : Destins croisés ?

Si l’Australie figure en bonne place dans les tableaux statistiques de la F1, avec deux champions du monde et trois vainqueurs en Grand-Prix, il n’en demeure pas moins que rares sont les pilotes australiens à avoir percés en Formule Un. Ainsi, avant que Mark Webber ne fasse ses débuts en 2002, l’Australie n’avait-elle compté qu’une seul représentant depuis le départ en retraite d’Alan Jones, en 1986, en la personne de David Brabham, auteur de 8 départs en Grand-Prix en 1990 avant de faire une saison complète pour le compte de l’écurie Simtek en 1994.

« Politiquement et financièrement, c’est plus difficile pour nous d’arriver au plus haut niveau en sport automobile » explique Mark Webber. « Evidemment, Jack Brabham a ouvert quelques portes et a rendu les choses plus faciles pour des pilotes comme Alan Jones, mais cela reste difficile. Ce n’est pas comme le Tennis ou le Cricket, le sport auto n’est pas aussi important ici qu’il peut l’être ailleurs, et il n’y a pas de réelles opportunités [en monoplace] en Australie, alors il vous faut partir. Le sport auto coute cher, mais à l’autre bout du monde ça l’est encore plus. Financièrement, et émotionnellement, c’est difficile. »

« Il y a des sponsors, mais [à mes débuts], si c’était moi contre un pilote allemand pour un baquet, je pouvais l’oublier » déplore le pilote Red Bull.

Fan d’Alain Prost – tout comme son père –, avant de redécouvrir Ayrton Senna à sa mort, Mark Webber débute sa jeune carrière en moto avant de passer sur 4 roues, en karting, à l’âge de 14 ans. Après avoir remporté le Championnat de Nouvelle Galles du Sud en 1993, il fait ses débuts en Formule Ford Australienne, et s’impose lors du Formula Ford Festival de Brands Hatch, en 1995, pour ses débuts en Europe. Fort du soutien des Pages Jaunes Australiennes et d’une bonne réputation, l’australien peine pourtant à boucler son budget en Formule 3 et doit compter sur le soutien de la légende du rugby australien, David Campese, pour finir sa saison. Admettant ne pas avoir de véritable plan de carrière à l’époque, l’australien cède aux sirènes de Mercedes pour son programme de Tourisme avant de finalement avoir sa chance en Formule Un, grâce au soutien de Paul Stoddart.

Pour Daniel Ricciardo, si les débuts ont été facilités au sein de la filière Red Bull, la pression n’en reste pas moins la même : « Il y a toujours la pression de sentir le souffle du Dr [Helmut] Marko sur votre nuque. Même avant que je ne reçoive le soutien de Red Bull c’était mon père ou mes sponsors qui me poussaient ainsi. »

« Comme Mark l’a dit, quitter la maison à 17 ans et aller à l’autre bout du monde n’a rien de facile. Vous avez le mal du pays dans un premier temps, mais après quelques mois, et alors que vous faites quelque chose que vous aimez, vous oubliez ces choses qui peuvent vous manquer » déclare Ricciardo.

Aujourd’hui, alors que Daniel Ricciardo frappe à la porte de la Formule Un, Mark Webber y a finalement rencontré le succès, au point d’être l’un des plus sérieux prétendants au titre en 2010. L’Australien de 34 ans pourrait légitimement envisager la retraite, comme certains l’envisagent depuis plusieurs mois, et ainsi céder sa place à Daniel Ricciardo : mais y songe-t-il vraiment ?

« J’en ai probablement été proche à quelques reprises mais ces dernières années, la flamme s’est ravivée et tant que l’envie, les résultats et la motivation seront là, je continuerai. […] Maintenant, je suis le seul pilote australien à avoir été en Formule Un cette dernière décennie, alors, quand un pilote plus jeune apparait, il y a des comparaisons et des théories qui font de Daniel mon successeur. […] Peut-être que ça va se passer ainsi, ou peut-être qu’on se côtoiera deux ou trois ans. Peut-être pilotera-t-il plus tard cette saison et que nous serons tous les deux sur la grille, en même temps, en 2011. »

Justement, en 2011, Daniel Ricciardo a été ‘promu’ comme troisième pilote pour l’écurie cadette de Red Bull : la Scuderia Toro Rosso. Un pas en arrière, diront certains, mais une opportunité à saisir pour le jeune australien qui devrait pouvoir montrer son talent le vendredi matin, tout au long de la saison, ce qui semblait inenvisageable chez Red Bull.

« C’est une opportunité sensationnelle pour lui, mais il l’a vraiment mérité » déclare Mark Webber, qui, comme son jeune compatriote, a fait ses débuts à Faenza, alors que l’écurie portait encore le nom que lui avait donné Giancarlo Minardi. « Evidemment, il y a le temps passé en piste, mais il va aussi pouvoir voir comment l’écurie fonctionne. Avec nous, la saison passée, il a pu voir comment fonctionnait une écurie qui joue la victoire, et maintenant il va avoir une autre perspective. »

Pour le vice-champion Formule Renault 3.5, ce poste de troisième pilote constitue une opportunité dont il compte pleinement profiter : « Je ne pense pas qu’être prudent avec la voiture de Sebastien [Buemi] ou de Jaime [Alguersuari] sera une de mes préoccupations. Je pense que Toro Rosso voudra que j’en tire le maximum. […] Le fait que ce ne soit ‘que’ des essais libres n’est pas pertinent. Pour moi, ça me semblera réel parce que je serai en piste avec des gars que je regarde courir depuis 15 ans. Comme l’a dit Mark, ce sera une bonne préparation pour le futur. »

Mais pour de nombreux observateurs, la présence du jeune pilote australien fait peser une épée de Damoclès sur la tête des deux titulaires de la Scuderia Toro Rosso et expliquerait, en partie, les récentes tensions entre le suisse et l’espagnol, mais Ricciardo se montre plus réservé : « Je ne vois pas pourquoi il y aurait de telles tensions. D’aussi loin que ça puisse me concerner, mon travail est de piloter au mieux de mes capacités lors de la première séance d’essais. »

Quoiqu’il arrive, le natif de Perth reste en bonne place pour un baquet de titulaire à l’horizon 2012 alors que Mark Webber a récemment annoncé son intention de rester chez Red Bull, ce qui permettrait à la Formule Un de compter deux pensionnaires australiens, ce qui n’avait plus été vu depuis le Grand-Prix d’Autriche 1977.

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