« On va essayer de se battre devant », le Racing Spirit of Léman annonce ses ambitions au Mans
L'équipe française va tenter de surfer sur le bon résultat obtenu aux 6 Heures de Spa. Patrick Barbier, le fondateur du Racing Spirit of Léman se montre ambitieux.

Une première aux 24 Heures du Mans. Le Racing Spirit of Léman est engagé pour la première fois dans la plus grande course d’endurance au monde. Même si la structure de La Roche-sur-Foron connaît la piste grâce aux courses support, elle va découvrir un nouvel univers.
Comment jugez-vous le début de saison de votre équipe sur ces trois premiers meetings ?
Je dirais que c’est un début assez compliqué. Au Qatar, au Prologue, on a eu une sortie de piste en début de deuxième journée, donc pour la mise en confiance des pilotes et la mise au point, ça a été compliqué.
Le premier meeting n’a pas été à la hauteur de ce qu’on attendait. À Imola, on a entrevu une petite progression. Le déclic est venu à Spa avec la deuxième place en qualifications, avec le fait de rentrer dans les points, à certains moments, de pouvoir envisager un bon résultat dans les cinq premiers et même un podium. Après, les faits de course, ont fait que…
En termes de performances et de confiance, on a vu une très belle progression à Spa. La progression fait que l’on est quand même assez contents.
Que peut-on attendre du Racing Spirit of Léman aux 24 Heures du Mans ?
D’essayer de se battre devant. Je pense que l’on connaît l’Aston au Mans. C’est une voiture qui performe, c’est une voiture fiable. Après, on connaît Le Mans par tous ses aspects d’incertitudes, mais on vise un très bon résultat.
Le fait d’avoir couru ici dans des courses support peut vous aider sur l’appréhension de la piste ?
On a roulé en Michelin Le Mans Cup, là les conditions sont différentes. Il n’y a pas de longs relais comme sur les 24 Heures. Il n’y a pas de roulage de nuit. C’est différent. Je dirais que AMR a une grande expérience sur cette course. Leur appui est plus important que de notre expérience en Le Mans Cup.
Comment cela se passe pour les échanges avec AMR ?
C’est très constructif, il y a de très bons échanges. On apprend à se connaître, ce n’est pas évident de commencer une collaboration dans un championnat comme le WEC. Toutes les courses permettent d’avoir une belle progression, des échanges. Donc, que du positif.
L’arrivée en WEC a-t-elle changé les choses en termes d’organisation au sein du Racing Spirit of Léman ?
Ça change automatiquement des choses, car c’est un championnat mondial. Il y a beaucoup plus de logistique, de choses à préparer en amont. Donc, on a l’habitude de l’ELMS, du Le Mans Cup et des championnats nationaux ou européens.
Ce qui nous a beaucoup servi, c’est l’expérience 2019-2020 (où l’équipe a supporté techniquement le Cool Racing, NDLR). Mais je dirais que le schéma est le même. On n’a pas changé depuis.
L’équipe est aussi au cœur de travaux.
On a présenté le projet récemment, mais les travaux ont commencé fin 2024. On avait besoin d’avoir nos propres locaux par rapport au constructeur avec lequel on travaille. Par rapport aux pilotes que l’on fait rouler. Et nous en tant qu’équipe pour les besoins. On avait besoin d’être structurés dans des locaux taillés pour la course.
En termes de surface, c’est un projet conséquent ?
Oui, on va passer d’un atelier de 750 m2 à une surface de 850 m2 d’atelier et de stockage pour le matériel. On aura un niveau inférieur où on pourra mettre 42 voitures. On double la surface des bureaux. C’est un beau projet.
Est-ce que l’on peut dire que l’équipe va passer dans une autre dimension avec cet agrandissement ?
