Un podium arrivé plus vite que prévu pour Alpine à Fuji

Alpine, par l'intermédiaire de la #36, a obtenu son premier podium, à Fuji, avec son Hypercar en championnat du monde d'endurance. Avec ce résultat, l'écurie a franchi une étape majeure de son programme. Une situation qui pourrait faire de l'équipe de Philippe Sinault un sérieux concurrent pour la suite.

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Un podium arrivé plus vite que prévu pour Alpine à Fuji

Au Japon, Alpine a été magistrale. Entre les qualifications et la course, l’écurie française ne pouvait pas espérer bien mieux comme résultat. La #36 a offert un premier podium en championnat du monde d’endurance. Même si, sur le papier, la #35 était mieux placée. Mais une pénalité en fin de course est venu tout gâcher. Philippe Sinault, le patron d’Alpine endurance revient sur le week-end nippon.

Ce premier podium, que représente-t-il aux yeux d’Alpine ?

Au global, je ne sais pas. Mais pour notre environnement, notre équipe et notre projet, beaucoup. Il arrive plus tôt que ce que nous avions imaginé, il faut le reconnaître. Mais il vient quand même concrétiser des signaux forts depuis Sao Paulo sur une bonne dynamique que l’on essaye d’entretenir et que l’on a entretenue à Austin et à Fuji.

On a beaucoup progressé. On comprend bien mieux la voiture. Le résultat est là pour l’attester. On peut jouer avec les autres. Il y a tellement de paramètres à appréhender qu’il nous a fallu du temps, mais légitimement. Ce n’est que notre première année. Il a fallu digérer toutes les informations.

On a su saisir cette opportunité qui s’est présentée à nous. Elle ne doit rien au hasard sur les faits de course. Elle a été construite puisque les deux voitures étaient en mesure de jouer le podium. Le podium de la #36 vient récompenser le travail de la #35. Le terme est galvaudé mais c’est un moment à marquer d’une croix dans la vie du projet. On a repris notre ligne de progression et on a retrouvé de la sérénité dans notre travail.

Quand on regarde la course, avec le rythme des deux voitures, tout laisse penser qu’Alpine aurait pu terminer troisième et quatrième

Oui, après avec des si… Mais en réalité, c’est le virtual safety car qui nous coûte beaucoup car à ce moment, la #35 n’a plus besoin de s’arrêter alors que la Porsche et la BMW devaient s’arrêter faire un splash. Quand on sait que c’est 30 secondes le passage aux stands, ça laisse imaginer de belles choses.

Une voiture « bien née »

Ce qu’il faut retenir, c’est que les deux voitures étaient dans le coup. On a fait une course très propre où il y a eu du chahut (pour la #35). Je pense qu’il va falloir s’habituer à ce que ça chahute au fond de la classe. On va l’intégrer de façon un peu plus claire (rires).

Comment l’écurie est parvenue à progresser et à comprendre la voiture. Car vous êtes passés de lutter pour les points à jouer le Top 5 et là, le podium ?

La voiture est bien née. Si les résultats ne se sont pas présentés avant, ce n’est pas du fait du package technique. C’est plutôt du fait de l’équipe car il nous a fallu un temps d’apprentissage. Ce n’est pas un défaut ou une faille. C’est le cheminement du projet. Il y a tellement de paramètres à appréhender, c’est tellement différent de ce que nous avons pu connaître par le passé. Il y a le système d’hybridation, le power legal pour rester dans la réglementation. Aussi les pneus, la mise en température, le choix des gommes. Maintenant, on gère mieux ces paramètres.

Bahreïn arrive dans un peu plus d’un mois. Que peut-on attendre d’Alpine là-bas. Est-ce un circuit favorable à l’A424 ?

Je crois qu’aujourd’hui, avec le set up de base, il n’y a plus de circuits qui conviennent ou qui ne conviennent pas à la voiture. Je pense que la voiture, avec ce que l’on en connaît, dès que l’on va la poser par terre, elle va être dans le coup. Elle ne va pas être hors cadre comme à Imola où on a mis beaucoup de temps à réintégrer le groupe. Avec notre niveau de connaissance, ça ne devrait plus arriver.

« Quand on regarde la liste des pilotes, tu sais qu’il n’y a pas de peintre, que des bons. Donc, tu te dis que c’est un championnat qui devient très ouvert. Tous les constructeurs ont mené une course cette année. »

Maintenant, il ne faut pas tomber dans le piège. Ce podium à Fuji, on l’apprécie, mais il n’est pas entre guillemets, normal. Dans notre progression, il n’était pas considéré comme réalisable. Il faut garder les pieds sur terre. On a encore du travail pour jouer les podiums régulièrement. Terminer les courses avec les deux voitures. Et la logique voudrait que l’on soit dans les points. Sachant qu’à Bahreïn, le vrai problème, c’est la dégradation des pneus.

C’est un problème qui va toucher tout le monde

Tout à fait. Nos concurrents ont plus d’expérience sur ce sujet même si j’ai la prétention de dire que l’on a passé un step et que l’on a compris pas mal de choses.

