Karen Gaillard, l’étoile montante des Iron Dames
Véritable travailleuse, Karen Gaillard joue, cette année, sur deux tableaux pour peaufiner son pilotage. Dans le giron Iron Dames depuis le début de l'année, elle estime avoir passé un cap. Elle vise aussi plus haut avec les 24 Heures du Mans en ligne de mire.


« C’est une vraie acharnée de travail. » Ces mots, ceux de Perrine Bouche, team manager du ANS Motorsport sont forts. Mais dans un autre sens, ils sont justes. Il n’y a qu’à se rendre dans le garage de l’équipe lors d’une manche d’Ultimate Cup pour s’en rendre compte.
À peine descendue de voiture, Karen Gaillard enlève son casque, sa cagoule. Elle jette un coup d’œil au tableau des chronos. Et là, la mine s’assombrit. Direction la table des ingénieurs pour tenter de comprendre pourquoi elle juge son meilleur temps moyen. « Je ne savais pas que j’étais en tête au moment de descendre. C’est la piste qui s’est améliorée à ce moment », explique la pilote.
Une bonne relation avec Frey, Gatting et Bovy
Le mot « acharnée » prend tout son sens quand elle détaille tout le travail qu’elle réalise en dehors des circuits. « S’il faut, je suis capable de rester deux heures à analyser les datas pour comprendre ce qui n’allait pas. Et pour savoir comment m’améliorer. » Une attitude qui enchante sa patronne. « Comme ça, elle va énormément progresser », reprend Perrine Bouche.
« Ce sont des paroles qui valent de l’or. Vraiment. »
Mais il n’y a pas que cet aspect qui l’aide. Depuis le début de la saison, elle est dans le giron des Iron Dames. Une véritable récompense pour la Suissesse de 22 ans. « Elle a passé un cap. » Engagée en Michelin Le Mans Cup, elle s’est tout de suite habituée à la Lamborghini GT3 toute rose. Elle qui, jusque-là, n’avait jamais pris le volant d’un tel bolide. Un gros changement donc avec la Midjet et la Vortex qu’elle a eu entre les mains précédemment et la Nova NP02 du team ANS cette année.
Avec la structure de Deborah Mayer, elle bénéficie d’un programme adapté. Préparateur physique, préparateur mental, nutritionniste, cours d’anglais… Tout est là pour l’accompagner. La faire grandir. Elle peut aussi compter sur le soutien de trois dames de fer engagées en championnat du monde : Michelle Gatting, Sarah Bovy et Rahel Frey. « Sur certains week-ends, on est sur le même circuit, donc on peut comparer nos données, échanger… » Ayant participé à l’une des courses support des 24 Heures du Mans, elle a passé une partie du double tour d’horloge dans le garage de l’équipe. Aux côtés des pilotes Lamborghini du Iron Lynx. « J’ai rencontré Daniil Kvyat, Mirko Bortolotti… C’était dingue. On a pu échanger. Ce sont des paroles qui valent de l’or. Vraiment. »
Un pas en ALMS ?
Motivée, déterminée, elle vise les sommets. L’IMSA, le WEC et l’ELMS sont dans son esprit. Mais pour le moment, les places sont prises. Une option pourrait s’ouvrir à elle. Grâce à l’Asian Le Mans Series (ALMS). Iron Dames a engagé une voiture dans ce championnat pour cette saison. Une seule fille a été confirmée, Michelle Gatting. Or, il en faut deux autres pour compléter la line-up. Karen Gaillard en fait-elle partie ? « Honnêtement, je ne sais pas. J’espère. C’est un championnat prestigieux. »
L’annonce devrait bientôt arriver. La première manche étant le 7 décembre en Malaisie. Mais une chose est sûre. La Suissesse se tient prête. Elle peut compter sur sa condition physique irréprochable. Cardio, boxe, renforcement musculaire… Elle enchaîne les exercices pour être au top de sa forme. « Ça vient de mon père. Il m’a dit que c’était très important. Je n’ai jamais eu de courbatures après une course. »
Bosseuse, ça, c’est sûr, elle l’est. Une mentalité qu’elle possède depuis l’école. Et qu’elle compte bien garder. Le travail, ce n’est que de cette manière que l’on atteint les sommets. « Elle le mérite », certifie Perrine Bouche. Alors, pari gagnant ?