F1. En cette période glaciale d'inter-saison où l'actualité se fond dans la neige, la chronique Retour de volant vous propose de revenir sur un personnage qui a marqué la Formule 1 de son empreinte : le Brésilien Ayrton Senna. Premier volet : Monaco 1984 et la naissance du funambule au casque jaune...
Monaco. Son luxe, ses paillettes, son circuit automobile. Ayrton Senna a le sourire. Cette année, il porte la combinaison d'un pilote de Formule 1. Un rêve se réalise, l'ambition de toute une vie prend forme. A seulement 24 ans, que de chemin parcouru ! Surtout ces cinq dernières années entre l'exil en Grande-Bretagne, à des milliers de kilomètres de son Brésil natal, la « saudade » de vivre sans sa famille et ses amis, l'apprentissage de la langue anglaise... Alors il n'est pas là pour enfiler les perles. Il a déjà des objectifs très élevés. Arriver en F1 n'est pas une fin en soi, c'est une première étape vers la couronne de champion du monde. Celle qui récompense la crème de la crème. Son but ultime.
Ses pensées s'évaporent alors qu'il végète quelques minutes dans sa Toleman. Les essais du Grand Prix de Monaco se profilent. Le soleil chauffe le bitume. Les jolies filles sont légion. Pas de quoi perturber Ayrton, pas pour le moment du moins. Liliane, son ex-femme, peut en témoigner. Entre la rugosité du tarmac et la douceur de sa peau, c'est la course qui a remporté le dernier mot. Une histoire d'amour qui sera jonchée de joies, de peines, d'exploits et de drames.
1984 a bien commencé. Deux places de sixième et deux points marqués en Belgique et en Afrique du Sud, sa rétive Toleman-Hart pouvait difficilement faire mieux. Senna a très vite été confronté à la réalité physique de la F1. C'est épuisé qu'il a terminé le Grand Prix d'Afrique du Sud, à la limite de l'évanouissement. La perte de son capot avant a rendu la voiture très lourde à piloter. Mais il devait aller au bout. Pas seulement pour marquer un point, mais aussi pour tous ceux qui ont travaillé pendant des jours sur sa voiture.
<h2>Une comète blanche dans le ciel orageux</h2>
Lors des qualifications monégasques, Senna réalise un tour correct. Treizième sur la grille, ce n'est pas trop mal. Surtout sur un circuit qu'il découvre, particulièrement étroit et sinueux. « Dès les premiers tours, j’ai eu la chance de m’habituer assez rapidement, » juge-t-il, sûr de lui-même. Mais il sait qu'il va lui falloir un peu de chance s'il veut marquer des points pendant la course. Des trombes d'eau s'abattent sur Monaco le jour J. Au départ du Grand Prix, les voitures s'extraient difficilement de leur position sur la grille. La visibilité est quasi-nulle. Ayrton tire profit du faible potentiel de sa Toleman du mieux qu'il peut. A la fin du premier tour, il est déjà remonté à la neuvième position.
Il y a de quoi se poser des questions, quand on sait que les gens qui mettent cet espace à disposition le font bénévolement, c'est quand même surprenant de constater par la suite que leur travail est supérieur à celui des journalistes sportifs de nombreux sites sportifs attitrés. Comme quoi être professionnel ne veut pas forcément dire avoir un surplus de légitimité.
Non, Prost avait plus d'intérêt à terminer 2ème et engranger les 6 points que de profiter de l'arrêt prématuré de la course pour s'imposer et ne récupérer que 4.5 points (=9/2, une victoire valait 9 points à l'époque).
Rappelons que cette année là, Lauda avait remporté le titre pour 0.5 points d'avance sur Alain. Prendre 6 points au lieu de 4.5 points aurait été salutaire à Prost.