Pannes, consignes d’équipe et clashs : 6 faits marquants du Grand Prix d’Autriche
Le Grand Prix d'Autriche occupe une place particulière dans l'histoire de la Formule 1. Depuis son retour au calendrier en 2014, la course est disputée sur le Red Bull Ring, mais son histoire est bien plus ancienne. Voici six faits marquants qui ont façonné ce Grand Prix alpin.

Le Grand Prix d’Autriche est de retour, et avec lui, son lot de souvenirs inoubliables. Cette épreuve a toujours offert des courses spectaculaires et des dénouements imprévisibles, quelle que soit l’époque. Voici six moments qui ont fait de ce Grand Prix une course à part dans l’histoire de la F1.
1. 1975 : La victoire chaotique de Brambilla
Le 17 août 1975, l’Österreichring disparaît sous des trombes d’eau. La course, initialement prévue sur 54 tours, est écourtée à 29 boucles seulement. Dans ces conditions apocalyptiques, Vittorio Brambilla s’impose au volant de sa March 751. L’Italien, surnommé « le Gorille de Monza » pour son style agressif, maîtrise parfaitement le déluge et prend les commandes de la course.
Au moment de franchir la ligne d’arrivée, l’euphorie le gagne. Brambilla lève les bras en signe de victoire, perd immédiatement le contrôle de sa monoplace et percute les barrières. Malgré l’accident, sa victoire est validée. Ce sera la seule de sa carrière en Formule 1.
Cette course restera également marquée par la tragédie. Mark Donohue s’écrase violemment au premier virage après l’éclatement d’un pneu. Le pilote américain succombe à ses blessures le lendemain. Un commissaire de piste perd également la vie, touché par les débris de la Penske.
2. 1982 : 0,050 seconde sépare de Angelis de Rosberg
L’édition 1982 offre l’une des arrivées les plus serrées de l’histoire de la Formule 1. Elio de Angelis, au volant de sa Lotus, devance Keke Rosberg et sa Williams d’à peine 0,050 seconde au terme d’un duel haletant.
Parti septième sur la grille, l’Italien profite des nombreux abandons pour remonter progressivement. Alain Prost semblait filer vers une victoire tranquille quand son moteur turbo Renault explose à quatre tours de l’arrivée. De Angelis hérite du commandement avec Rosberg dans ses rétroviseurs.
Dans le dernier tour, le Finlandais revient comme un boulet de canon. À l’entrée du dernier virage, il tente de doubler par l’intérieur mais manque de quelques mètres. Cette victoire sera la dernière de Lotus sous l’ère Colin Chapman, décédé quelques mois plus tard. De Angelis lui-même périra tragiquement en 1986 lors d’essais privés à Paul Ricard.
3. 1984 : Lauda triomphe à domicile avec une boîte cassée
Niki Lauda avait échoué à six reprises à s’imposer devant son public autrichien. En 1984, il décroche enfin sa première victoire à domicile, mais dans des circonstances rocambolesques. Parti quatrième, l’Autrichien profite de la sortie de piste d’Alain Prost pour prendre la deuxième place. Au 39ème tour, il dépasse Nelson Piquet et file vers la victoire. Mais au tour suivant, un claquement sourd retentit : sa boîte de vitesses McLaren rend l’âme. Seules les troisième et cinquième vitesses fonctionnent encore.
Lauda envisage l’abandon quand la paresse le retient : « C’est trop loin pour rentrer à pied aux stands ». Il découvre alors que sa McLaren roule encore. Derrière, Piquet ne comprend pas pourquoi son rival ralentit. Pensant à une tactique habituelle du « Rat », le Brésilien temporise au lieu d’attaquer. Lauda remporte ainsi sa 23ème victoire en carrière, cruciale dans sa lutte pour le titre face à Prost.
3. 2002 : Ferrari impose ses ordres d’équipe
Le 12 mai 2002, Ferrari commet l’une des plus grosses bourdes de relations publiques de son histoire. Rubens Barrichello domine la course de bout en bout au volant de sa F2002. À huit tours de l’arrivée, la Scuderia lui ordonne de céder la victoire à Michael Schumacher.
Le Brésilien refuse d’abord, puis cède face aux menaces de son équipe. Mais il attend le dernier virage du dernier tour pour lever le pied, permettant à l’Allemand de le dépasser à quelques mètres de la ligne. Le public hue copieusement Schumacher sur le podium. Gêné, ce dernier pousse Barrichello sur la plus haute marche et lui tend le trophée.
Cet épisode provoque un tollé général. La FIA interdit les ordres d’équipe dès 2003, règle qui restera en vigueur jusqu’en 2010. En parallèle, Ferrari est sanctionnée d’une amende d’un million de dollars pour avoir perturbé le protocole de la cérémonie du podium, notamment suite à l’initiative du pilote allemand d’échanger sa position avec celle de son coéquipier.
5. 2014 : Williams retrouve le devant de la scène
Après des années de galère, Williams réalise l’exploit en 2014. Felipe Massa décroche la pole position, sa première depuis 2008, devançant son coéquipier Valtteri Bottas. Ce doublé en qualifications, avec deux voitures en première ligne, était une première pour Williams depuis 2003.
En course, les deux pilotes mènent les quinze premiers tours avant d’être dépassés par les Mercedes. Bottas sauve les meubles en montant sur le podium, le premier de l’équipe depuis l’Espagne 2012. Avec 27 points engrangés ce week-end-là, Williams signe son meilleur score depuis l’instauration du barème actuel en 2010.
Cette performance marquera la renaissance de l’écurie de Grove après une saison 2013 catastrophique où elle n’avait récolté que cinq points.
6. 2016 : Hamilton et Rosberg s’accrochent au dernier tour
Le 3 juillet 2016, la rivalité entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg atteint son paroxysme. Dans l’avant-dernier tour, Hamilton revient sur son coéquipier grâce à des pneus plus tendres. Au deuxième virage du 71ème et dernier tour, le Britannique tente de doubler par l’extérieur.
Rosberg, aux prises avec des problèmes de freins, plonge tard dans le virage. Le contact est inévitable. L’aileron avant de l’Allemand se brise, Hamilton prend la tête et file vers la victoire. Les commissaires infligent dix secondes de pénalité et deux points de permis à Rosberg pour avoir causé l’accrochage.
Cette confrontation sur la piste a parfaitement incarné l’intensité de la lutte qui animait les deux pilotes dans leur quête du titre cette saison-là. Rosberg remportera finalement le titre avant de prendre sa retraite immédiatement après, laissant Hamilton seul maître chez Mercedes.
Course après course, le Grand Prix d’Autriche a bâti sa réputation sur l’effort, la constance et la surprise. En 2025, un nouveau nom viendra s’inscrire dans son histoire. Qui saura saisir l’occasion et laisser son empreinte dans les montagnes autrichiennes ? Rendez-vous à l’arrivée pour le découvrir.