Pirelli mise sur l’audace : Mario Isola justifie ses choix pour relancer le spectacle en F1
Face aux critiques persistantes sur le manque de stratégie et de spectacle en course, Mario Isola, directeur de Pirelli Motorsport, a défendu les orientations prises par le manufacturier italien. Lors de la conférence de presse d'avant Grand Prix d'Espagne, il a assumé des choix de gommes plus agressifs et une philosophie tournée vers l'incitation aux arrêts multiples.


Alors que le composé C6, le plus tendre de la gamme Pirelli, fait ses premières apparitions cette saison, Isola a dressé un premier bilan mitigé, mais prometteur : « Nous avons reçu des retours partagés de la part des équipes. Le composé est assez proche du C5. Idéalement, j’aimerais voir à l’avenir un C6 plus agressif, différent de l’actuel. »
Ce pneu, encore en phase de test grandeur nature, devrait livrer plus d’informations à Montréal, prochaine manche de la saison, où son comportement sera analysé en détail.
Pirelli l’admet : le temps pour développer le C6 a manqué. Mais l’intention est claire : offrir aux équipes une alternative plus friable, capable de briser les stratégies figées à un seul arrêt.
Spa et Silverstone en terrain d’expérimentation
Isola a également dévoilé des ajustements notables sur les sélections de gommes jusqu’à la trêve estivale, notamment en Belgique : « À Spa, au lieu de C2, C3 et C4, nous irons avec C1, C3 et C4. Cela signifie qu’entre le C1 et le C3, le dur et le médium, il y a un delta bien plus important. »
Objectif : forcer les équipes à choisir entre performance et conservatisme. Les plus audacieux tenteront deux arrêts en misant sur C3 et C4, tandis que les plus prudents opteront pour une stratégie moins rapide en C1-C3.
Silverstone, autre circuit à forte dégradation, verra également un changement avec une sélection plus tendre que prévu. « Nous devons être un peu plus agressifs ou trouver un moyen d’encourager les équipes à adopter une stratégie à deux arrêts », a expliqué Isola, soulignant l’importance de stimuler la variété stratégique.
Monaco, symptôme d’un problème plus profond
Interrogé sur la tentative d’imposer deux arrêts à Monaco, Isola a été lucide : « On peut aller à Monaco avec C1, C5, C6, ce que vous voulez, cela ne change rien parce que le pilote en tête gère simplement ses pneus jusqu’au bout. »
Il défend pourtant l’idée derrière l’expérimentation : « Ce n’était pas parfait, probablement, mais c’était une bonne tentative pour faire quelque chose de différent. » Un échec relatif, donc, mais qui révèle l’impasse structurelle du tracé princier.
« Le seul moyen était d’essayer de créer de l’imprévisibilité avec un arrêt aux stands », a-t-il ajouté. Une stratégie qui n’a pas convaincu Flavio Briatore, qui a qualifié l’idée de « très mauvaise », et Christian Horner de conclure : « Ce n’est pas les pneus le problème. C’est le circuit. Les voitures sont trop grandes, et la piste est trop petite. »
Pirelli en équilibre entre sport et spectacle
En fin de conférence, Isola a insisté sur la méthode rigoureuse de sélection des gommes, fondée sur des simulations précises : « Nous effectuons des simulations pour comprendre combien de stratégies sont possibles avec différentes sélections de composés. »
La volonté d’augmenter les options tactiques, et donc le suspense en course, anime chaque décision. « Si les équipes veulent être agressives, elles doivent utiliser C3 et C4 sur deux arrêts. Si elles veulent être conservatrices, elles utilisent C1 et C3, mais cela signifie qu’elles sont plus lentes », a-t-il expliqué.
Avec des choix assumés, une écoute des équipes, et une volonté de renouveler le spectacle sans trahir la performance, Mario Isola trace sa ligne : celle d’un manufacturier qui ne veut plus se contenter de gommes passe-partout.