Le circuit de Charade pourrait de nouveau être au centre des attentions
Alors que la dernière grande compétition y a été organisée en 1974, le circuit de Charade pourrait retrouver une réputation mondiale. Jean-Pierre Brenas, conseiller à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, évoque des pistes pour lui redonner sa gloire d'antan.


Charade. Ce simple mot permet d’afficher un large sourire sur le visage de Jean-Pierre Brenas. Et il n’y pas besoin de beaucoup plus pour que le conseiller à la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’énumère les grandes heures du circuit. Les 140 000 personnes présentes lors du dernier Grand Prix de moto en 1974. Les anecdotes sur les différentes courses organisées ici. Ou ses souvenirs sur place. Charade occupe une grande place dans son cœur.
Ce fils d’un passionné d’automobile a pu assister au défilé des Formule 1 sur ce tracé, au cœur des volcans d’Auvergne. « On avait eu la chance d’avoir des pass VIP. On n’appelait pas cela comme ça à l’époque, mais c’était pareil. On naviguait entre les stands et le virage du Petit pont », raconte-t-il.
Continuer le développement de l’électrique
À cette époque, les plus grands s’affrontaient : Jim Clark, Graham Hill, Jackie Stewart, entre autres. L’Écossais est d’ailleurs l’un des héros de Jean-Pierre Brenas. Les deux hommes ont pu se rencontrer en 2018, lors du Charade Heroes.
« Il est doté d’une intelligence incroyable. Cette année-là, on l’avait fait venir contre un cachet d’une certaine somme. Il ne l’a pas encaissé et a tout reversé à une association qui lutte contre la démence. » Une maladie dont la femme de l’ex-pilote Tyrrell est victime. « C’est un grand geste. »
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Mais toute cette époque n’est qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, rares sont les événements d’ampleur organisés sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. Un aspect que le membre du Rouge Passion Auvergne regrette. « Charade, c’était impressionnant. C’était le centre du monde avec la télévision. Rien à voir avec la diffusion d’aujourd’hui, mais les courses étaient retransmises dans le monde entier. »
« C’est vrai, je suis l’avocat du circuit au quotidien »
Alors comment remettre le circuit de montagne sur la carte du monde ? Jean-Pierre Brenas dispose de quelques idées. L’une d’entre elles pourrait en surprendre plus d’un, mais elle pourrait s’avérer bénéfique : continuer le développement de l’électrique.
Depuis quelques années maintenant, Green Cork Konnection (GCK) est l’exploitant sur site. Cette société est spécialisée dans les énergies durables. Et compte travailler sur ce domaine grâce à l’implantation d’un technopole dédié aux mobilités décarbonées. « La Région contribue à son financement », assure Jean-Pierre Brenas.
Les 24 Heures de Charade ?
En continuant le développement de l’électrique, le site pourrait attirer des constructeurs, qui viendraient y peaufiner leurs créations. « On retrouverait les journalistes, les caméras qui viendraient prendre en photo toutes ces nouveautés. » Charade pourrait être doté d’une technologie à induction pour recharger les voitures pendant qu’elles roulent. De l’énergie serait récupérée sur certaines zones qui serait ensuite distribuée ailleurs.
Les exploitants du circuit pourraient utiliser cette prouesses pour se lancer dans un défi XXL. « Pour qu’on reparle de Charade, il faut faire quelque chose d’exceptionnel. Pourquoi pas organiser une course de 24 heures avec ce principe. Si on fait un événement qui n’a pas été vu ailleurs, tous les regards seront tournés ici. On doit faire un record ! »
Si en Auvergne on se concentre sur l’électrique, il ne faut pas oublier l’héritage thermique. Le site bénéficie encore de quelques journées pour accueillir des compétitions dites « traditionnelles ». Alors pourquoi ne pas en prendre une pour organiser un rendez-vous qui attirerait des milliers de spectateurs ? « On aimerait faire un Goodwood à la française », confirme Jean-Pierre Brenas.
« Pas que de la truffade et des costumes de bourrée »
L’idée d’un musée a même été évoquée. Ici, s’il venait à sortir de tête, le public pourrait retrouver une partie de la collection appartenant à l’ancien pilote Louis Rosier, accompagné de quelques technologies modernes. « L’idée est de raconter une histoire. Il faut faire de Clermont un centre européen de la mobilité du futur. »
Charade et l’Auvergne en général pourraient se positionner pour développer le tourisme avec des véhicules anciens. « On a une région liée au sport automobile. Les routes sont aussi exceptionnelles. On aimerait devenir une vraie destination pour ce tourisme-là. L’idée est de montrer qu’en Auvergne, on ne fait pas que de la truffade et des costumes de bourrée (danse traditionnelle auvergnate, N.D.L.R.). »
Conserver l’héritage du lieu passe aussi par la protection de son patrimoine. Pour cela, l’association Agissons pour Charade est à pied d’œuvre. Tous les bénévoles ont dans un premier temps restauré le mythique mur BP. Et elle travaille actuellement, avec un lycée corrézien, pour réimplanter des postes de secours sur l’ancien tracé.
« On soutient complètement ce qu’ils font », garantit celui qui est également élu d’opposition à la Ville de Clermont-Ferrand. « Ils ont un président, Jean-Paul Taillandier, qui est très efficace. La Région soutient financièrement les projets de l’association. La plaque posée sur le mur a été payée par la collectivité. »
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Jean-Pierre Brenas évoque un autre lieu du circuit historique à conserver. Le banking de Gravenoire. « On doit vraiment conserver cet endroit. On a pris contact avec la Drac (Direction régionale des affaires culturelles, N.D.L.R.). »
Cela permettra de reconnaître ou non si la conservation de cette partie du tracé est d’intérêt public. Si le représentant de l’État donne son aval, il sera alors possible pour une association – Agissons pour Charade ou une autre – de recueillir des dons défiscalisables pour y effectuer des travaux d’entretien et de restauration. « Le plus dur est de justifier qu’il s’agit d’un vestige patrimonial. »
Tout ce qui a été abordé ici ne dispose que le statut d’idée ou de projet. Rien de concret encore. Mais si tout cela venait à se réaliser, Charade, Clermont-Ferrand et sa région se retrouveraient à nouveau au centre des attentions. Et redeviendraient un haut lieu des sports mécaniques mondiaux.