Un ingénieur français, fan de F1, fait des recommandations par lettres à la Scuderia Ferrari depuis 1994

Daniel Sauzon, un Ardéchois de 74 ans est persuadé d’avoir identifié les raisons des contre-performances de Ferrari. Ce thermicien diplômé de l’école d’aéronautique de Rochefort, a raconté dans un entretien au Dauphiné libéré, comment il s’évertue depuis plusieurs années à alerter la Scuderia par courriers recommandés. « La première fois, c’était en 1994. Je venais d’assister au Grand Prix de Monaco, où la Ferrari faisait des bonds de cabri », s’exprime-t-il. À l’arrivée de cette course, Gerhard Berger et Jean Alesi se classeront 3e et 5e.

À la suite de son courrier, Daniel assure avoir reçu une réponse de Gustav Brunner, ingénieur en charge du dessin des Ferrari 412T1 (1994) et 412T2 (1995). « Gustav Brunner m’avait appelé directement sur mon lieu de travail et avait ensuite effectué des modifications aérodynamiques sur les pontons selon mes préconisations ! Cela avait bien fonctionné, car dans la foulée, ils ont fait trois pôles et une victoire », s’amuse-t-il.

Tout s’est arrêté sous l’ère Mattia Binotto

Plusieurs années après, il a même écrit à Ross Brawn, directeur technique de la Scuderia, qui lui avait répondu « tout comme le directeur de l’écurie Jean Todt », stipule l’Ardéchois auprès de nos confrères, en ayant précieusement gardé tous ces courriers venus d’Italie.

Cette belle histoire s’est achevée lorsque Mattia Binotto a pris les rênes de l’écurie. Il assure que les événements lui « ont donné raison puisqu’il a été viré ». « Mon dernier courrier a dû passer directement de la secrétaire à la poubelle », s’exclame-t-il pour le quotidien. Il espère maintenant que cette correspondance reprendra avec Frédéric Vasseur.

Dans les colonnes du Dauphiné libéré, Daniel s’est également montré assez acerbe sur les tests réalisés en soufflerie : « Aujourd’hui, le paradoxe est que les écuries sont de plus en plus performantes, qu’elles ont plus de moyens financiers et sont plus sophistiquées qu’avant, mais elles s’écartent de la réalité en se basant uniquement sur les tests effectués en soufflerie. » S’il conçoit que cela peut permettre d’améliorer « un aileron » ou « un capot », il ne comprend pas que certaines écuries s’y réfèrent pour concevoir « la voiture entière ».

Il est important de rappeler que le règlement technique limite les souffleries à ne pas dépasser la vitesse de 180 km/h lors des essais des maquettes. Ce qui induit donc également ne pas s’apercevoir par exemple que l’effet de sol, avec trop de charge aérodynamique peut provoquer des rebonds comme on a pu le voir l’an dernier, aux débuts de saison 2022. Les pilotes se sont énormément plaints du phénomène de marsouinage de leurs monoplaces.

« Y aller à pied s’il le faut ! »

Cette trop grande importance accordée à la soufflerie agace le retraité et il n’hésite pas lancer plusieurs pics. « Ce n’est pas un hasard si la Mercedes et la McLaren ont les mêmes difficultés », lance-t-il dans le Dauphiné libéré. Même en tant que grand fan de Ferrari, Daniel Sauzon reconnait le travail d’Adrian Newey qui continue de dessiner ses monoplaces « sur planche comme à l’ancienne ». Selon lui, cela permet à Red Bull de posséder la voiture « la moins mauvaise ».

Adrian Newey, a connu plusieurs succès avec Williams puis McLaren dans les années 1990 et 2000 en étant à la manœuvre dans la conception des voitures. Il est considéré comme l’un des ingénieurs les plus doués de sa génération par le monde de la F1.

Aujourd’hui à la retraite, Daniel souhaite pouvoir continuer à aider Ferrari. Il est même « prêt à y aller à pied s’il le faut », s’amuse-t-il. À voir si les ingénieurs de Ferrari auront pris quelques uns de ses conseils.