Kym Illman, le photographe F1 passionné par le drama et les pilotes
F1. Rencontre avec Kym Illman, le photographe du paddock qui a su séduire les réseaux sociaux en mettant en avant les pilotes dans le paddock et leur vie, plutôt que leur résultats sportifs. Une niche qu'il est un des seuls à occuper dans le milieu des photographes de F1.


Le voilà de nouveau en action. Sous le soleil de Bahreïn, alors que les pilotes ont retrouvé le volant, Kym a, lui, retrouvé son appareil photo. Cet Australien a profité du "boom" de la F1 pour faire des circuits sa principale muse. « J’ai commencé la photographie et j’ai pensé que la F1 était un bon moyen de faire beaucoup de photos et faire partie d’un sport qui est à son sommet dans le monde. C’est la raison qui m’a fait commencer. »
Lui même pilote de rallye en 2005, il a transformé sa passion pour les sports automobile en un métier à part entière. « J’adore les sports moteurs. Ce n’est pas mon premier amour mais j’adore la passion autour de ça, le drame qu’il peut y avoir, les émotions et faire partie de quelque chose qui grandit aussi vite, je ne pense pas que j’aurais pu choisir un meilleur moment pour commencer. »
Businessman avant-tout
Pourtant il a eu une vie bien différente avant la F1 « J’ai travaillé en banque puis en radio 5 ans et ensuite je suis partie à Perth pour faire ingénieur audio pendant 2 ans et merci, ils m’ont viré ce qui m’a fait lancer ma société en 1998, Messages On Hold, qui a été un vrai succès avec 90 employés qui y travaillent maintenant. C’est un bon business et j’ai dit à mon management que j’allais essayer la F1. » Ce changement de vie a débuté en 2017, date de sa première accréditions pour les essais hivernaux de Barcelone. « Je me suis dit que c’était peut être assez pour commencer, une journée, et puis j’ai déposé une demande à la FIA en leur montrant ce que je pouvais faire et en leur demandant d’être accrédité 6 mois. »
Il demande finalement une accréditation sur plusieurs mois à la FIA en expliquant sa volonté d'adopter une couverture innovante de la compétition. La FIA a manifestement apprécié ce qu'elle a entendu puisqu'elle a approuvé. A cette époque, Liberty Media vient juste de reprendre les reines de la F1 à Bernie Ecclestone. Les responsables américains plus ouverts sur les médias moins traditionnels ont donc accepté, ce qui semblait pourtant totalement impossible quelques saisons plus tôt, sous l'ère Ecclestone. « Je ne pense pas que j’aurais eu la chance de le faire lors de la période de Bernie Ecclestone, c’était trop fermé. »
« J’ai juste essayé. J’aime le fait de proposer quelque chose de différent. “Voici ce que je peux faire pour votre sport” et je pense que je suis tombé au bon moment. Je proposais de faire des choses que personne ne faisait. Je ne sais pas pourquoi ils ont dit oui mais je sais que la personne qui l’a fait a pris la meilleure décision de sa vie car à l’époque personne ne faisait le contenu que je fais, » rigole t il. Depuis, Kym ne rate pas un Grand Prix. « Je suis dans ma 5ème saison vu qu’en 2020 personne ne pouvait aller sur les Grand Prix à part 10 ou 20 photographes. J’ai seulement manqué 4 courses depuis mes débuts. »
Montrer les pilotes plus que les scènes de course
L’humain. Voici sa marque de fabrique. Son truc à lui c’est de photographier la vie des pilotes en coulisse et la partager presque en direct avec sa communauté sur les réseaux sociaux. « J’essaie de faire des choses rapides, comme parler des casques des pilotes, qui sont les attachés de presse ou les voitures personnelles des pilotes quand ils sont chez eux. Les fans de F1 veulent tout savoir. La couleur des sous-vêtements que Max Verstappen portait aujourd’hui, qui sort avec qui… donc ça permet aux gens de se dire qu’ils auront ces informations sur mon Instagram ou sur mes vidéos. »
« J’ai maintenant 900 000 followers (NDLR : en cumulant les réseaux sociaux) et personne ne faisait ce que je fais. Ils faisaient tous les voitures en piste, ce qui est bien sûr de la photo de F1 mais il y en a tellement que je ne serais jamais le meilleur photographe de voiture. Par contre j’ai un bon niveau en marketing via mon expérience. J’ai monté des entreprises qui ont très bien fonctionné en Australie et je comprends ce que les gens veulent et je leur donne. Peut être que j’ai été chanceux de trouver une niche où personne n’était encore présent. »
Un métier difficile financièrement
S’il reconnaît donc qu’il a eu une bonne étoile il affirme également ne pas compter ses heures pour réussir à vivre dans ce monde onéreux. « Si ça n'avait pas marché ils n’auraient pas eu grand chose à perdre de toute façon, mais il n’y a personne qui passe plus de temps que moi dans le paddock. Je suis souvent là avant tout le monde et je pars souvent après tout le monde. Je suis un freelancer, donc j’ai aussi tout intérêt à faire de mon mieux pour financer cette activité qui coûte tellement cher. »
Kym Illman est passionné par son métier et sa présence dans le paddock. Cela se voit et il ne compte pas ses heures pour en arriver là. « Je travaille parfois pour quelques pilotes et clients commerciaux, je fais des vidéos sur Youtube, je vends des bouquins de photos, sur chaque course ; trois heures après la course ; un livre photo est disponible. Personne n’a jamais fait ça. Je fais aussi des présentations et j’ai parfois des sponsors dans mes vidéos. Mon modèle est vraiment différent des autres photographes. »
Son objectif cette année, est de faire évoluer sa chaîne YouTube afin de proposer une expérience encore plus immersive à ses fans. « Ma croissance cette année sera sur YouTube et je serais ne pas surpris d’atteindre les 400 000 abonnés. J’ai un autre éditeur qui m’aide et je suis en train de mettre en place un outil avec une Intelligence artificielle. Ce que les gens veulent c’est des “behind the scenes”, et les gens veulent voir ça vite. »
Pourtant, il nous confie une anecdote étonnante. « Je ne connais rien aux Formule 1, absolument rien. Je ne suis pas bon sur la technique même si j’apprends au fur et à mesure. Donc c’est pas grave si je n’en parle pas. »
Retrouvez l'interview complète de Kym Illman d'ici quelques jours.