Étincelles, larmes et triomphes : 6 faits marquants du Grand Prix d’Espagne
Le Circuit de Barcelone-Catalunya accueille ce week-end sa 35e édition du Grand Prix d'Espagne. Duels acharnés, pannes dramatiques, victoires surprises… Retour sur six moments forts qui ont forgé la légende de cette course.

Le Grand Prix d’Espagne revient ce week-end sur le circuit de Barcelone-Catalunya. Pendant trente-quatre ans, ce tracé a été le témoin de batailles homériques, de surprises totales et de moments dramatiques qui ont écrit l’histoire de la Formule 1. Avant son départ pour Madrid en 2026, retour sur six épisodes qui ont marqué son histoire sur la piste catalane.
1. 1991 : Le duel Mansell-Senna entre dans la légende
Le circuit de Barcelone-Catalunya fait ses débuts en Formule 1 en novembre 1991. Dès le cinquième tour, Nigel Mansell et Ayrton Senna livrent un combat épique. Les deux monoplaces évoluent côte à côte sur la ligne droite principale à plus de 300 km/h pendant sept secondes. Des étincelles jaillissent des châssis, créant une image qui marquera l’histoire du sport automobile.
Mansell accuse alors 24 points de retard sur Senna au championnat et ne peut se permettre un nouvel échec après sa sortie de piste au Portugal. Sa Williams FW14 fait merveille dès les premiers tours. Parti derrière le Brésilien après un départ compliqué sous la pluie, le Britannique rattrape rapidement la McLaren MP4/6.
Au cinquième passage, Mansell sort de l’aspiration plus tôt que prévu. Les deux voitures se retrouvent parfaitement alignées, aucun pilote ne cédant le passage. Cette séquence capture l’essence même de la Formule 1 des années 90, même si un arrêt aux stands trop long privera finalement Mansell de la victoire.
2. 1996 : Le premier triomphe de Schumacher en rouge
Michael Schumacher arrive chez Ferrari avec pour objectif de ramener la Scuderia au premier plan. Ses débuts restent pourtant difficiles. Quinze jours avant Barcelone, l’Allemand commet une erreur fatale à Monaco sous la pluie. « J’ai une dette envers les fans de Ferrari », déclare-t-il après cet accident.
L’Espagne lui offre l’occasion de se racheter. Qualifié troisième derrière les Williams de Damon Hill et Jacques Villeneuve, Schumacher voit la pluie transformer complètement la course le dimanche matin.
Septième après le premier virage, il remonte méthodiquement au classement. Gerhard Berger tombe au quatrième tour, Jean Alesi cinq tours plus tard, puis Villeneuve au douzième passage. Schumacher creuse alors un écart impressionnant, bouclant le 14e tour en 1:45.571, soit plus de deux secondes plus vite que ses poursuivants.
Sa Ferrari F310 traverse quelques moments difficiles. Le moteur V10 montre des signes de faiblesse au 18e tour, ne fonctionnant plus que sur huit cylindres. Malgré ces problèmes techniques, Schumacher résiste et s’impose. Cette première victoire en rouge lance une aventure qui se terminera dix ans et 71 succès plus tard en Chine.
3. 2001 : Le calvaire de Häkkinen au dernier tour
Mika Häkkinen domine cette course 2001 de bout en bout. Le Finlandais compte 42 secondes d’avance sur Michael Schumacher avant d’entamer le 65e et dernier tour. Sa McLaren MP4-16 n’a montré aucune faiblesse durant toute l’épreuve, la victoire paraît acquise.
Dans la montée du virage 3, l’impensable survient. Une fuite hydraulique provoque la rupture de l’embrayage. La McLaren perd toute transmission d’un coup. Häkkinen continue quelques secondes par inertie, incrédule, tentant désespérément de relancer sa machine tandis que Schumacher revient à toute vitesse.
Le double champion du monde finit par s’immobiliser, de la fumée blanche s’échappant de sa voiture. Il lève les bras au ciel, impuissant, pendant que la Ferrari rouge le dépasse pour s’emparer d’une victoire inespérée. « Il serait bien d’avoir un punching-ball dans le motorhome maintenant », confiera plus tard le pilote finlandais, habituellement très calme.
Schumacher, conscient de sa chance extraordinaire, brise le protocole du parc fermé pour aller consoler son rival. Cette défaillance mécanique au pire moment reste l’une des plus cruelles de l’histoire récente de la F1.
