Les promoteurs pourraient boycotter le nouveau moteur
Les promoteurs de Grand prix menacent de se tourner vers l'IndyCar si le nouveau moteur limité à 12.000 tours est approuvé pour 2014.


Dans une lettre adressée aux membres de la Commission F1, chargée de la question du règlement technique à l’horizon 2013/2014, Ron Walker, responsable de l’organisation du Grand Prix d’Australie, réaffirmait, au nom des promoteurs de Grand Prix, son soutien au moteur V6 turbo : « Ce nouveau moteur doit assurer que la F1 reste la vitrine technologique et l’atout charme des sports mécaniques et doit avoir une capacité d’au moins 18.000 tours par minutes, le son devant être le même que l’actuel moteur. »
Or, l’accord autour de la réglementation moteur bute toujours sur cette limitation des tours moteurs, fixée à 12.000 tours/minutes par la FIA mais que les écuries souhaiteraient voir porté à au moins 15.000 tours/minutes. Selon Ron Walker, la proposition de la FIA, instaurant un moteur V6 turbo pour 2014 mais ne touchant pas au régime moteur « a pour la première fois galvanisé tous les promoteurs, y compris Monaco et ils m’ont donné leur accord pour voter contre ce moteur… 17 circuits plus précisément m’ont donné ce pouvoir. Les seuls qui ne m’ont pas autorisé à voter en leur nom sont la Corée du Sud et la Chine. »
La Fédération Internationale de l’Automobile doit donc faire face à une fronde des promoteurs après celle des écuries et des motoristes – sans compter Bernie Ecclestone qui n’a jamais caché sa vive opposition au moteur de 4 cylindres – et Ron Walker avance même, pour argumentaire, les résultats d’une étude diligentée l’an passé par la FOTA et portant sur l’impact environnemental de la F1. Cette enquête affirmait que les courses et les essais automobiles ne comptaient que pour 0,3% des émissions en dioxyde de carbone dans le sport et que donc cela rendait dérisoires les projets de réduction de la cylindrée des moteurs de Formule Un, au prétexte écologique alors que les conséquences pourraient être plus dommageables pour les prometteurs.
Ces derniers sont en effet grandement dépendants de la billetterie et nombreux sont ceux à craindre que le bruit d’un moteur de plus petite cylindrée n’attire pas autant de monde qu’aujourd’hui, argument dont à déjà usé et abusé Bernie Ecclestone depuis le début de saison. Ron Walker n’hésite d’ailleurs pas brandir la menace d’un boycott des Grand Prix : « Nous dépensons un milliard de dollars par an pour offrir ce spectacle, la plupart d’entre nous perd de l’argent […] et nous n’allons pas laisser notre base des spectateurs s’effondrer. J’ai dis à la Commission que les circuits n’accueilleraient plus la F1. Ils pourront construire leurs propres circuits parce nous ne les accueillerons plus. Le son est partie intégrante de la « marque » F1. »
Et Ron Walker de mettre la F1 en concurrence directe avec la monoplace nord-américaine : « La majorité des circuits signera un accord avec l’IndyCar parce que c’est très difficile de distinguer une voiture d’IndyCar d’une Formule Un à cent mètres de distance et que la foule aimera quand même ça. […] Je peux vous assurer à 100% qu’ils n’accueilleront plus la Formule Un » rapporte Pitpass.com.
Faut-il pour autant prendre cette menace au sérieux ? Selon Pitpass.com, l’IndyCar est une alternative crédible mais qui a peu de chances d’aboutir. En effet, même si l’IndyCar pourrait, potentiellement, n’attirer que 75% du nombre actuel de spectateurs de la F1, mais les coûts d’organisation seraient deux fois moindres qu’en Formule Un et la situation financière des circuits resterait sensiblement la même. Ron Walker affiche cependant ouvertement le soutien de son ami Bernie Ecclestone que l’on voit mal laisser les circuits mettre leur menace à exécution, à moins d’être animé d’une irrésistible envie de faillite financière.
Il n’en reste pas moins que jamais les circuits ne s’étaient exprimés aussi ouvertement d’une seule et même voix à propos de la règlementation technique, posant ainsi, en tant qu’investisseurs, leurs désidératas. Pour Walker, la lutte ne s’arrête d’ailleurs pas au règlement technique 2013 ou 2014 : « Jean Todt m’a dit en Australie que la prochaine étape c’était de passer à l’hybride. Je lui ai posé la question du bruit et a dit qu’ils généreraient un bruit artificiel sur les voitures. Mon dieu ! Max [Mosley] avait était ambitieux en matière de sécurité et a fait un travail brillant. Il a également réduit les coûts mais, la Formule Un verte, qu’on laisse [les équipes] y aller à leur rythme. »