Warwick et Stewart espèrent que Grosjean servira d’exemple
Alors que Pastor Maldonado juge que les commissaires sportifs sont aujourd’hui plus intransigeants que par le passé, Derek Warwick et Jackie Stewart s’en félicitent. Pour sa part, Emanuele Pirro, qui officiera en tant que commissaire-pilote à Monza, estime que les décisions pourraient gagner en cohérence et les commissaires en professionnalisation.


Si la sanction infligée à Romain Grosjean agite les passions, après qu’il ait été jugé responsable de l’accident survenu au virage de la Source, lors du Grand Prix de Belgique, certains se félicitent de la sévérité dont la FIA semble enfin décidée à faire preuve face au comportement de certains pilotes. Ainsi, Derek Warwick, abonné au rôle de commissaire-pilote, pense que la suspension de Romain Grosjean est un signal fort envoyé à tous les pilotes : « Si quelque chose que l’on considère comme dangereux se produit, alors je pense que les commissaires sportifs doivent pouvoir agir comme ils l’ont fait à Spa, où ils ont absolument eu raison. Romain est un super pilote, rapide et bon en course lorsqu’il passe le premier tour. Mais nous avons disputé douze courses et je crois qu’il a eu sept incidents durant le premier tour. La suspension était justifiée. […] Espérons que d’autres personnes apprendront ce qu’il peut leur arriver. Je pense que tous les pilotes, et je me fiche de savoir si c’est Lewis Hamilton, Fernando Alonso ou Sebastian Vettel, ne sont pas à l’abri d’être suspendus pour une ou deux courses. »
Pour Jackie Stewart, qui avait <a href="/f1/actualite/13638-jackie-stewart-croit-en-grosjean-et-lui-offre-ses-conseils.html" target="_blank" title="Jackie Stewart croit en Grosjean et lui offre ses conseils">proposé ses conseils à Romain Grosjean</a>, le Français peut même s’estimer heureux de son sort : « Je pense que la seule chose qui fait réagir les pilotes de course, c’est de ne pas être autorisé à courir. En ce qui concerne les pénalités financières, je pense franchement que la plupart d’entre eux se font suffisamment d’argent pour les payer. […] La suspension touche à ce qui compte le plus et leur fait savoir ce qu’ils ne doivent pas faire. Je pense que c’est la décision juste et, d’une certaine manière, Grosjean peut s’estimer heureux de ne pas avoir été suspendu deux courses parce qu’il y a eu trop d’incidents en une saison. »
Côté pilotes, Pastor Maldonado, qui a déjà écopé de sept pénalités pour des incidents de course, estime quant à lui que les commissaires sont trop sévères : « Cette année, ils semblent plus durs, pas seulement avec moi, mais avec tout le monde. C’est comme s’ils n’aimaient pas les contacts en course et qu’on flirte un peu avec la limite. [Mais] nous devons respecter ça. » Le Vénézuélien estime cependant qu’il faut du temps pour s’adapter au durcissement des sanctions : « A chaque fois que vous êtes sur la piste, il faut évaluer la situation. […] C’est difficile de dire aujourd’hui ce que je vais changer, j’ai besoin de davantage réfléchir et évaluer la situation dans la voiture. » Et le pilote Williams d’ajouter : « Nous devons nous adapter aux commissaires et c’est tout. »
Emanuele Pirro, qui officiera en tant que commissaire-pilote à Monza, reconnaît cependant qu’il y a sans doute des améliorations à apporter au sein du collège des commissaires et que les décisions peuvent varier en fonction des personnalités qui y figurent : « [Personnellement], je cherche à participer et à mettre à disposition mon expérience qui, en certaines occasions, peut être très utile : il y a des pilotes qui apportent leur personnalité et d’autres qui sont plus discrets. Mais il y a une liste des choses qui ne sont pas permises aux pilotes de faire. »
Pour l’Italien, même s’il existe un suivi course après course, avec la transmission d’un dossier complet et confidentiel pour expliquer les décisions du précédent Grand Prix, le rôle de commissaire sportif pourrait devenir davantage professionnel : « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que ce soit toujours le même pilote qui officie, mais un groupe restreint de trois ou quatre pilotes, qui se tiennent mutuellement informés et qui se mettent continuellement à jour. De cette façon, nous pourrions avoir une certaine cohérence dans les décisions. »
Une "professionnalisation" du rôle de commissaire se justifierait d’autant plus que la tâche est complexe. Emanuele Pirro évoque notamment la difficulté qu’impose la lecture des relevés télémétriques, souvent utilisés par les commissaires dans leur prise de décision : « Je ne dirais pas qui, mais une écurie avait apporté une télémétrie agrandie : sur le tracé, deux km/h semblaient en faire 20. Ils ont essayé, mais comme j’étais présent, ça s’est mal passé. » Et le quintuple vainqueur des 24 heures du Mans d’ajouter : « Avant de prendre une décision, il est indispensable de se mettre à la place du pilote que l’on convoque. Dans certains cas, j’ai entendu des explications qui ne tenaient absolument pas debout, mais dans d’autres cas, les pilotes ont donné des explications détaillées pour expliquer les raisons de leur manœuvre. »
Concernant l’accident de Romain Grosjean, l’Italien est bien évidemment tenu au droit de réserve, en tant que commissaire-pilote, mais semble compréhensif sur la situation qui a causé l’accident : « De mon point de vue de pilote, je peux dire immédiatement si un départ est bon ou pas, dès qu’on lâche l’embrayage. Avec un bon départ, on regarde généralement devant, alors que si la mise en route est hésitante, on regarde derrière… »