Adrian Newey et l’art du design

L'ingénieur britannique partage ses réflexions sur son métier.

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Adrian Newey et l’art du design

Lors de l’arrivée d’Adrian Newey chez Red Bull, en 2005, Christian Horner affirmait, dans les colonnes du Guardian : « Entre Adrian Newey et Michael Schumacher, je choisirai toujours Adrian. »

En effet, l’ingénieur britannique est à la tête d’un palmarès à faire pâlir de jalousie Michael Schumacher lui-même : ses voitures ont remporté, sur ces 20 dernières années, 7 fois le titre constructeur – et tout autant de titres pilotes -, glané 116 victoires et signé 145 pole positions pour 129 meilleurs tours en course, série en cours.

Mais derrière les statistiques, le palmarès, l’ingénieur de génie qu’est aujourd’hui Adrian Newey pour le monde de la Formule Un, se cache un homme qui se définissait, il y a quelques semaines encore, dans The Telegraph, comme « probablement le dernier dinosaure dans le paddock qui utilise une planche à dessin plutôt qu’un logiciel de Conception Assistée par Ordinateur. Je suppose que c’est une question d’habitude, tout comme la génération qui arrive n’a jamais touché autre chose qu’un ordinateur. »

Dans un entretien exclusif pour l’édition britannique du Red Bulletin, Adrian Newey revient ainsi sur ce qu’est son métier : « Dessiner [une voiture] n’est pas une science pure, ça relève de la partie artistique du cerveau. […] Les années 1960 sont certainement l’Âge d’or du design automobile… mais la Ferrari 250 GTO, la Ford GT40 ou la Ferrari 330 P4 ne sont pas le produit de stylistes. »

On peut dès lors se demander où se situe la frontière entre l’ingénierie et l’art . « Notre démarche c’est la recherche, le design et la construction. Nous avons pour philosophie de passer le plus de temps possible sur la recherche. En fait, la phase de construction pour une nouvelle voiture n’est qu’à peu près d’une semaine, alors la recherche et le design peuvent être maximisés. »

La Formule Un, avec son règlement très précis et souvent restrictif, laisse cependant une immense part à l’interprétation, à l’imagination et met ainsi, parfois, le designer sous la lumière des projecteurs : « Une Formule Un est une voiture phénoménalement « sale » : une monoplace n’est pas quelque chose qu’on conçoit à partir d’une feuille blanche. Il suffit de regarder le niveau de complexité : un avion est plus  » propre « . Le fait est que, nous prenons une direction mais ça peut être une voie sans issue. On peut bien commencer mais ensuite se retrouver bloqué. »

En 2009, lorsque la RB5 fait son apparition, la Formule Un ‘redécouvre’ le génie d’Adrian Newey et pourtant, ce n’est que quelques mois après que ce dernier s’exprime pleinement, lorsque, confronté au double diffuseur, il bouleverse ses plans originaux pour accoucher de ce qui restera, pour beaucoup, comme étant la meilleure voiture de la saison. Adrian Newey, qui avait alors été récompensé du John Bolster Award 2009 récompensant l’accomplissement technique, est en effet un esprit fertile qu’il faut parfois canaliser mais qui, face aux problèmes, fait preuve d’une réactivité toujours exemplaire : « Ça dépend vraiment du problème. La plupart du travail est répétitif. Nous avons un aileron : comment le rendons-nous meilleur ? Je regarde le problème, j’essaye de le comprendre. Parfois, je dois aller faire un tour. C’est presque comme si les choses évoluaient dans votre esprit sans même que vous en ayez conscience. »

Pourtant, si la Formule Un récompense les esprits fertiles et novateurs, elle n’en reste pas moins un cadre strict définissant ce que l’ingénieur peut et ne peut pas faire. Adrian Newey a donc saisi l’occasion que lui a offert, en 2009, Polyphony Digital, lors de la conception de son Gran Turismo 5, de concevoir le désormais célèbre Red Bull x2010, un prototype échappant à toute contrainte réglementaire. Ce bolide pulvérisa, de près de 20 secondes, le record du tour d’une Formule Un – et sur console -, de Suzuka. Son créateur expliquait alors avoir voulu chercher la limite, se rendre « là où la performance de la voiture et l’expérience du pilote priment sur la réglementation. » Selon lui, dans le Red Bulletin, ces limites « ne sont pas établies. […] Les pilotes peuvent, physiquement, supporter d’aller plus vite : la réglementation est le principal obstacle. Nous ne sommes certainement pas aux limites du corps humain. »

Ainsi, les concepteurs ont, devant eux, un univers inexploré et souvent rendu inexplorable par les réglementations même s’il existe des espaces de liberté où peut s’exprimer la fibre artistique de l’ingénieur : « Il y a des endroits, sur une Formule Un, où vous pouvez faire des modifications visuelles qui ne feront aucune différence sur la performance. Généralement, les parties les plus visibles – le dessus de la carrosserie -, sont les moins importantes » confie Adrian Newey.

« Ce que je fais, c’est d’essayer de trouver assez de temps pour l’inspiration. Je passe mon temps à être ingénieur avec mes confrères ingénieurs, chez Red Bull, pas à les diriger. Le management ne m’intéresse pas. »

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