Red Bull échoue dans sa tentative d'annuler la victoire de Russell
Red Bull a tenté en vain de faire annuler la victoire de George Russell au Grand Prix du Canada, accusant le pilote Mercedes de conduite erratique et de comportement antisportif pour avoir signalé un dépassement de Verstappen sous Safety Car. Après plus de cinq heures d'attente, les commissaires ont rejeté la protestation, confirmant le succès du Britannique.

Red Bull a tenté de faire annuler la victoire de George Russell au Grand Prix du Canada deux heures après l'arrivée. L'écurie autrichienne a déposé deux protestations contre le pilote Mercedes, l'accusant notamment de conduite dangereuse derrière la voiture de sécurité. Après plus de cinq heures d'attente, les commissaires ont rejeté les accusations.
L'incident sous la voiture de sécurité
L'affaire débute au 68ᵉ tour sur 70, après la collision entre Lando Norris et Oscar Piastri qui avait provoqué la sortie de la voiture de sécurité. Russell menait devant Verstappen quand est survenu l'incident sur la ligne droite entre les virages 12 et 13.
Russell avait alors freiné brusquement. Verstappen, qui le suivait de près, s'était retrouvé contraint de le dépasser momentanément avant de reprendre sa position. Le pilote néerlandais avait immédiatement fait part de son mécontentement par radio : « George a soudainement freiné de manière agressive. » Son ingénieur Gianpiero Lambiase lui avait répondu : « Compris, merci, nous allons vérifier s'il y a eu une conduite erratique. »
De son côté, Russell avait également protesté auprès de son équipe : « Verstappen vient de me dépasser sous la voiture de sécurité. » Quelques minutes plus tard, Lambiase informait Verstappen : « Cet incident avec Russell est maintenant diffusé sur les écrans, Max. C'est assez flagrant. Ne tombe pas dans le piège de la manipulation, merci. »
Face aux médias après la course, le quadruple champion du monde avait tenté d'atténuer les faits : « Je pense que nous essayions tous les deux de dire à la voiture de sécurité d'accélérer parce qu'elle ne roulait qu'à 120 km/h [...] George essayait d'accélérer vers la voiture de sécurité et j'essayais de faire la même chose. Une fois qu'il a essayé d'accélérer vers la voiture de sécurité, il a reculé et cela a causé un peu de confusion. » Malgré cette tentative d'explication, son équipe a déposé une protestation officielle auprès des commissaires deux heures plus tard.
Les accusations de Red Bull
Red Bull avait initialement signalé deux sujets de protestation concernant George Russell : sa conduite erratique derrière la voiture de sécurité et la distance excessive laissée derrière celle-ci.
Christian Horner précisait la démarche lors d'un point presse avec les médias écrits après la course : « Nous avons déposé deux réclamations auprès des commissaires [...] Premièrement, concernant la conduite erratique derrière la voiture de sécurité, où George a freiné très fortement, regardant manifestement son rétroviseur pour Max. Ensuite, la distance laissée derrière la voiture de sécurité était largement excessive, je pense au moins trois fois supérieure à la distance autorisée. », estimant que c'était le droit de Red Bull de contester la manœuvre, et que la décision finale revenait désormais aux commissaires.
L'équipe autrichienne retira cependant la seconde réclamation en cours de procédure, Russell respectant en réalité une règle concernant un delta sous drapeau jaune. La protestation finale portait donc uniquement sur la conduite erratique selon l'article 55.5 du règlement sportif, ainsi que sur un comportement antisportif, sous l'article 12.2.1.m du Code sportif international, pour avoir signalé le dépassement de Verstappen.
Red Bull a présenté des données télémétriques et accusé Russell d'avoir délibérément tenté de provoquer une infraction de la part de Verstappen pour lui faire obtenir une pénalité et des points de pénalité supplémentaires sur sa superlicence, ce qui aurait pu entraîner une suspension de course. L'écurie soutenait que le pilote britannique savait que la course se terminerait sous voiture de sécurité, rendant donc inutile le maintien de la température des pneus.
