Stewart et Webber sur le front de la sécurité
Plusieurs jours après les tragiques accidents de Dan Wheldon et Marco Simoncelli, les réactions ne cessent d’affluer. Avec un peu plus de recul, les récentes réactions de Jackie Stewart et Mark Webber sont intéressantes à mettre en parallèle.


Sir Jackie Stewart a toujours œuvré pour la sécurité sur les circuits. Son combat a été mis en exergue par son propre accident à Spa en 1966 et la mort de son ami et équipier, François Cevert, à Waltkin Glens en 1973.
Les drames récents survenus sur les piste de Las Vegas et de Sepang n’ont fait qu’amplifier sa lutte contre l’insécurité : «Je pense que les deux semaines passées depuis cet accident [Dan Wheldon à Las Vegas] nous permettent de réfléchir à tête reposé.
La situation de l’enchevêtrement des roues est le plus gros problème, donc il faut trouver une solutions pour empêcher que les roue ne se chevauchent entre elles, c’est là que réside le problème. Il y a des choses qui se font en karting pour les pilotes les plus inexpérimentés. Et pour être franc avec vous, nous avons vu beaucoup plus de collisions de ce genre ces deux dernières années en Formule 1 que jamais auparavant. Et je ne parle pas uniquement de l’accident de Mark Webber à Valence, mais il y a eu beaucoup de situations de ce genre.»
Stewart pense également que l’accident de Wheldon a ouvert les yeux sur les risques encourus par les pilotes de course : «Cela a ouvert les yeux sur le fait que beaucoup de voiture peuvent s’envoler en l’air, prendre feu, exploser, comme cela est arrivé là bas…cela peu arriver à tout le monde.
il faut s’arrêter un moment. Porter un regard attentif sur ce qu’il vient de se passer, et que des experts apportent des solutions.»
Le problème de la désolidarisation des roues et de leur enchevêtrement est vraiment un des aspects les plus dangereux selon le triple champion du monde écossais : «C’est un gros problème, car vous avez seulement besoin d’être à quelques centimètres de votre adversaire, et les roues réagissent comme un engrenage, car une roue va dans un sens, la roue droite va dans l’autre, et cela donne des incidents comme nous l’avons vu avec Mark Webber à Valence l’an dernier, il prend une seule roue qui peut se détacher et frapper la tête d’un des pilotes, comme c’est arrivé à Henry Surtees.
Il n’avait rien à voir avec l’accident initial, il n’était pas impliqué, mais les débris se déplace à une telle vitesse, et c’est seulement quand l’accident se produit que vous pensez à quelque chose comme ça, et il y a un ou deux décès. Il faut être très attentif sur ce sujet.»
Pour l’écossais, les pilotes doivent faire parti intégrante de la réflexion : «Je crois toujours que les pilotes sont concernés par la sécurité et qu’ils doivent intervenir au conseil d’administration. Eux, sont sur la piste. Certains fonctionnaires qui s’inquiète du sujet ne connaissent pas grand chose de la science et des dynamique, de ce que que font les pilotes. Finalement, ce sont eux qui sont derrière le volant et qui savent jusqu’où la voiture peut être poussée.»
Actuellement, le pilote en action qui semble le plus impliqué dans les notions de sécurité est l’australien Mark Webber, qui ne se cache pas pour remercier Jackie Stewart pour tous les efforts consentis pour améliorer leurs conditions de pilote. Mais Webber estime qu’aucun pilote ne doit prendre un tel rôle et que l’impératif d’améliorer constamment la sécurité est maintenant universellement accepté : «Cela a été accepté, grâce au travail de Jackie toutes ces années. De toute évidence, certains changements énormes ont été faites et il y a certains marqueurs clés de l’histoire de la F1 où la sécurité a fait un bond en avant. À l’ère de Jackie puis Imola 1994 par exemple.
Nous avons toujours besoin de continuer à apprendre et nous ne sommes jamais assez arrogants pour mettre la tête dans le sable et dire que la catégorie est parfaite à ce niveau.»
Mais l’australien refuse d’endosser le rôle d’unique défenseur de la sécurité pour sa discipline : «Je ne ferais sûrement pas ca tout seul. J’aimerais avoir beaucoup de gars de différents âges, de ma génération, et des plus jeunes, comme Jaime Alguersuari par exemple. Il y a beaucoup de pilotes qui peuvent aider le sport à prendre connaissance de ce qui s’est passé parce que ce sont des rappels important pour nous.»
Cependant, Mark Webber ne changera pas son approche du pilotage ce week end : «Quand je serais au volant de la voiture demain, je vais encore me sentir en sûreté et à l’aise pour pousser la voiture aussi fort que je peux. Il y a aura toujours un élément de risque à cause de la vitesse parce que vous êtes en compétition contre d’autres personnes. Une simple erreur de jugement, d’un autre pilote ou d’un mécanicien, et vous pouvez vous blesser.»
L’australien, ainsi que Jenson Button, qui ont tous deux couru avec Wheldon dans des formules de promotions, rendront un hommage au pilote décédé à travers des messages inscrits sur leur casque respectifs ce week-end en Inde.