En analysant la saison, on voit que Toyota et Porsche se détachent du lot. Mais des constructeurs comme Alpine, Cadillac avec sa pole, et Peugeot, avec son résultat à Fuji, peuvent aussi se mêler à la lutte pour le podium. Est-ce de bon augure pour 2025 pour avoir une compétition encore plus rude et disputée ?

C’est exactement ça. Quand on regarde Fuji, ce que je retiens, c’est le niveau de performance et l’homogénéité du plateau. Mais de tout le monde. Au début de course, on se bagarre avec la Lambo. En milieu de course, on est avec les Peugeot. Et le rythme de chacun, à un moment de la course, avec les pneus et le niveau d’essence, a été ultra-performant. Il y a un regroupement du niveau de performance de chacun. Quand on regarde la liste des pilotes, tu sais qu’il n’y a pas de peintre, que des bons. Donc, tu te dis que c’est un championnat qui devient très ouvert. Tous les constructeurs ont mené une course cette année.

Le cadre technique et la réglementation commencent à être matures. Ce sont de très bon signaux que l’on envoie et Fuji est l’expression la plus aboutie de ce que va être le WEC en 2025. Ça va juste être fantastique.

À plusieurs reprises, Jules Gounon a pris le volant de l’Alpine. Que peut-on retenir de son travail et de son investissement ?

D’abord, je lui dis merci. Il n’a pas pris ça comme un programme en plus de celui qu’il a par ailleurs. Il a fait preuve d’une réelle implication et d’un vrai engagement. Ça n’a pas été facile pour lui d’arriver. Surtout dans un contexte comme celui-là où il a remplacé Ferdi (Ferdinand Habsbourg, victime d’un accident qui lui a fracturé deux vertèbres). On reste tous des hommes. Il n’était pas prêt pour les deux courses avant Le Mans (Imola et Spa).

Jules Gounon au volant à Bahreïn ?

Notre programme avec lui était clair. Dès qu’on pouvait le faire rouler, on le faisait. Fuji, on avait écrit très en amont qu’il viendrait en soutien de Paul-Loup (Chatin). Même avec le remplacement de Ferdi, on a tenu à le faire rouler et tenir nos engagements.

Je ne sais pas si vous avez vu, mais les chronos étaient très bons. C’est au niveau. On n’avait aucun doute. C’est mieux en le faisant et il l’a fait. Il a une approche avec beaucoup d’humilité. C’est appréciable. Il a rempli toutes les cases à Fuji. On commence à avoir un pilote mature.

Nos confrères de Motorsport.com ont annoncé qu’il serait au volant à Bahreïn. Pouvez-vous en dire plus ?

Non, je n’ai pas le droit de dire quoique ce soit. Mais bien évidemment, on est en réflexion. Au moment où on se parle, mon sujet ce sont les pilotes. Il y a la période des vendanges et la période des pilotes. Normal, on est en septembre (rires).

On se pose beaucoup de questions et on étudie toutes les alternatives dans l’intérêt du projet. On est en réflexion, mais on va sortir du bois très vite.

Quid de l’IMSA ?

Est-ce que le travail pour 2025 a déjà commencé ? Que ce soit pour la line-up ou d’éventuelles évolutions pour la voiture.

Pilotes 2025, oui, on a commencé. Depuis Le Mans. Mais pas que pour les pilotes, c’est à tous les niveaux. Que ce soit l’équipe, niveau sportif, même en organisation. On a une organisation aujourd’hui, qui va évoluer pour être meilleur en 2025. On a fait un premier bilan à la fin de cet été pour dresser les points forts, là où on doit progresser. Il y a beaucoup de sujets.

Pour les pilotes, on travaille sur 2025, oui. Mais aussi 2026. On a la chance avec Alpine d’avoir cette visibilité au moyen/long terme. Donc, on pose les jalons pour la suite du projet.

Lors de la présentation de l’A424, Bruno Famin (directeur d’Alpine motorsport) évoquait l’arrivée en 2025 d’Alpine en IMSA. Est-ce toujours d’actualité ?

Il faudrait poser la question au commerce d’Alpine. Si un jour, il y a la présence d’une A424 en Alpine, elle doit être corrélée à une activation commerciale ou une stratégie commerciale. Ce n’est pas mon sujet aujourd’hui.

Mais si demain Alpine décide d’aller sur le continent américain pour vendre des voitures, on sera prêt. Mais le package technique sera éligible immédiatement. Si un jour, vous voyez une entry list à Daytona par exemple, que l’Alpine est là, vous allez dire « tiens, il y a un projet commercial derrière ». Le but est de ne pas faire un one-shot.

Si on me dit « tu vas aller courir en IMSA », je ne vais pas faire la fine-bouche, je vais y aller.

C’est un championnat très relevé et compétitif.

Clairement. Ce serait une belle motivation, mais il y a des codes différents de ceux du WEC. Mais si ça se présentait, on y irait avec beaucoup d’humilité. Mais honnêtement, ce n’est pas le sujet. On a tellement à faire en WEC, honnêtement. Ça prend du temps, je vous le promets.

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