Grand Prix d’Espagne : la FIA durcit les tests de flexibilité des ailerons avant
La Fédération Internationale de l'Automobile introduit ce week-end à Barcelone une nouvelle batterie de tests de rigidité sur les ailerons avant. Une décision technique qui pourrait rebattre les cartes, en ciblant les équipes qui ont le plus exploité la déformation contrôlée des appendices aérodynamiques.


C’est un changement discret, mais lourd de conséquences : à partir du Grand Prix d’Espagne 2025, les ailerons avant devront désormais répondre à des critères de rigidité plus stricts. La FIA applique ce durcissement en vertu des articles 3.15.4 et 3.15.5 du règlement technique, avec des tests mécaniques plus exigeants.
Trois types de tests sont concernés :
-Une force verticale de 1000 N est désormais tolérée pour une déformation de 15 mm au lieu de 20 mm.
-Avec deux charges symétriques de 1000 N, la déformation maximale passe de 15 mm à 10 mm.
-Enfin, une force de 60 N appliquée sur les flaps supérieurs ne devra plus provoquer plus de 3 mm de flexion, contre 5 mm auparavant.
Ce dernier test est le plus révélateur, selon les experts, car les caméras embarquées ont souvent montré les volets supérieurs se baisser à haute vitesse puis se relever au freinage, un comportement aéroélastique qui modifie activement le comportement de la voiture, en dépit du règlement.
Des ailerons qui fléchissent sans enfreindre le règlement
Ce durcissement n’est pas une surprise. Depuis un an, les ailerons flexibles ont fleuri dans le paddock, avec un objectif précis : générer de l’appui à basse vitesse sans pénaliser la voiture à haute vitesse, où un surplus de charge peut entraîner du survirage ou de la traînée.
Les ingénieurs ont donc développé des solutions qui fléchissent subtilement selon la vitesse, en exploitant les propriétés mécaniques du carbone. Ces pièces n’étaient pas mobiles au sens strict, ce qui leur permettait de passer les tests FIA en vigueur jusqu’ici. Mais des capteurs et caméras utilisés depuis Spa 2024 ont mis en évidence des déformations trop importantes, notamment sur les flaps.
Certaines équipes comme Red Bull et Ferrari ont même saisi la FIA à plusieurs reprises, convaincues que des rivales profitaient d’un flou réglementaire pour gagner en performance.
Qui pourrait perdre ou gagner avec ces nouvelles règles ?
Ce nouveau cadre pourrait faire plus de mal que de bien à certaines écuries. Celles qui ont fortement misé sur l’aéroélasticité, comme Mercedes ou McLaren, risquent de devoir modifier en profondeur la conception de leurs ailerons avant.
En revanche, Red Bull et Ferrari, qui ont conservé des solutions plus rigides, devraient être moins affectées, voire avantagées à court terme. Même si la plupart des ingénieurs assurent que leur matériel est conforme, la marge de manœuvre est réduite, et les équipes devront prouver leur bonne foi face à des tests plus intrusifs.
Selon la FIA, les équipes avaient trois mois pour adapter leurs designs, un délai considéré suffisant. Mais dans une discipline où chaque millimètre compte, cette évolution pourrait impacter l’équilibre global des voitures.
Une guerre technique relancée à Barcelone
En surface, rien ne semble changer. Mais sous les carrosseries, l’univers ultra-précis de l’aérodynamique est en pleine mutation. Cette mesure, imposée après des mois de surveillance, pourrait remettre en jeu certains équilibres. Et offrir, peut-être, une opportunité aux équipes les plus rigoureuses. Sur une piste aussi complète que celle de Barcelone, la vérité technique se lira dans les chronos, et dans la poussière soulevée par ceux qui auront mal anticipé.
Ce WE là nouvelle TD sur les ailerons avant entre en vigueur
C’est quitte ou double soit on s’en tire pas trop mal avec notre nouvel aileron additionné au reste du package qui arrive à Barcelone
Soit on se fait foudroyé par la TD et la saison va être longue#F1 #SpanishGP pic.twitter.com/nT4EzPkG2U
— Mercedes-AMG F1 Fan France🇨🇵 (@MercedesFRteam) May 28, 2025