Grand Prix d’Abu Dhabi : Les faits marquants
La finale de la saison 2023 se produira, comme de coutume depuis plusieurs années, sur le sol emirati, dans la Yas Marina d'Abu Dhabi. Tantôt fade, tantôt théâtre de courses de toute beauté, la F1 moderne semble avoir adopté pour de bon ce rendez-vous dans son calendrier.


2009 : grande première, en pleine révolution réglementaire
Dans une sempiternelle volonté de réduire les coûts, même dans les années 2000, les monoplaces de F1 ont totalement changé de visage en 2009. Des ailerons arrières hauts et étroits, avants bas et larges, le retour des pneus slicks et des voitures au design très épuré. Très jolies au demeurant !
Cette saison a été surprenante à plus d’un titre, puisque l’hégémonie Ferrari-McLaren Mercedes a pris fin, en laissant la place aux Brawn GP (qui étaient en quelque sorte des Honda) et Red Bull qui remportait ses premières victoires.
A campagne à surprises, cadre démentiel : la Marina d’Abu Dhabi a pris la place de Sao Paulo pour la dernière manche du championnat du monde. Le cadre du désert et le grand luxe incarné par l’hôtel, surplombant la piste, donnait à la F1 un cadre tout nouveau. C’était l’œuvre de feu Philippe Gurdjian.
La course en elle-même a révélé plusieurs évènements notables : en premier lieu le festival d’un nouveau venu en F1, Kamui Kobayashi, qui courait pour Toyota (le constructeur japonais s’en allant la saison suivante). Kobayashi a terminé 6e d’une course menée à un gros rythme et il a obtenu la confiance de Sauber pour l’année suivante.
En tête, pendant que Vettel s’envolait vers une nouvelle victoire, le champion du monde Jenson Button et sa Brawn ont été opposés à Mark Webber, sur la deuxième Red Bull. Un superbe duel dans les derniers tours, duquel l’Australien est sorti vainqueur, avant la saison dingue qui allait suivre en 2010.
2010 : Final de folie !
Dans la série des folles saisons, on pense communément à 2021. Mais on en oublierait presque certaines éditions qui ont offert d’immenses moments de bonheur et de sport.
Ils n’étaient pas deux, ni trois, mais cinq pilotes à être mathématiquement en lice pour le titre ! Rarement la F1 avait connu ça. Sebastian Vettel, Fernando Alonso (alors en tête du championnat avant Abu Dhabi), Mark Webber (qui avait perdu ses chances en Corée du Sud) ainsi que Lewis Hamilton et Jenson Button.
Mais le véritable duel était sans conteste le match Vettel-Alonso : les McLaren-Mercedes se devaient de gagner et espérer une grosse contre-performance de leurs rivaux. Raté : Vettel s’est imposé de main de maître, pendant que Fernando Alonso a été victime de la stratégie de son équipe.
L’Espagnol est resté 40 tours durant coincé derrière la Renault de Vitaly Petrov, alors 5e. Alonso devait absolument remonter sur le podium et jamais il n’a trouvé la solution sur le Russe. Ce scénario improbable a offert son 1er titre à Vettel, qui a fait exactement son boulot, quand le Matador de Ferrari a pesté tout ce qu’il pouvait contre Petrov dans le tour d’honneur.
2012 : Leave me alone !
Deux ans plus tard, la manche émiratie a laissé la finale de la saison à Sao Paulo. Le choix était le bon puisque cette saison 2012 était assurément l’une des plus belles et passionnantes de l’histoire.
Sept vainqueurs différents sur les sept premiers Grand Prix, une nouvelle lutte à plusieurs pour le titre et des monoplaces quasiment toutes capables de gagner…écrire ce paragraphe fait remonter de joyeux souvenirs ! La victoire de Maldonado, l’occasion manquée de peu par Pérez avec la Sauber et la presque victoire de Nico Hülkenberg au Brésil…quel régal !
A Abu Dhabi, Alonso et Vettel étaient les deux seuls à pouvoir être encore champions du monde. Et l’arbitre du jour a été un certain Kimi Räikkönen, qui revenait chez Lotus après deux ans de piges en WRC.
Le Finlandais était au sommet de son art, aussi bien dans son pilotage que dans son personnage si apprécié par son tac-au-tac.
Le champion du monde 2007 a offert un échange radio qui donne toujours le même sourire, onze ans après. Son ingénieur lui donnait des instructions et les écarts, ce à quoi il a obtenu deux réponses dans la course. « Laisse moi tranquille, je sais ce que je fais » et « oui, oui, oui, je (soigne mes pneus) tout le temps, tu n’as pas besoin de me le répéter à chaque fois. »
A la fin, Kimi Räikkönen s’est offert une victoire au franc-parler, faisant baisser les yeux à toute forme de politiquement correct. Il a gratifié les spectateurs d’autres perles à la radio et c’est pourquoi il était si apprécié, en plus d’être un grand pilote. La retraite est plus que méritée !
2018 : Adios Alonso !
La saison 2018 a marqué le deuxième acte d’un affrontement entre Sebastian Vettel, nouvel enfant chéri de Ferrari, et Lewis Hamilton, invaincu dans l’exercice du championnat par trois fois en quatre ans.
Le Britannique avait obtenu son 4e titre mondial au Mexique, quelques semaines plus tôt et arrivait à Abu Dhabi l’esprit tranquille. Il s’est même imposé sans coup-férir.
Mais les regards étaient tournés vers Fernando Alonso : à l’époque, l’Espagnol avait annoncé qu’il quitterait la Formule 1, lui qui avait connu des 24 Heures du Mans victorieuses cette année là, avec Toyota. Ses années galère chez McLaren ont eu raison de sa motivation.
Sa dernière avec l’écurie de Woking a été saluée comme il se devait : les trois champions du monde de la grille se sont réunis sur la ligne droite des stands, pour un ballet de donuts en guise d’hommage. Une belle image, en pensant qu’Alonso n’allait jamais revenir. Si on avait su !
2021 : l’incroyable s’est produit
A t-on vraiment besoin de refaire l’histoire de ce Grand Prix de folie ? Deux pilotes à égalité de points à l’aube du dernier Grand Prix, un dépassement homérique de Verstappen sur Hamilton au premier tour, puis ce dernier tour de légende (et de polémiques aussi, avec les décisions de la FIA).
Jamais un titre de champion du monde ne s’était joué directement entre deux candidats, dans le dernier tour. Et rien que pour ça, il est de bon ton de dire que les images valent bien plus que les longues envolées lyriques : voici le résumé de la course.