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Ben Sulayem veut resserrer son emprise sur la FIA avant l'élection

Mohammed Ben Sulayem propose des modifications radicales aux statuts de la FIA qui renforceraient son contrôle sur l'organisation avant l'élection présidentielle de décembre 2025. Des changements critiqués qui pourraient notamment empêcher la candidature de Carlos Sainz Sr.

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Mohammed Ben Sulayem au Grand Prix de Bahrein 2025.
© Overtake / Motors Inside / Mohammed Ben Sulayem au Grand Prix de Bahrein 2025.

BBC F1 a mis la main sur un document confidentiel qui dévoile les intentions du président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, qui chercherait à modifier en profondeur les règles de l'instance automobile. Ces changements, qui doivent être soumis au vote lors de la prochaine Assemblée Générale de la FIA en juin, paraissent taillés pour asseoir son emprise sur la fédération, notamment en vue de l'élection présidentielle prévue en décembre 2025.

Des modifications statutaires qui interpellent

Parmi les propositions les plus controversées figure l'introduction d'un nouveau critère d'éligibilité pour les candidats à la présidence. Cette disposition stipulerait qu'il « ne doit rien y avoir dans les antécédents des candidats qui remette en question leur intégrité professionnelle ». Selon le média britannique, ce critère combiné au code d'éthique de la FIA concernant les conflits d'intérêts, pourrait potentiellement être utilisé contre Carlos Sainz Sr., qui a récemment manifesté son intention de se présenter.

En effet, la situation de Sainz Sr. est particulière puisque son fils, Carlos Sainz Jr., est actuellement pilote pour Williams en F1. Cette relation familiale pourrait théoriquement être interprétée comme un conflit d'intérêts par le comité d'éthique, contrôlé par Ben Sulayem et ses alliés suite aux modifications statutaires adoptées l'année dernière.

Un calendrier électoral resserré

Les propositions de Ben Sulayem incluent également l'avancement du délai de déclaration des candidatures de 21 à 49 jours avant l'élection. Si la justification officielle évoque la nécessité de donner plus de temps au comité des nominations pour vérifier l'éligibilité des candidats, certains y voient une manœuvre pour allonger la période pendant laquelle le président pourrait chercher des raisons d'écarter des candidats potentiels.

Pour comprendre l'enjeu, il faut savoir que les règles de la FIA obligent les candidats à présenter une équipe complète incluant un président du Sénat, des vice-présidents pour le sport et la mobilité, ainsi que sept vice-présidents régionaux. Tous ces postes doivent être pourvus pour qu'une candidature soit recevable, ce qui constitue déjà une contrainte organisationnelle considérable.

Le nouveau délai avancé compliquerait davantage la tâche des challengers comme Sainz Sr., qui disposeraient de moins de temps pour finaliser leur équipe complète après avoir décidé de se lancer. Parallèlement, cela donnerait au comité des nominations, proche de Ben Sulayem, près de sept semaines pour scruter les dossiers des candidats et potentiellement trouver des motifs d'invalidation.

Le contrôle du Sénat en question

Une autre modification proposée concerne la nomination des membres du Sénat, l'organe qui contrôle la FIA conjointement avec le président. Actuellement, quatre des seize membres sont « proposés » par le président et « confirmés » par les douze autres membres du Sénat. Ben Sulayem souhaite désormais « nommer » directement ces quatre membres, sans supervision des autres sénateurs.

La justification avancée est d'offrir « plus de flexibilité pour disposer de l'expertise requise sur les nombreux et divers sujets à traiter qui peuvent nécessiter une décision urgente ». Toutefois, les statuts actuels de la FIA contiennent déjà l'article 18.4 qui permet au Sénat « d'inviter d'autres membres à participer à l'étude de questions spécifiques », ce qui semble déjà répondre à cette préoccupation.

Un Conseil Mondial remanié

Ben Sulayem propose également de modifier la composition du Conseil Mondial du Sport Automobile, l'organe législatif de l'organisation (WMSC). Les règles actuelles stipulent que 21 des 28 membres doivent être de nationalités différentes. La nouvelle proposition permettrait d'avoir « pas plus de deux membres de même nationalité parmi les sept vice-présidents et les 14 membres élus du WMSC », au nom de la « flexibilité ».

Si le document justifie ce changement par la volonté de ne pas se priver de « candidats d'autres horizons dont l'expérience et les qualités pourraient également être bénéfiques au WMSC dans l'accomplissement de ses missions », certains observateurs y voient une manœuvre pour permettre à Ben Sulayem de « garnir le conseil avec les personnes qu'il souhaite ».

Des précédents qui inquiètent

Ces propositions interviennent dans un contexte déjà marqué par des tensions. En décembre dernier, Ben Sulayem avait été critiqué pour des modifications statutaires qualifiées de « concentration inquiétante du pouvoir » par l'un des clubs membres de la FIA. L'année dernière, il avait également limogé les responsables des comités d'audit et d'éthique après que ceux-ci aient été impliqués dans des enquêtes le concernant.

Les réformes portées par le président actuel seront soumises aux voix lors de la prochaine Assemblée Générale de la FIA en juin. Si ces changements passent, ils risquent de sérieusement compromettre l'émergence d'une opposition crédible lors de l'élection pour la présidence, renforçant ainsi considérablement la mainmise de Ben Sulayem sur l'institution.

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