Formule E

Entretien avec Eugenio Franzetti, directeur de DS Performance - 1ère partie

A quelques semaines du lancement de la saison 10 de Formule E, Motors Inside a eu la chance de rencontrer Eugenio Franzetti, directeur de DS Performance, le département compétition de la marque DS Automobiles. Dans cette première partie d’interview qui en comportera deux, le dirigeant italien nous parle de son expérience à la tête d’une équipe de sport automobile, et nous livre les objectifs du seul constructeur français présent en FE pour la saison à venir.

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Eugenio Franzetti dirige DS Performance depuis fin 2022.
© dspenske / Eugenio Franzetti dirige DS Performance depuis fin 2022.

Lire aussi : Entretien avec Eugenio Franzetti, directeur de DS Performance - 2ème partie

Bonjour Eugenio.
Cela fait maintenant un an que vous dirigez DS Performance. Quel bilan dressez-vous de cette première année ?

Le bilan est très positif d’un point de vue professionnel comme d’un point de vue personnel. Professionnel parce que c’est un rêve pour moi de travailler dans le sport automobile. Je suis passionné depuis l’enfance. J’ai d’abord travaillé dans la communication chez Peugeot, en Italie puis à l’international. J’ai ensuite été directeur des ventes Citroën puis directeur de la marque DS en Italie. Une expérience dans le sport automobile était donc une grande opportunité car c’est la passion qui se mêle à la profession.

Professionnellement toujours, j’ai eu la chance de voir le sport automobile de l’intérieur. C’est différent de ce que l’on peut voir depuis l’extérieur. Il y a le côté technique, le côté communication, le côté commercial. Ces trois aspects combinés définissent, selon moi, le monde du sport automobile.

D’un point de vue personnel, avoir cette opportunité d’apprendre encore, après avoir fait de la communication, du marketing et des ventes, c’était très important pour moi. J’ai aussi eu la chance et l’occasion de voir des pays que je n’avais encore jamais visités et de vivre de nouvelles expériences.

Vous avez été Directeur de DS Automobiles en Italie avant de prendre les rênes de DS Performance. Comment manage-t-on une équipe de sport automobile par rapport à une équipe commerciale ?

Il s’agit toujours de compétition. Si tu gagnes, les autres perdent. Je pense qu’entre le commerce et la compétition, il y a vraiment des liens importants. La part de marché, si tu en gagnes, quelqu’un va en perdre. Dans le sport automobile c’est la même chose.

L’esprit compétitif d’une équipe commerciale est le même que dans une équipe de sport automobile. Tu cherches des solutions pour améliorer ta performance, étape par étape, et une fois que tu en trouves, tu vas améliorer ta performance, et lorsque tu as amélioré ta performance, il y a quelqu’un d’autre qui va en perdre.

Dans le commerce, on parle de parts de marché, de commandes, de prises de commandes, et dans le sport automobile c’est plus ou moins la même chose. Nous travaillons avec des indicateurs de performance, nous avons des objectifs mensuels et nous tentons de les améliorer pour obtenir le meilleur résultat possible. Nous travaillons par objectifs exactement comme dans le commerce, et comme le font les ingénieurs avec la performance de la voiture.

Quels enseignements tirez-vous des essais qui se sont déroulés à Valence en octobre, en prévision de la nouvelle saison ?

Cette année, les essais de Valence se sont déroulés très tôt. Ils ont eu lieu la dernière semaine d’octobre alors que la saison 10 va démarrer mi-janvier. Nous sommes partis avec une liste des choses à vérifier et avons réussi à faire les tests que nous souhaitions.

Entre la saison 9 et la saison 10, l’homologation de la voiture est la même donc on ne peut pas changer le hardware. Le hardware constitue l’unité de puissance (moteur, inverter et boîte de vitesses). On ne peut pas travailler dessus mais on peut travailler sur le software. Le software en Formule E est très important car c’est lui qui gère la relation entre l’unité de puissance et la batterie.

C’est aussi grâce au software que l’on va gérer le freinage et donc la récupération de l’énergie au freinage. Nous avons beaucoup travaillé pendant l’été pour arriver à Valence avec des solutions visant à améliorer la performance de la voiture grâce au software.

Les tests ont été un peu compliqués car nous avons eu moins de temps que prévu pour travailler (1). Ce n’est pas utile d’aller à Valence pour aller vite à Valence. Ce n’est pas une course, c’est un test. Nous avons donc travaillé sur une configuration de début de championnat pour les courses de Mexico et Diriyah, les deux premiers rendez-vous de la saison.

DS Penske a terminé 5ème du championnat par équipes lors de la saison 9. Quels sont vos objectifs pour la nouvelle saison ?

L’objectif est clair, c’est de faire mieux que la saison 9. Nous sommes la marque qui a le plus gagné en Formule E. Notre ambition est d’être les plus performants possible, de gagner des courses, de gagner des championnats. C’est normal avec le palmarès que nous avons.

Nous avons connu des moments magnifiques lors de la saison 9 ;une victoire à Hyderabad, une deuxième place à Cape Town, une troisième place à Berlin et une pole position à Sao Paulo. Entre février et mai, nous étions les plus rapides ou parmi les plus rapides. Nous avons aussi rencontré des moments difficiles. En début d’année, nous avons mis plus de temps que d’autres à comprendre comment être performant avec la nouvelle voiture.

Le niveau de la Formule E en saison 9 a été très élevé. Les unités de puissance Porsche et Jaguar ont notamment été très performantes. Je m’attends à nouveau à les voir compétitifs. L’objectif pour nous est donc de faire mieux et d’arriver au minimum sur le podium.

Pour la saison 10, nous avons compris où travailler pour améliorer la performance de la voiture, le freinage, la régénération et les softwares. Nous avons une équipe très performante avec des ingénieurs et des mécaniciens très talentueux. Notre relation avec Penske fonctionne très bien. L’expérience de Penske combinée au savoir-faire de DS Performance dans la production d’unités de puissance donne des résultats très positifs.

Vos deux pilotes, Jean-Eric Vergne et Stoffel Vandoorne, sont engagés en WEC avec Peugeot. N’y a-t-il pas un risque que leur attention se concentre davantage sur une compétition au détriment de l’autre ?

Ce sont des pilotes professionnels donc plus ils font de courses, plus ils sont heureux. Ce double engagement augmente la relation positive qu’il y a déjà avec Stellantis Motorsport (2) et la relation positive qu’il y a entre nos deux pilotes. Ils travaillent très bien ensemble et sont de bons amis.

Avoir deux pilotes qui ont une très bonne relation et qui collaborent bien entre eux est très utile pour le développement de la voiture. Ils ont des approches un peu différentes donc ils nous donnent une vision plus complète, plus riche, sur ce qu’il faut faire sur la voiture.

Il n’y a pas de problème de surcharge de travail. C’est la vie d’un pilote. Entre les courses, il y a aussi le simulateur, le développement de la voiture, les tests. Ils ont l’habitude de passer l’année sur la piste. Pour un pilote, plus il conduit, mieux c’est.

(1)La durée des tests de Valence a été réduite à cause d’un incendie survenu dans un garage lors de la première journée.
(2)DS Automobiles et Peugeot appartiennent tous les deux au groupe automobile Stellantis.

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1 commentaire
  1. Gravatar FranceF1
    FranceF1Le 06/12/2023, 22:49
    Belle interview !
    Répondre
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