Comment fabrique-t-on un casque de Formule 1 ?
Lors de notre visite de l'usine Bell Racing, située à Bahreïn, nous avons eu l'opportunité de plonger au cœur du processus de fabrication des casques de Formule 1. Mélangeant technologie moderne et savoir-faire traditionnel, explorez les étapes essentielles de ce processus qui transforme des matériaux bruts en casques performants et sur mesure.


Motors Inside a eu l'opportunité de visiter l'usine de Bell Racing à Bahreïn, à quelques pas du circuit de Sakhir. Lors de cette visite, nous avons découvert le processus de fabrication des casques de Formule 1. On vous explique tout.
Scanner la tête du pilote
La première étape dans la conception d'un casque de Formule 1 consiste à réaliser un modèle sur-mesure. Pour ce faire, Bell propose deux méthodes pour scanner la tête du pilote.
Des scanners portatifs permettent de prendre les mesures avec un résultat assez précis, mais moins qu'avec un scanner fixe. Lorsque les pilotes ou les équipes sont en déplacement, Bell peut ainsi scanner la tête d'un pilote depuis sa chambre d'hôtel et envoyer les fichiers à l'atelier de Bahreïn.
La deuxième solution est de faire venir le pilote à l'usine, à Bahreïn et de lui scanner la tête pour obtenir une image 3D extrêmement précise.
Créer les feuilles de carbone
La coque d'un casque de pilote de F1 doit être la plus légère possible tout en étant résistante. Actuellement, le meilleur matériau pour cela reste le carbone. À partir de billes de carbone, comme celles visibles sur cette image, les plaques de carbone sont fabriquées par injection et sous pression.
Superposer les feuilles de carbone
Ces plaques seront ensuite superposées en différentes couches, comme sur l'image ci-dessous.
Puis découpées avec des patrons en métal, comme le ferait un fabricant de canapé en cuir ou de textile. Chaque morceau de carbone sera ensuite assemblé selon un procédé et un sens particulier.
Mouler la coque (le liner)
Les feuilles sont ensuite assemblées et insérées dans un moule afin d'être soumises à de fortes pressions. Elles sont ainsi plaquées contre le moule et vont cuire dans un four dit autoclave pour figer le carbone sous la forme d'un casque.
Chaque plaque sont ainsi ajoutée autour du moule pour former le casque autour de ce moule avec de la colle. Le casque est composé comme un puzzle et collé avec tous les différents morceaux joints ensemble.
Préparer la coque
Une fois le casque cuit et solidifié, il va être nettoyé de ses défauts et préparé pour les étapes suivantes. La partie de la visière sera ainsi découpée et ébavurée.
C'est à ce moment là également que le casque est préparé pour accueillir les différents supports de visière en métal, le support de Hans (le système d'attache pour solidariser le Hans avec le casque) ainsi que l'espace pour positionner les oreillettes ou encore le système de boisson, selon les spécifications demandées.
Ajouter la mousse
Une mousse est insérée dans la coque avec différente densité et différentes épaisseurs selon l'emplacement dans le casque. Bell dispose d'au moins 4 épaisseurs différentes pour ajuster le confort et les pressions du casque sur la tête du pilote.
La mousse est ainsi sculptée à la tête du pilote si il a réalisé un scan 3D ou alors selon les dimensions standards. La mousse est ajustée manuellement par les employés de Bell pour correspondra parfaitement aux points de pression attendus sur les zones du crane. Par exemple certains pilotes qui ont plus de chevelures que d'autres, ont une mousse de densité différente et retravaillée en fonction de la zone où les cheveux prennent plus de volume.
La peinture
Avant d'être peint, un casque de Formule 1 doit passer par une étape de sablage. Ce processus consiste à traiter la surface du casque avec un jet de sable ou de particules abrasives, créant ainsi une texture rugueuse qui favorise l'adhérence de la peinture et des autocollants. En améliorant l'accroche, le sablage assure une finition durable, essentielle pour résister aux conditions extrêmes des courses et aux impacts potentiels.
Une fois cette étape réalisée, une couche de primer est appliquée pour garantir une couleur uniforme et éviter l'écaillement de la peinture. La peinture est ensuite appliquée en plusieurs couches, permettant de réaliser des motifs complexes grâce à des techniques de masquage.
Pour préserver la protection offerte par la coque en carbone, seuls des revêtements acryliques ou en émaux polyuréthane peuvent être utilisés, conformément au Code sportif international de la FIA.
Chaque couche de peinture doit sécher complètement, ce qui peut nécessiter un passage dans un four pour assurer une finition homogène. Une fois la peinture achevée, un vernis est appliqué pour protéger le design et lui donner un éclat brillant, tout en augmentant la résistance aux rayures et aux conditions difficiles rencontrées sur la piste.
Pour décorer le casque, le pilote présente ses idées de design à un graphiste, qui s'occupe de les réaliser. On utilise généralement des décalcomanies à l'eau, car elles permettent de réduire le poids d'environ dix grammes.
Chez Bell, une partie des peintres se trouvent directement dans l'usine de Bahreïn, quand d'autres sont toujours en Belgique. Selon les pilotes également, qui ont leur propre peintres, les casques sont directement envoyés vierges aux peintes puis récupérés pour remontage.
Les attaches du Hans et de la boucle
Chaque casque FIA est équipé d'attache pour recevoir le système Hans, qui permet de maintenir la tête du pilote solidaire des épaules et donc d'éviter le coup de lapin.
Ces fixations en métal sont ajoutées après la peintures.
La boucle de fermeture du casque est également ajoutée à ce moment là, afin de permettre d'attacher le casque du pilote.
La visière
La fabrication de la visière d'un casque de Formule 1 est un processus détaillé qui combine sécurité et clarté visuelle. Tout commence avec du polycarbonate, un matériau léger et résistant, qui est chauffé et moulé pour obtenir la forme courbée nécessaire.
Après cela, la visière reçoit un traitement de surface pour la rendre plus résistante aux rayures, et des filtres peuvent être ajoutés pour protéger les yeux des pilotes contre les UV ou améliorer la visibilité dans certaines conditions. Avant d'être montée sur le casque, chaque visière est soumise à des tests rigoureux pour s'assurer qu'elle respecte les normes de sécurité de la FIA.
Enfin, elle est fixée au casque à l'aide de systèmes de fixation spécifiques, permettant un remplacement rapide si besoin. Ce processus garantit une protection efficace tout en offrant aux pilotes une vision claire pendant la course.
Et voilà, après avoir dépensé entre cinq et sept mille euros et attendu sept jours, vous êtes maintenant l'heureux propriétaire de votre casque de F1 personnalisé.