Que se passe-t-il chez Alpine ?
La menace Colapinto pour Jack Doohan. Un départ mouvementé pour Esteban Ocon. Ryo Hirakawa qui file chez Haas. En quelques mois, Alpine a connu de gros changements qui suscitent l'interrogation de plusieurs observateurs du paddock.


Est-ce une crise ? Potentiellement. Depuis l'été dernier, Alpine a beaucoup fait parler d'elle. L'écurie tricolore aux attaches britanniques de plus en plus prononcées a été au cœur de nombreux articles de presse. Et pas forcément en bien.
Il y a d'abord eu la crise des moteurs avec l'annonce de l'abandon du moteur 2026 alors que celui-ci était à un stade très avancé. Avec, en prime, une incertitude pour de nombreux employés du site de Viry-Châtillon. Grève, mobilisation à Monza, prise de paroles de députés, cette affaire avait fait couler beaucoup d'encre.
La mise à l'écart de Bruno Famin, qui est réputé pour que tout file droit, mais dans une atmosphère détendue, a aussi interrogé. Tout comme le licenciement d'Otmar Szafnaueur un peu plus tôt. L'arrivée d'Oliver Oakes en tant que team principal en a inquiété plus d'un.
Pendant ce temps, les performances en piste étaient loin d'être celles annoncées par la marque. Pour rappel, Alpine souhaitait jouer aux avant-postes très rapidement. Mais au final, l'écurie se battait plus pour intégrer la zone des points. Le double podium au Brésil a permis de calmer un peu le départ de feu en interne, permettant au passage de gagner plusieurs millions grâce au classement constructeurs au terme de la saison.
La fin de l'exercice, parlons-en. Au Qatar, de nombreuses rumeurs avançaient qu'Esteban Ocon n'allait pas terminer la saison. Une information surprenante puisqu'il ne restait qu'une seule course au calendrier. Les adieux déguisés au micro de Canal + ont renforcé cette thèse malgré le discours naïf d'Oliver Oakes qui assurait n'être au courant de rien. Finalement, les rumeurs étaient bien fondées puisque le Français a été écarté avant la course à Yas Marina.
Le facteur Flavio Briatore
À sa place, on a placé un Jack Doohan en manque de confiance qui a eu du mal à se mettre dans le bain. Cette saison, c'est encore le cas même s'il y a du mieux au niveau des chronos. Cependant, le fils de la légende du MotoGP commet trop d'erreurs et a mis dans le mur à deux reprises sa monoplace. Il est certes rookie mais ce sont deux erreurs gravissimes, notamment au Japon.
Plus récemment, le cas Ryo Hirakawa questionne. Le pilote Toyota en endurance, qui était au volant de l'Alpine lors de la première séance d'essais libres à Suzuka, a été annoncé comme réserviste chez Haas pour le reste de 2025 à peine trois jours après. Totalement libéré de l'équipe française, le Japonais va pouvoir grimper dans la voiture américaine dès Bahreïn en essais libres. Ce qui surprend, c'est qu'il avait rejoint l'escarcelle de pilotes d'Alpine en fin de saison dernière. La structure d'Enstone n'a pas commenté cet acte, mais cela soulève une question. Les liens entre Toyota et Haas ont-ils joué un rôle clé dans ce transfert ? Probablement.
Le programme Rac(H)er
Depuis près d'un an donc, des agissements particuliers ont donc lieu chez Alpine. De l'extérieur, cela donne une impression de malaise, et d'une situation ni stable, ni saine. Sans incriminer qui que ce soit, cela corrobore avec un événement. Le retour de Flavio Briatore. L'Italien est réputé pour un management dur et une envie de gagner, et ce, peu importe la manière. Il n'y a qu'à regarder ses mots envers Jack Doohan dans Drive to survive quand il lui fait signer son contrat.
L'ancien de chez Benetton a visiblement pris le contrôle de tout ce qu'il se passe en interne et impose sa loi. Le départ d'Esteban Ocon n'y est d'ailleurs pas anodin. L'Australien est d'ailleurs plus que sous pression et est menacé par un Franco Colapinto prêt à grimper dans le baquet.
Fondé en 2023 en grande partie par l'ex-DRH d'Alpine, Claire Mesnier, le programme Rac(H)er qui visait à inclure des femmes dans le sport automobile en a pris un coup. D'après nos informations, ce serait Flavio Briatore qui aurait mis fin au contrat de Sophia Flörsch. Abbi Pulling, championne en titre de la F1 Academy, a pris la poudre d'escampette. La Française Lisa Billard a pris la direction des Iron Dames.
Malgré tous ces éléments, plusieurs personnes de chez Alpine nous avaient assuré, dans le dernier tiers de la saison 2024, que tout se passait bien. Que la situation n'était pas difficile à gérer. Mais ces affirmations ont de quoi interroger. Alors est-ce que l'écurie prépare un gros coup ? Il serait temps, car après une longue période de disette, le A fléché, au vu de ses moyens et de ses partenariats prestigieux, doit revenir sur le toit de la F1. Surtout après près de dix ans de promesses.