La défense de Russell et Mercedes
Russell a fourni sa version devant les commissaires, expliquant que le freinage périodique est courant lors des déploiements de voiture de sécurité. « Sur la ligne droite, je me suis retrouvé en train de rattraper la voiture de sécurité. J'ai freiné là où je l'ai fait pour deux raisons. D'abord pour m'assurer de garder un écart avec la voiture de sécurité. Deuxièmement, pour maintenir la température de mes freins et de mes pneus. »
Le pilote britannique a également indiqué qu'il avait regardé dans ses rétroviseurs pour vérifier que Verstappen n'était pas directement derrière lui et n'avait freiné qu'après avoir vu que la Red Bull était sur le côté. Selon les données télémétriques présentées par Mercedes, la pression de freinage appliquée était de 30 psi, considérée comme modérée.
Mercedes a aussi fourni des données télémétriques montrant que Verstappen avait lui-même freiné sur la même ligne droite lors d'autres tours sous voiture de sécurité, démontrant que l'action de Russell n'avait rien d'exceptionnel et que le signalement du dépassement relevait du simple constat factuel et non d'une provocation.
Une attente interminable
L'audition devant les commissaires avait commencé vers 23h50 heure française, mais la décision ne tomba qu'à 3h05 du matin, soit cinq heures et demie après la fin de la course. Il faut dire que les commissaires étaient particulièrement sollicités, avec plusieurs cas de dépassements sous Safety Car impliquant différents pilotes. Ils ont finalement rejeté la protestation de Red Bull, la jugeant « non fondée ». Dans leur décision, ils ont déclaré : « Nous acceptons l'explication du pilote de la voiture 63 concernant l'incident et nous sommes convaincus que le pilote de la voiture 63 n'a pas conduit de manière erratique en freinant où il l'a fait ou dans la mesure où il l'a fait. »
Ils ont ajouté : « Nous ne sommes pas convaincus qu'en signalant simplement à son équipe que la voiture 1 l'avait dépassé, il se soit livré à une conduite antisportive. Bien que la protestation ne l'ait pas alléguée, nous sommes également convaincus qu'en freinant où et quand il l'a fait et dans la mesure où il l'a fait, le pilote de la voiture 63 ne s'est pas livré à une conduite antisportive. »
Tim Malyon, représentant de la FIA, avait expliqué que l'incident avait été observé par l'équipe de contrôle de course et évalué comme ne justifiant pas d'être signalé aux commissaires. Il a précisé que « le freinage périodique sous voiture de sécurité est typique et attendu » et que « le contrôle de course permet toujours un degré de tolérance concernant la règle des 10 longueurs de voiture, reconnaissant qu'il y a un besoin d'un degré raisonnable de freinage et d'accélération. »
Red Bull a dû payer une amende de 2000 euros pour chaque protestation rejetée, soit un total de 4000 euros.
Un précédent à Miami
Cette protestation n'était pas la première tentative de Red Bull contre Russell cette saison. À Miami, l'écurie autrichienne avait déjà essayé de le faire rétrograder pour récupérer la dernière marche du podium. Elle avait accusé le Britannique de ne pas avoir suffisamment ralenti sous drapeaux jaunes. Cette protestation avait également été rejetée, Russell conservant sa troisième place devant Verstappen.
La pression est palpable chez Red Bull. Depuis son accrochage avec Russell au Grand Prix d'Espagne, Verstappen est à un seul point d'une suspension automatique de course. Deux de ses points seront retirés fin juin, après la course en Autriche, mais d'ici là, il doit éviter tout incident.
Les relations entre les deux pilotes restent également tendues. Russell avait suggéré samedi qu'il avait un avantage psychologique sur son rival en raison de cette situation de points de pénalité, provoquant la colère du Néerlandais qui avait qualifié ces commentaires d'« enfantins » lors de la conférence de presse post-qualifications.