Exclusif - interview croisée : Buemi, d'Ambrosio et Vandoorne, une vie après la F1 !

Formule E. Sur les 22 pilotes engagés à Monaco, 8 ont pris au moins un départ d’un Grand Prix de Formule 1. Parmi eux, Sébastien Buemi, Jérôme d’Ambrosio et Stoffel Vandoorne : nous les avons rencontré à tour de rôle lors de l'ePrix de Paris, disputé il y a deux semaines.

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Un sacré trio de pilotes de Formule E a répondu à nos questions !
© Alexandre Lepère / Motors Inside / Un sacré trio de pilotes de Formule E a répondu à nos questions !

Sébastien Buemi, Jérôme d’Ambrosio, Lucas di Grassi, André Lotterer, Felipe Massa, Stoffel Vandoorne, Jean-Eric Vergne, Pascal Wehrlein. Une jolie liste de huit pilotes, avec tous un point commun : avoir troqué une Formule 1, pour une monoplace 100% électrique. Si Massa émerge au dessus des autres de par son pedigree, avec son titre honorifique de vice champion du monde 2008 et ses 11 victoires dans la discipline reine, les autres pilotes n’ont quand même pas à rougir : quatre d’entre eux ont marqué des points en F1, à savoir Buemi, Vandoorne, Vergne et Wehrlein.

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Pilotes respectivement pour Nissan e.dams et HWA Racelab en Formula E, Buemi (51 ePrix disputés, 12 victoires, 1 titre de champion des pilotes en 2015-2016) et Vandoorne (8 ePrix, 1 seul podium... pour 5 abandons) ont réagi à notre micro dans la pit-lane de l’ePrix de Paris, au même titre que Jérôme d’Ambrosio (53 ePrix, 3 victoires), qui évolue au sein du Mahindra Racing.

Jérôme, vous êtes l’un des quatre pilotes à avoir participé à toutes les courses de la discipline… c’est désormais votre cinquième saison. Est-ce qu’il y a plus de motivation qu’avant ?

Jérôme d'Ambrosio, JDA : « Clairement ! Le championnat est encore assez jeune, il continue d’évoluer. Et pour la première fois depuis quatre ans, je me bats pour la tête du classement, donc oui la motivation est là ! »

Sébastien, si on excepte les deux ePrix à New York en juillet 2017, vous avez aussi participé à toutes les courses de la discipline...

Sébastien Buemi, SB : « J’adore ce que je fais ici ! Je me considère comme chanceux de participer à ce championnat. Ça fait longtemps que je n’ai pas gagné donc je suis même encore plus motivé ! Quand on voit le nom des pilotes ici, il y a du très lourd, certains se sont imposé sur un Grand Prix de F1 ou aux 24h du Mans.... Je considère donc que c’est bien d’être là. »

Sébastien Buemi : « je pense que c’est le seul championnat où les pilotes sont choisis par rapport à leurs qualités sportives, et non pas par rapport à d’autres aspects, comme le budget apporté. »

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Stoffel, votre arrivée en Formule E est toute récente... Par rapport à la Formule 1, y-a-t-il toujours la même motivation avant un week-end de course ?

Stoffel Vandoorne, SV : « Jusque là ça me va très bien, je m’amuse, le championnat est très sympa et “challenging”. Quand on voit le palmarès de tous ces pilotes, on peut dire que tout le monde mériterait sa place en F1, ou au moins avoir une chance ! »

Jérôme et Sébastien, en tant que “vétéran” dans cette discipline... comment voyez-vous l’évolution du pilotage à travers les saisons ?

JDA : « Même si elle est plus lourde, il y a beaucoup moins d’appuis sur une Formule E que sur une F1… Ce n’est pas une voiture facile à conduire sur un tour en mode qualifs : le risque est maximum, l’erreur coûte cher, on ne peut pas piloter à 100%. Pour moi, la Formule E est la voiture que j’ai eu le plus de mal à maîtriser dans ma carrière ! »

SB : « Les voitures sont plus puissantes et plus rapides, d’année en année. Mais plus elles s'améliorent, plus elles sont dures à piloter ! On se fait peur parfois, surtout avec le manque d’adhérence. 250 kilowatts, c’est déjà puissant ! On commence à arriver à un point où il faudrait rajouter plus d’adhérence que de puissance.  »

Stoffel, par rapport à une F1 actuelle, est-ce que c’est facile de s’adapter à cette monoplace Gen 2 ?

SV : « La façon de piloter est différente, notamment par rapport au freinage. Il y a plus de systèmes électriques à gérer. En F1, on a plus de temps pour se concentrer sur la stratégie et la performance pure. »

Et à quel moment se fait-on vraiment plaisir au volant d’une Formule E ?

