F1

Sainz Sr jette l'éponge : Ben Sulayem vers une réélection sans opposition

Carlos Sainz Sr renonce à défier Mohammed Ben Sulayem aux élections présidentielles de la FIA. Le double champion du monde des rallyes évoque ses engagements sportifs et les « circonstances actuelles », comme raison de son abandon. Cette décision laisse le président sortant sans adversaire déclaré à quelques mois du scrutin.

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Carlos Sainz Sr abandonne sa candidature à la FIA
© Overtake / Motors Inside / Carlos Sainz Sr abandonne sa candidature à la FIA

Carlos Sainz Sr a annoncé qu'il renonçait finalement à se présenter contre Mohammed Ben Sulayem lors de l'élection présidentielle de la FIA prévue en décembre 2025. Une décision qui laisse le président sortant sans adversaire déclaré à six mois du scrutin, dans un contexte où les récentes modifications statutaires ont compliqué l'accès à la candidature.

Une renonciation aux motivations multiples

Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, le double champion du monde des rallyes a justifié sa décision par plusieurs facteurs. « J'ai travaillé dur ces derniers mois pour comprendre en profondeur la situation au sein de la FIA ainsi que les exigences et la complexité qu'implique un projet d'une telle importance. Après une réflexion approfondie, je suis arrivé à la conclusion que les circonstances actuelles ne sont pas idéales pour poser les bases de ma candidature », a écrit l'Espagnol de 63 ans.

Sainz Sr évoque également ses engagements sportifs personnels : « J'ai réalisé qu'une candidature sérieuse à la présidence compromettrait considérablement ma préparation pour le Dakar et je ne souhaite pas affaiblir mon engagement envers Ford et mon équipe. » Le pilote reste en effet engagé avec l'écurie américaine pour le prestigieux rallye-raid de janvier 2026.

Mais derrière ces raisons officielles, la référence aux « circonstances actuelles » semble faire allusion aux récentes modifications statutaires adoptées par la FIA. Ces changements, révélés par la BBC dans un document confidentiel, renforcent le contrôle de Ben Sulayem sur le processus électoral et introduisent de nouveaux critères d'éligibilité qui auraient pu compliquer la candidature de Sainz.

Les obstacles statutaires ont-ils découragé Sainz ?

Les nouvelles règles proposées par Ben Sulayem incluent notamment l'exigence qu'il « ne doit rien y avoir dans les antécédents des candidats qui remettent en question leur intégrité professionnelle ». Cette disposition, combinée au code d'éthique de la FIA sur les conflits d'intérêts, aurait théoriquement pu être utilisée contre Sainz en raison de la carrière de son fils Carlos Jr en Formule 1.

Le père du pilote Williams avait pourtant balayé ces inquiétudes dès ses premières déclarations en mai dernier : « J'ai fait mes preuves et les gens me connaissent suffisamment pour savoir que cela ne posera aucun problème », avait-il alors déclaré. Il avait précisé que s'il menait sa candidature à terme, il se désengagerait totalement de la carrière de son fils : « La FIA est une entité très sérieuse, il n'y aura aucun conflit », rappelant que Sainz Jr n'était plus un enfant, qu'il évoluait en F1 depuis dix ans, et que leur relation évoluerait naturellement si cette candidature aboutissait.

De son côté, l'ex-pilote de Ferrari avait soutenu cette position : « Quiconque connaît mon père ou me connaît personnellement sait que nous ne ferions jamais rien qui puisse engendrer un conflit d'intérêts. »

L'avancement du délai de déclaration des candidatures de 21 à 49 jours avant l'élection représentait également une contrainte supplémentaire. Ce nouveau calendrier aurait donné moins de temps aux challengers pour constituer leur équipe complète, tout en offrant plus d'opportunités au comité des nominations, contrôlé par Ben Sulayem, d'examiner les dossiers des candidats et de les rejeter éventuellement.

Ben Sulayem vers une victoire assurée

Cette renonciation laisse Mohammed Ben Sulayem dans une position particulièrement favorable pour obtenir un second mandat. Aucun autre candidat n'a pour l'instant annoncé son intention de se présenter, malgré les controverses qui ont marqué la présidence de l'Émirati depuis son élection en décembre 2021.

Le mandat de Ben Sulayem a été émaillé de plusieurs crises internes. Le départ brutal de Robert Reid, vice-président pour le sport et fidèle lieutenant du président, en avril dernier, avait particulièrement marqué les esprits. Reid avait dénoncé « des décisions prises à huis clos » et une « érosion continue des principes » qu'il pensait défendre.

Plus récemment, Sara Mariani, directrice de la durabilité, diversité et inclusion, a quitté ses fonctions après la suppression de son poste dans une restructuration. Son départ s'est accompagné d'une déclaration cinglante sur l'existence d'« une vie où les femmes en position de leadership peuvent s'épanouir, se sentir valorisées et respectées », phrase qui interroge sur la culture interne de la FIA, notamment vis-à-vis des femmes.

Ce départ fait écho à celui de Natalie Robyn, la première femme à occuper le poste de PDG de l'organisation, qui a également quitté ses fonctions après seulement 18 mois. Bien que sa démission ait été officiellement présentée comme « un accord mutuel », Robyn a ensuite révélé qu'elle avait travaillé dans des « circonstances difficiles » et que des « processus professionnels n'avaient pas été respectés », des déclarations largement interprétées comme une critique de la gouvernance sous la direction du président actuel.

Des soutiens qui se mobilisent

Malgré ces turbulences, Ben Sulayem conserve des appuis solides. Une lettre signée par 36 clubs de course était récemment venue soutenir sa candidature à un second mandat. Ces soutiens régionaux constituent un atout important dans un système électoral où les loyautés géographiques jouent un rôle prépondérant.

La nomination de Malcolm Wilson au poste de vice-président sportif, en remplacement de Reid, témoigne également de la capacité du président sortant à rallier des figures respectées du milieu. Wilson, champion britannique de rallye et patron de M-Sport depuis trente ans, apporte une légitimité indéniable à l'équipe dirigeante.

Le retour surprise de Shaila-Ann Rao au poste de conseillère présidentielle a également interpellé plus d'un. Cette ancienne directrice juridique de la FIA avait pourtant quitté l'organisation dans des circonstances tendues fin 2022, avec des rapports suggérant qu'elle avait accusé Ben Sulayem de comportement inapproprié.

L'espoir d'autres candidatures

Sainz Sr a tenu à préciser que sa renonciation ne signifiait pas un désengagement du sport automobile. « Malgré mon retrait de cette course, ma passion pour servir et diriger dans le monde du sport automobile n'a pas changé et je crois toujours que l'organisation a besoin de changements importants », a-t-il déclaré. Ce qui laisse tout de même entrevoir la possibilité que d'autres figures émergent dans les prochains mois pour contester Ben Sulayem.

L'élection présidentielle se tiendra le 12 décembre prochain à Tachkent en Ouzbékistan, lors de l'Assemblée Générale de la FIA. Sauf surprise de dernière minute, le président actuel pourrait bien être réélu sans opposition, une situation qui renforcerait considérablement sa position à la tête de l'instance dirigeante du sport automobile mondial.

Cette perspective d'une réélection acquise d'avance fait donc peser de lourdes interrogations sur la santé démocratique de la FIA et sa capacité à répondre aux critiques internes qui s'accumulent depuis plusieurs mois. Le retrait de Sainz Sr., seul candidat à même de faire face au président sortant, pourrait bien marquer une étape décisive dans l'évolution de la gouvernance de la fédération.

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