L’avenir du GP de Bahreïn se décide aujourd’hui
Alors que le Conseil Mondial du Sport Automobile se réuni, aujourd'hui, à Barcelone, afin de décider de l'avenir du Grand Prix du Bahreïn, ce retour, potentiel, est loin de faire l'unanimité.


C’est aujourd’hui, vendredi 3 juin, que le Bahreïn devrait être fixé sur le sort de son Grand Prix, reporté suite aux troubles populaires survenus, en février dernier, dans ce petit état du Gofle Persique.
Cette décision devrait d’ailleurs intervenir au lendemain de la levée de l’état d’urgence alors que la chaine de télévision Al Jazeera affirme que la police utilise du gaz lacrymogène contre les manifestants et alors qu’un témoin assure que « avec la fin de l’état d’urgence, les forces de sécurité ne devraient plus être là, mais elles le sont toujours. »
De leur côté, les autorités bahreïnies affirment que le Bahreïn est prêt à recevoir la Formule Un : « La fin de l’état d’urgence et l’annonce des discussions sont tous deux positifs » déclare, à Reuters, Jamal Fakhro, président adjoint du Conseil. « Bahreïn accueillera la Formule Un et tout autre évènement. Il n’y a rien de mal à ça puisque la vie a repris son cours normal et ce sera bon de le retrouver. »
« Vendredi, il nous faudra déterminer si les équipes son contre [la reprogrammation de la course], qui est contre et pourquoi » déclare Mohammed ben Sulayem, vice-président de la FIA et président de la Fédération Automobile d’Abu Dhabi, dans les colonnes du quotidien The National : « Nous avons de lourdes décisions à prendre. »
Les avis restent malgré tout partagés dans le paddock à propos de cet éventuel retour au calendrier, à commencer par Mark Webber qui déclarait, hier, sur son compte Twitter : « Quand des gens sont maltraités dans un pays, c’est plus important que le sport. Espérons que la bonne décision sera prise… »
De son côté, Max Mosley, dans les colonnes d’ESPNF1, affirme : « Si j’étais président [de la FIA], aujourd’hui, le Formule Un devrait passer sur mon corps pour aller au Bahreïn. Ça ne peut pas arriver. Le Grand Prix sera utilisé pour renvoyer une fausse image du Bahreïn. Ils vont tenter d’utiliser le Grand Prix comme soutien à leurs actions, utiliser la F1 presque comme un outil de répression. […] Y aller serait un désastre en termes de relations publiques et les sponsors voudront que leurs noms ne figurent pas sur les livrées [des voitures]. »
Au-delà même de ces oppositions politiques et morales, les écuries s’opposent surtout au calendrier. En effet, la réintroduction du Grand Prix du Bahreïn ne peut se faire sans rallonger le calendrier. Ainsi, Bernie Ecclestone envisage-t-il d’organiser le Grand Prix Bahreïni en lieu et place du Grand Prix d’Inde, ce dernier héritant d’une date, en décembre, en clôture du Championnat du Monde.
« Ça devient trop » se plaint Ross Brawn. « Nous n’avons plus d’équipe d’essais, alors les gars travaillent depuis janvier et on va leur demander de travailler jusqu’en décembre, ce qui signifie qu’ils n’y aura pas de temps pour les vacances avant Noël et ils vont reprendre dans la foulée, en janvier [2012]. Alors, personnellement, je pense que c’est inacceptable, et je l’ai dis à Bernie qui connait mon opinion. »
Finalement, outre les autorités bahraïnies, les seuls à réellement se réjouir de ce potentiel report sont les organisateurs du Grand Prix d’Inde et les représentants de la Fédération Indienne, au premier rang desquels, son président, Vicky Chandhok : « Personnellement, je pense que – et je suis un peu égoïste – décembre serait une date idéale en considérant que ce serait l’épreuve de clôture. Nous pourrions avoir un long week-end de cérémonies de récompenses [ndlr : l’Inde accueillera le banquet FIA où sont officiellement remis les titres]. Le temps serait excellent également. Cependant, le 30 octobre est une bonne journée aussi. La championnat pourrait ne pas être joué. »
L’annulation ferme et définitive reste donc une possibilité mais s’avèrerait cependant couteuse – 40 millions de dollars – pour Bernie Ecclestone, même s’il affirme que l’argent n’a rien à voir avec son soutien, insistant, en faveur du maintien du Grand Prix : « Ça n’a rien à voir avec l’argent » déclare ainsi le grand argentier de la F1 auprès de Reuteurs Television. « Cela a à voir avec les gens… […] Ce qui s’est passé dans toute cette région, dans tous ces pays, ça n’est bon en aucune façon, alors il nous faut attendre et voir. »