Du stock-car aux 24 Heures du Mans : le grand saut pour Eduardo Barrichello

Comment est venue cette opportunité de courir en GT3 ?

Je ne sais pas vraiment comment c’est arrivé. Mon père a eu un contact en 2023 et, à la fin de l’année, j’ai pu faire un test. Et c’était un super bon test. C’était au Royaume-Uni et il a fait un temps typiquement britannique. C’était constructif. Je n’ai pas pu signer pour 2024 puisque j’avais déjà un contrat en stock-car Brésil. Mais on a continué à parler et on a signé le contrat pour 2025.

Il y a une grosse différence entre la GT3 et le stock-car ?

Oh oui, elle est grosse. Les GT3 sont à peu près cinq secondes plus rapides. Au Brésil, les courses de stock-car sont sous format sprint. On a les pit stops… C’est vraiment différent, là les courses sont plus longues, il y a plus de technologies, je dois partager les données avec deux autres gars.

Comment vous êtes-vous adaptés à cette catégorie ?

Les voitures sont tellement développées et avancées. On a de la télémétrie au volant, on a tellement de capteurs, de personnes qui travaillent sur la voiture.

Les circuits sont totalement différents. Ici, les circuits sont historiques. Au Brésil, on a quelques beaux circuits, mais le seul connu est Interlagos.

Ce n’était pas difficile mais il a fallu que je m’habitue à parler de nouveau anglais à la radio. On peut le faire en portugais, mais c’est plus professionnel en anglais.

Est-ce que ce sera un avantage pour vous de courir à São Paulo pour la prochaine manche du WEC ?

Je ne pense pas parce que je n’ai jamais conduit là-bas avant 2023. Je connais la piste, mais je n’y ai pas couru beaucoup. Il y a pas mal de gars sur la grille qui ont bien plus d’expérience que moi ici.

Avez-vous une certaine attention des médias à cause de votre nom qui est très populaire dans le milieu du sport automobile ?

C’est quelque chose que je subis depuis presque toujours, même depuis l’école. Il y a des bons côtés, mais je ne prête pas attention à ça. Je suis fier d’être un Barrichello, pas seulement pour son nom, mais pour son histoire. Je suis fier d’être le fils d’un homme qui a un tel palmarès.

Votre père vous suit sur toutes les courses ?

Non, parfois il reste à la maison. Il court encore en stock-car et en Nascar au Brésil. Il est venu au Qatar, à Imola, avec ma maman et à Spa, mes meilleurs amis étaient avec moi.

Il devrait arriver dans les prochaines heures au Mans et dormir avec moi dans le motorhome. Jusqu’à présent, il était le boss mais pas cette fois. Il va sûrement prendre la couchette (rires).

Il a déjà fait plusieurs courses de 24 heures, étiez-vous présent ?

En 2018 à Spa, j’étais présent. Je n’ai pas pu être présent au Mans quand il y a participé, mais on s’appelait en visio pour en parler.

Au Qatar, votre père a dit qu’il aimerait courir avec vous et votre frère au Mans. Quel est votre point de vue ?

Je pense que ce serait incroyable. J’aimerais avoir du succès en WEC pour continuer à courir au Mans. Ce serait génial de courir avec eux, mais pour le moment, je préfère me concentrer sur le présent, faire le meilleur travail possible.

Avez-vous eu une préparation spécifique pour Le Mans ?

J’ai poussé plus que d’habitude. J’ai fait un effort sur ma diète pour qu’elle soit optimale. Je suis resté deux semaines au Brésil pour faire du yoga, du sport. J’ai travaillé sur le simulateur dans différentes conditions, à essayer de faire de longs relais. Je me suis préparé du mieux possible.

Réalisez-vous que vous allez courir au Mans ?

Ce n’est pas uniquement ça. Toutes les petites choses qui se passent ici font que c’est spécial. Je pense que je vais réaliser après l’hyperpole ou juste avant la course.

Qu’est-ce qui vous a surpris ici ?

Je pense que c’est la vitesse. On va vraiment vite dans les lignes droites. Tous les virages sont exactement comme sur le simulateur, ce qui fait que je connais bien la piste. Les vibreurs, c’est pareil. J’aime beaucoup la piste, pas seulement parce que ce sont les 24 Heures du Mans, mais parce que la piste est géniale.

Le Mans est un circuit semi-permanent. Quel est votre ressenti par rapport à ça ?

On a un super grip sur les premiers virages et quand on arrive au niveau du Tertre Rouge, où c’est la route départementale, on en a moins. Je dois m’y habituer. Mais on sent que certaines parties ont plus ou moins d’adhérence. Les virages Porsche sont vraiment très rapides. On doit juste relâcher pour le premier virage et le reste, c’est presque à fond.

Est-il difficile de progresser avec seulement huit courses dans la saison ?

Ça fait court, oui. On n’a pas beaucoup d’essais puisque l’on doit partager la voiture avec deux autres pilotes. On roule peu, sur la journée test, je n’ai pas fait beaucoup de tours.

Je pense que si j’ai la chance de refaire Le Mans en 2026, je ferai en sorte d’être mieux préparé.

Quel est votre programme pour vous adapter au roulage de nuit ?

Comme je l’ai déjà évoqué, je me suis entraîné sur simulateur. Mais il faut de vrais points de repère parce que, selon l’heure, les ombres ne sont pas aux mêmes endroits. Donc, il faut avoir des points de repère pour le freinage, pour les points de corde, le moment où il faut tourner.

Faites-vous partie de l’Aston Martin Academy ?

Oui, grâce à Valentin (Hasse-Clot), c’est super ce qu’ils font, de donner une chance à du monde d’avoir un contrat de pilote officiel. C’était mon rêve.