Verstappen à un point de suspension après son accrochage avec Russell
Max Verstappen a écopé de trois points de pénalité après sa collision avec George Russell au Grand Prix d'Espagne. Le pilote Red Bull totalise désormais 11 points sur sa super-licence et risque une suspension s'il atteint 12 points.

Max Verstappen n’a jamais été aussi proche d’une suspension. Après son accrochage avec George Russell lors du Grand Prix d’Espagne, le Néerlandais totalise désormais 11 points de pénalité sur sa super-licence. Un seul de plus, et il sera automatiquement sanctionné d’une course de suspension, conformément au règlement de la FIA sur une période de 12 mois.
Les commissaires ont attribué trois points de pénalité supplémentaires au Néerlandais pour sa responsabilité dans l’accrochage avec le pilote Mercedes, accompagnés d’une pénalité de dix secondes qui l’a fait reculer de la cinquième à la dixième place. Deux de ses points expireront fin juin, après le Grand Prix d’Autriche. Cela signifie qu’il devra impérativement éviter tout nouvel incident sur la piste d’ici là, sous peine d’être suspendu.
Un enchaînement chaotique
C’est dans les derniers tours, après la relance suivant la sortie de piste de Kimi Antonelli, que tout bascule. Verstappen, alors chaussé de pneus durs défavorables face à ses concurrents équipés de gommes tendres, a multiplié les contacts dans une séquence particulièrement mouvementée en fin de course.
Tout commence par un accrochage avec Charles Leclerc dans la ligne droite principale. Verstappen, déstabilisé par un dérapage en sortie du dernier virage, voit la Ferrari le dépasser avant de couper la chicane pour conserver sa position face à Russell. Le pilote Mercedes tente alors un dépassement par l’intérieur au premier virage, poussant la Red Bull vers l’échappatoire. Verstappen conserve néanmoins sa position, mais son ingénieur Gianpiero Lambiase lui ordonne de rendre la place, invoquant les règles de course.
C’est là que la situation dégénère. Verstappen semble d’abord obtempérer en ralentissant à l’approche du virage numéro cinq et en laissant de l’espace à Russell pour le dépasser par l’extérieur. Mais au moment où la Mercedes s’apprête à le devancer, le pilote Red Bull accélère subitement et percute délibérément son adversaire. Un geste qui provoque l’incompréhension immédiate de Russell, lequel s’empresse de demander des explications à sa radio.
Les commissaires n’ont pas tardé à analyser cet incident. Bien qu’ils aient estimé que Verstappen avait été forcé hors piste et n’était donc pas tenu de rendre sa position après l’incident initial, ils ont souligné que les communications radio montraient clairement que le pilote avait été contrarié par la demande de son équipe : « Il était clair que le pilote de la voiture 1 était mécontent de la demande de son équipe de rendre la position. À l’approche du virage 5, la voiture 1 a considérablement réduit sa vitesse, semblant permettre à la voiture 63 de le dépasser. Cependant, après que la voiture 63 ait pris l’avantage à l’entrée du virage 5, la voiture 1 a soudainement accéléré et est entrée en collision avec la voiture 63. », peut-on lire dans la décision.
Cette interprétation des faits a trouvé un écho chez plusieurs observateurs du paddock. L’ancien pilote F1 et consultant pour Sky Sports, Anthony Davidson, n’a pas mâché ses mots en qualifiant l’acte d’intentionnel. Nico Rosberg est allé plus loin en estimant que Verstappen méritait une disqualification pure et simple, jugeant notamment la sanction insuffisante. Il a aussi comparé l’incident à celui entre Sebastian Vettel et Lewis Hamilton à Bakou en 2017, où le quadruple champion du monde allemand avait écopé d’un stop-and-go de 10 secondes pour des faits plus ou moins comparables.
Verstappen élude les questions
Le champion néerlandais s’est montré évasif face aux questions des journalistes après la course. Interrogé sur l’intentionnalité de son geste contre Russell, il a répondu : « Est-ce que ça a de l’importance ? », avant de tenter de détourner l’attention en évitant de s’exprimer sur l’incident : « Je préfère parler de la course plutôt que d’un seul moment. ». Il a ensuite poursuivi en évoquant les difficultés rencontrées par Red Bull face à McLaren, estimant notamment que l’équipe était bien trop lente pour pouvoir lutter pour le titre.
De son côté, Russell n’a pas caché son étonnement face au comportement de Verstappen en piste. S’exprimant après la course, le Britannique s’est dit surpris par ce geste, affirmant ne pas comprendre ce qui avait traversé l’esprit du pilote Red Bull. Il a précisé avoir déjà vu ce type de manœuvre « dans les jeux de simulation et en karting, mais jamais en F1 ». Pour lui, « ça semblait délibéré sur le moment », a-t-il dit, tout en laissant aux commissaires le soin de juger l’intention réelle derrière la manœuvre.
Malgré son incompréhension, le pilote britannique a quand même souligné les qualités de son rival : « Max est un pilote exceptionnel, énormément de gens l’admirent. C’est dommage que ce genre de choses continue de se produire, cela semble totalement inutile et ne lui apporte jamais rien. », a-t-il regretté.
Red Bull traverse une phase difficile. En effet, l’équipe autrichienne accuse déjà un retard préoccupant de 218 points sur McLaren au championnat des constructeurs, tandis que Verstappen pointe désormais à 49 points d’Oscar Piastri, leader au classement des pilotes. Une situation inédite depuis des années qui pourrait bien alimenter la frustration du quadruple champion du monde, peu habitué à se retrouver en position de chasseur.
Avec cette menace de suspension qui plane désormais sur lui, le moindre faux pas lors des prochaines courses pourrait envoyer Verstappen aux stands pour un Grand Prix entier. De quoi aggraver encore la crise que traverse son équipe qui a déjà perdu la régularité implacable qui avait fait sa domination ces dernières saisons.