Les coulisses des transformations de Singapour en un Grand Prix de F1 urbain et nocturne
Singapour, pionnière de la course de nuit en Formule 1 depuis 2008, s'apprête à accueillir son 15ᵉ Grand Prix dans les rues étroites de son centre-ville. Le Marina Bay Street Circuit, érigé en plusieurs étapes, incarne l'excellence technique et logistique. Dans cet article, nous vous emmenons dans les coulisses de ces impressionnantes opérations qui transforment, chaque année, le cœur de la "ville du Lion" en un des circuits les plus spectaculaires du calendrier de la F1.


Depuis la première édition en 2008, Singapour a su implémenter un processus remarquable pour métamorphoser son centre-ville ultramoderne en un circuit de Formule 1 en un temps record. Ce défi logistique est le fruit d’une stratégie minutieusement élaborée, reflet du dynamisme et de la croissance fulgurante de la cité-état depuis son indépendance en 1965. Avec un PIB par habitant parmi les plus élevés au monde, Singapour s’est imposée comme une référence économique et sociale à l’échelle mondiale.
Depuis, le Grand Prix de Singapour a rapidement gagné en popularité grâce à son cadre unique et à des courses souvent spectaculaires. Le promoteur de la course, Singapore GP Pte Ltd, a été pionnier dans l’expansion des activités événementielles autour de la F1, créant un modèle qui fait désormais école. Avec deux scènes musicales accueillant les plus grandes stars internationales (Black Eyed Peas, Muse, Red Hot Chili Peppers, Shakira, Rihanna, Post Malone…), Singapour a su créer un événement pluridisciplinaire qui attire non seulement les fans de sport automobile, mais aussi les amateurs de musique. Cette offre culturelle et d’hospitalité a inspiré d’autres promoteurs, comme ceux de Las Vegas, souligne Yan Ling, Directrice des Opérations, lors d’une journée dédiée aux médias à laquelle Motors Inside a participé.
Des infrastructures permanentes, désormais parties intégrantes de la ville
Dès les prémices du projet F1 à Singapour, les autorités ont misé gros pour faire de la « F1 Night Race » une réussite. Un investissement initial estimé entre 150 et 200 millions de dollars singapouriens (105 à 140 millions d’euros) a permis de construire des infrastructures permanentes, dont le fameux « Pit Building » dont l’architecture évoque la silhouette d’un dragon, symbole fort dans la culture chinoise, dominante à Singapour. Cet édifice accueille l’intégralité du paddock, les garages des équipes de F1, ainsi que des zones d’hospitalité exclusives. Ce modèle a récemment été repris par Las Vegas, avec un investissement de près de 200 millions de dollars US (Source : The Business Times).
Une construction titanesque
Les travaux du circuit débutent véritablement en mai. Des milliers de personnes s’affairent pour assembler les quelque 7 000 barrières, les plus de 100 km de câbles et les 240 pylônes en acier qui jalonnent le circuit. Cette opération impressionnante mobilise une main-d’œuvre principalement originaire du sous-continent indien, travaillant dans des conditions climatiques tropicales souvent éprouvantes. Ces travailleurs, invisibles pour le grand public, sont essentiels à la réussite de l’événement. Leurs efforts sous ces conditions extrêmes méritent d’être salués, tant ils sont déterminants pour garantir la sécurité des pilotes et l’organisation de la course. L’an dernier, un crash de Lance Stroll a mis en lumière l’importance de leur travail, les barrières de sécurité ayant reculé de plus de 15 cm sous la violence de l’impact, comme nous l’a confié Emmanuel Tan, Manager Technique.
L’innovation au service de la soutenabilité
L’organisation fait également appel à une société italienne, DZ Engineering, pour gérer l’éclairage du circuit, une prouesse technologique déjà en 2008 et récemment renouvelée. En 2023, un système d’éclairage entièrement LED a été installé, permettant de réduire la consommation d’énergie de 30 % (Source : DZ Engineering). De plus, 1 396 panneaux solaires ont été installés sur le toit du F1 Pit Building, générant suffisamment d’énergie solaire pour alimenter le bâtiment durant tout le mois de la course. Ces initiatives font partie de la démarche de soutenabilité globale de Singapour, qui détient la certification maximale de la FIA (3 étoiles) en matière de soutenabilité.
Des bénévoles engagés et chouchoutés.
Chaque année, plus de 900 commissaires sont recrutés et formés pour devenir commissaires de course, assumant plus de 50 rôles différents, tels que commissaires de piste ou encore commissaires d’incendie et bien d’autres. Ces bénévoles, souvent fidèles d’année en année, jouent un rôle crucial dans le bon déroulement de l’événement. Singapour détient d’ailleurs le meilleur taux de rétention de ses commissaires bénévoles. L’organisation leur offre notamment des billets pour leurs proches et cela se démarque des autres courses. En 2023, les commissaires de Singapour ont également reçu le titre de “Meilleure équipe de commissaires de l’année” de la FIA pour leur gestion exemplaire du crash de Lance Stroll lors des qualifications.