Je dirais que ce n’est pas une autre dimension. C’est le team qui s’adapte où il est actuellement et à l’image que l’on a sur les circuits. On souhaitait avoir les locaux au même niveau de ce que l’on représente sur les circuits. Il y avait un décalage qui ne convenait pas.
Sur la journée test de dimanche, quelles ont été vos impressions ?
On avait deux rookies (Eduardo Barrichello et Derek De Boer), donc le premier point était qu’ils se calent. On sait que Valentin (Hasse-Clot) est performant ici, donc il n’y a pas de problèmes. Il nous a fait de bonnes références, cela nous a permis de bien travailler avec Eduardo et Derek.
Les drapeaux rouges de fin de journée nous ont un peu chamboulé le projet initial. Mais c’est reporté aux essais libres. Mais c’est une bonne première journée.
Avec l’autre Aston Martin du Heart of Racing, est-ce qu’il y a des échanges ?
On est dans le même box, les ingénieurs sont dans le même espace. C’est presque ça. Mais on reste deux équipes différentes. Donc, oui, il y a de la concurrence, ce qui est normal. Mais c’est une concurrence seine, il y a des échanges, mais ça reste deux voitures concurrentes.
Vous comptez deux pilotes rookies en WEC, Valentin est le seul avec de l’expérience dans ce championnat. Dispose-t-il d’un rôle de guide ?
Oui, tout à fait. C’est la référence pour les deux pilotes rookies. C’est lui qui peut donner toutes les informations à ses coéquipiers pour avoir une progression la plus rapide possible. Il a un rôle de meneur, de conseil. Il le fait très bien.
Il connaît tellement bien la voiture. Il fait trois championnats avec la voiture : WEC, ELMS et IMSA. Il a beaucoup de retours.
Il est pilote officiel Aston Martin, c’est une chance pour vous
C’était impératif pour un programme comme celui-là. Et pour nous, c’était impératif que ce soit Valentin.
Avez-vous déjà défini un premier plan pour la course, même si on est encore assez tôt dans la semaine
Non, c’est trop tôt. On va le définir au fil des séances d’essais. On va reprendre le schéma du Prologue où il va falloir faire beaucoup rouler les rookies pour qu’ils s’habituent à la piste de nuit. Valentin restera dans son rôle de guide, à aider l’équipe et ses coéquipiers.
On voit souvent Rubens Barrichello dans le garage. Apporte-t-il un soutien à Eduardo ou à l’équipe ?
Il apporte beaucoup à son fils. Mais, il reste à sa place, en observateur. Mais il soutient énormément Eduardo.
C’était un défi de faire venir Eduardo en WEC, lui qui n’avait fait que du Stockcar jusqu’à présent
Oui, mais on a pu le juger sur ses qualités de pilote sur ce championnat au Brésil. Les premiers roulages ont montré ses capacités à s’adapter à la voiture et au championnat même si ça reste un sprinteur. Il acquiert très très vite les notions de l’endurance. C’est très important pour nous.
Quelles sont les qualités qui vous ont séduites ?
C’est son professionnalisme, sa disposition à progresser sûr et en dehors de la voiture. Il ne supporte pas l’échec.
Il n’est engagé qu’en WEC. Ce n’est pas un handicap pour progresser en n’ayant que huit courses dans la saison ?
Oui, mais c’est un gros championnats. Il a cette capacité à progresser malgré le peu de roulages.
Est-ce qu’il a des entraînements spécifiques avec Aston Martin ou au siège de l’équipe ?
Non, au Brésil. Après, il y a énormément d’échanges avec Valentin, les ingénieurs.
Le fait que Valentin et Derek se connaissent depuis plusieurs saisons, est-ce un avantage ?
Ça aide, tout à fait. Après, c’est vrai que l’apport d’un jeune pilote comme Eduardo, ça a été un double challenge : lui permettre d’évoluer et d’atteindre les résultats souhaités. Ça a été une motivation pour Valentin et Derek pour faire le travail nécessaire pour que tout le monde ait la performance.