4. 2012 : L’exploit improbable de Maldonado
Pastor Maldonado n’est pas le favori ce jour-là. Le Vénézuélien de Williams part certes en pole position, mais uniquement parce que Lewis Hamilton a été disqualifié des qualifications pour manque de carburant. Pendant ce temps, Fernando Alonso et les 82 000 spectateurs espagnols espèrent une victoire à domicile.
Le scénario semble se dessiner parfaitement quand Alonso prend la tête au premier virage. Williams avait cependant bien préparé sa stratégie. Au 24e tour, l’équipe britannique fait rentrer Maldonado avant tout le monde. L’arrêt est parfait, le pilote ressort dans un espace libre. Ses pneus neufs lui permettront de creuser un écart décisif pendant qu’Alonso peine avec les retardataires.
Quand Ferrari réagit deux tours plus tard, c’est trop tard. Maldonado a pris sept secondes d’avance qu’il conservera jusqu’au bout. Un moment de stress surviendra lors de son dernier arrêt où la roue arrière droite tarde à être fixée. Alonso s’était finalement rapproché, mais le Vénézuélien avait tenu bon.
Cette victoire entre dans l’histoire, en effet, Maldonado devient le premier et seul pilote vénézuélien à gagner une course de Formule 1. Un exploit basé sur la pure performance durant 66 tours.
5. 2016 : Verstappen profite du chaos Mercedes
Max Verstappen découvre Red Bull Racing après sa promotion surprise depuis Toro Rosso. Le Néerlandais de 18 ans et 228 jours n’imagine sans doute pas décrocher sa première victoire dès sa première course avec sa nouvelle équipe.
Tout bascule au premier tour. Nico Rosberg prend l’avantage sur Lewis Hamilton dans le premier virage, mais le champion du monde britannique contre-attaque à la sortie du troisième virage. En voulant passer par l’intérieur, Hamilton trouve la trajectoire qui se ferme. Il termine dans l’herbe et percute son coéquipier. Les deux Mercedes finissent dans le bac à gravier.
Cette sortie de scène ouvre la voie aux Red Bull et aux Ferrari. Verstappen, cinquième au départ, hérite soudainement d’une occasion en or. L’équipe autrichienne opte pour une stratégie à deux arrêts, contrairement à ses rivaux qui en prévoient trois.
Le pari s’avère payant. Verstappen fait durer ses pneumatiques sur un relais final de 32 tours, résistant aux assauts répétés de Kimi Räikkönen équipé du DRS. Le jeune pilote ne commet aucune erreur et devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de la F1, un record qui tient encore aujourd’hui.
6. 2013 : Le dernier triomphe d’Alonso
Fernando Alonso n’a plus gagné depuis près d’un an quand il arrive à Barcelone en mai 2013. Le pilote espagnol accuse déjà 30 points de retard sur Sebastian Vettel au championnat et Ferrari peine face à Red Bull.
Dès les premiers tours, pourtant, la Scuderia affiche un visage différent. Parti cinquième, Alonso profite d’un départ canon pour remonter à la troisième place dès le premier virage. Il dépasse Kimi Räikkönen dans le premier secteur puis Lewis Hamilton à l’extérieur du troisième virage, sous les acclamations du public catalan.
La course devient rapidement une démonstration. La Ferrari F138 affiche une supériorité écrasante, permettant à Alonso de creuser des écarts considérables à chaque relais. Vettel, triple champion du monde en titre, termine à plus de 38 secondes du vainqueur.
À l’arrivée, Alonso déclare : « En quatre ans chez Ferrari, c’est la meilleure voiture que nous ayons eue ». Il grimpe sur sa monoplace et agite le drapeau espagnol devant une foule en délire qui scande son nom. Cette deuxième victoire à Barcelone après celle de 2006 sera aussi sa dernière en Grand Prix. Douze ans plus tard, l’Asturien court toujours après ce 33e succès qui lui échappe.
Depuis 1991, le circuit de Barcelone-Catalunya a écrit quelques-unes des plus belles pages de la Formule 1. Le spectacle y a toujours été au rendez-vous. Pour son dernier Grand Prix d’Espagne avant le déménagement au Madring, le tracé catalan signera-t-il un final digne de son histoire ? Réponse dimanche !