L'abandon du moteur de F1 de Renault va avoir des conséquences sur le prix des moteurs de F2 et F3
F2. Fournisseur exclusif des moteurs de F2 et F3, Mecachrome collaborait depuis plus de 30 ans avec le Groupe Renault sur son moteur de Formule 1. L'arrêt du développement de celui-ci va avoir des conséquences sur l'antichambre de la F1, comme nous l'explique son PDG, Christian Cornille.
Le sport automobile français a connu un tournant ce lundi 30 septembre. Le Groupe Renault a entériné l'arrêt de la conception et de la production de son moteur F1 pour 2026. La fin d'une ère pour le motoriste français, d'un savoir-faire français qui sillonne les circuits de Formule 1 depuis 1977. Bien que retirée du plateau F1 entre 1998 et 2000, en tant qu'équipe et motoriste, la marque au losange continuait d'être présente durant ces trois années de répit, notamment à travers son sous-traitant Mecachrome.
Engagée dans l'aéronautique et la Défense, Mecachrome est également omniprésente dans le sport automobile. Son usine, basée pour ce secteur d'activité à Aubigny-sur-Nère (Cher), développe et assemble des pièces de moteur pour des constructeurs engagés en WEC. Elle est également le lieu du développement des moteurs de Formule 2 et Formule 3, l'entreprise étant fournisseur exclusif de ces compétitions respectivement depuis 2005 et 2013. Enfin, elle collabore depuis plus de trente ans avec Renault, notamment sur l'assemblage de ses moteurs en Formule 1.
Une perte de savoir pour Mecachrome
Outre la fin de la branche dédiée à la Formule 1, si Mecachrome ne trouve pas de nouveaux partenaires, l'entreprise française perd un partenaire exclusif de longue date. « La coopération était tellement proche, tellement intime, qu'elle ne se limitait pas seulement à une prestation. Quand nous avions des difficultés, Alpine était à nos côtés, et inversement quand ils en avaient. C'était un vrai partenariat de très longue date », nous décrit Christian Cornille, PDG de Mecachrome.
Le dirigeant nous confiait d'ailleurs il y a quelques semaines qu'une partie des salariés d'Alpine partage les ateliers de la branche de son entreprise spécialisée dans le sport automobile, basée à Aubigny-sur-Nère. Cela prouve le lien resserré entre les deux entités. Si certains pourraient continuer à sillonner ces locaux pour leurs collaborations en endurance, nul doute que les ateliers destinés au développement des moteurs de monoplace seront quelque peu désertés. Forcément, plus l'entreprise était fréquentée par des ingénieurs, plus son rendement était optimal, bien que tous n'étaient pas directement concernés par le développement et la production des moteurs de Formule 2 et Formule 3.
Un impact budgétaire
Au-delà de la main-d'œuvre, la diversité des activités de Mecachrome lui permettait d'amortir ses dépenses. « Le sport automobile était une activité importante sur laquelle nous amortissions des coûts fixes. C'était une activité dans laquelle nous avions des ateliers qui étaient partagés pour toutes les activités de sport automobile », insiste Christian Cornille. Moins d'activités signifie moins de répartition des dépenses et représente donc une augmentation des budgets alloués aux sections en charge des moteurs de F2 et F3. Mecachrome se prépare donc à un casse-tête entre recherche de partenariats et/ou réajustement des budgets : « La moitié de notre business est partie. Mécaniquement, le coût de nos pièces produites, le coût des moteurs de F2 et F3 va augmenter. Maintenant, il faut que nous rentrions en discussion avec notre partenaire [en charge de ces compétitions] et que nous essayions de voir avec lui s'il existe une piste pour retrouver un équilibre économique d'une manière ou d'une autre. »
Encore dans l'attente d'Alpine
Mecachrome va devoir patienter quelque temps afin de pouvoir intégrer toutes les répercussions résultant de la décision du groupe Renault. « Chaque semaine, nous recevons un peu plus d'informations parce que, du côté d'Alpine, le processus de décision a été relativement rapide et n'a pas donné forcément le temps à leurs équipes de bien savoir ce qu'il en découle », nous informe Christian Cornille.
Le dirigeant est régulièrement approché par ses différents clients qui s'interrogent sur les conséquences à venir. « L'équilibre économique, qui était satisfaisant précédemment, ne l'est plus désormais » et des solutions devront être trouvées pour éviter que l'héritage motoriste français ne disparaisse des championnats de Formule 2 et 3, comme cela va déjà se produire dans la catégorie reine.
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Un nouvel appel d'offre d'un motoriste F2 et F3 ?
Il est donc probable que les contrats avec la Formule 2 et Formule 3 soient réévalués à l'avenir pour permettre à l'entreprise de subvenir à l'augmentation de ses coûts fixes. La conséquence est une possible mise en place par la Formule 2 et Formule 3 d'un nouvel appel d'offre pour les futurs moteurs afin d'obtenir une nouvelle évaluation tarifaire et mise en conséquence.
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