SB : « Je dirais que c’est identique entre les qualifications et la course. Mais le problème des qualifications, c’est que c’est très stressant, vu que tout se joue en un seul tour.  »

JDA : « Pour moi, on se fait plus plaisir en course ! Pour les sensations en qualifications, il y a la F1 avec des circuits comme Suzuka. Par contre, la FE est la voiture la plus sympa au niveau de la course, on peut vraiment dépasser, même sur ces circuits urbains si resserrés. »

SV : «  J’aime bien les qualifications : c’est gratifiant de terminer un tour sans faire d’erreur, surtout avec ces 250 kilowatts à bord de la voiture ! Mais j'aime aussi la course !

Stoffel Vandoorne : « La course est sympathique, avec la gestion de l’énergie et toutes ces voitures qui roulent très proches. Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps ! »

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Est ce qu'il y a une chose qui fait que la Formule E est plus difficile que la F1 ?

JDA : « La Formule E est beaucoup plus intense en terme de compétitivité : il y a tellement de pilotes qui peuvent gagner que si tu as un mauvais jour, tu le paies cher ! Il faut vraiment faire les bons choix au bon moment »

SV : « Le fait que tout se passe en une journée : toute la préparation est primordiale. Une journée de Formule E est souvent plus usante qu’une journée d’essais en Formule 1 : le samedi en FE, on se lève le matin à 5h30 pour venir au circuit ! Quand on est mal préparé, on perd énormément de temps et on ne peut pas rattraper le temps perdu ensuite... La journée est très longue. Quand ça se termine, on a généralement qu’une seule envie : aller dormir ! »

SB : « La Formule E est drainante : tout se passe la même journée et le niveau de stress est très élevé. Dés que vous faites une erreur, vous perdez beaucoup de places. Prenez les qualifications : en F1, il y a plus de tours, donc on peut facilement se refaire. »

Sébastien Buemi : « Si vous perdez deux dixièmes avec une Mercedes sur un tour qualif', vous serez quatrième dans le pire des cas. Ici en Formule E, si vous lâchez deux dixièmes, vous pouvez être quinzième ! »

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Sam Bird dit de la Formule E que c'est une discipline plus fun que la Formule 1 : vous partagez son sentiment ? Est-ce que la Formule E est vraiment de plus en plus attractive pour un pilote ?

JDA : « J’ai toujours pris beaucoup de plaisir en Formule E. C’est cool parce qu’on est au coeur des villes : il y a un enthousiasme, d’autant que l’on touche les gens avec des valeurs de notre temps, dont le développement durable.  »

SV : « Oui c’est beaucoup plus relax : les pilotes se parlent beaucoup plus !  En F1, tout est plus séparé. Ici, on va vraiment vers les fans dans les villes : tout le monde peut s’approcher des voitures ! »

SB : « Ce qui est fun pour moi, c’est que tout le monde peut gagner une course ou presque ! »

Vous continuez de regarder les courses de Formule 1 ?

SB : « Bien sûr, je fais d’ailleurs encore du simulateur pour Red Bull, donc je suis bien au point ! J’en fais 20 à 30 jours dans l’année. »

SV : « Oui, j’ai toujours un rôle avec Mercedes en tant que pilote pour le simulateur. Je passe donc du temps à Brackley à l’usine. Donc forcément je suis les courses ! »

JDA : « Evidemment ! Je suis avant tout un fan de sport automobile : je regarde la Formule 1 mais aussi les courses d’Indycar, de DTM, de Moto GP ! Chaque catégorie a son charme mais la Formule 1 restera toujours un championnat incroyable, avec la plus grande histoire du sport automobile.  »

Quel message donneriez-vous à Lewis Hamilton, qui a récemment affirmé " qu’il pourrait terminer sa carrière en Formule E " ?

SB : « Qu’il vienne essayer ! Si il viendrait, c’est sûr que ce serait un gros plus pour la discipline ! Après je ne le vois pas arrêter la F1 tout de suite pour venir en FE…. »

SV : « Il faut avoir l’esprit ouvert ! On sait que la technologie en est encore à ses débuts, il y a une marge de progression énorme : la Formule E va encore bien évoluer dans le futur. »

JDA : « Il faut qu'il sache que les opinions en FE évoluent très vite dans le bon sens : peut-être que ce sera aussi le cas de Lewis si il vient en Formule E ! »

Jérôme d'Ambrosio : « Je repense à André (ndlr : Lotterer) qui est arrivé un peu sur la pointe des pieds en Formule E… et puis il a fait les tests, la première course, et ça s’est bien passé. Finalement il prend beaucoup de plaisir depuis !  »

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Propos recueillis le jeudi 25 avril, à l'occasion de l'ePrix de Paris. Pour la présentation de l'ePrix de Monaco, disputé ce samedi, rendez-vous sur cet article !

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